Sept ans d'instabilité politique en Polynésie française


PAPEETE, 2 mars 2011 (AFP) - Six ministres démis de leurs fonctions, un président qui gouverne sans majorité : sept ans après la victoire de l’indépendantiste Oscar Temaru contre son rival autonomiste Gaston Flosse, en 2004, la Polynésie française est toujours en proie à l’instabilité politique.

Depuis cette victoire surprise, le 23 mai 2004, douze gouvernements, en incluant les remaniements ministériels, se sont succédé, le plus souvent au gré des changements d’alliances à l’assemblée.

Dans cette collectivité d’outre-mer autonome, les électeurs votent pour leurs représentants à l’Assemblée, qui choisissent ensuite le président du gouvernement.

En sept ans, Oscar Temaru a été président quatre fois, Gaston Flosse deux fois, et l’actuel président, Gaston Tong Sang, a dirigé trois gouvernements. Il est au pouvoir depuis novembre 2009, un record de longévité depuis 2004.

Pourtant, Gaston Tong Sang, qui a démis de leurs fonctions lundi soir six ministres refusant de contresigner son budget, gouverne sans majorité depuis plusieurs mois. Il ne contrôle plus que 9 sièges sur 57 à l’assemblée. Mais l’opposition ne parvient pas à le renverser, faute de s’entendre sur le nom de son remplaçant.

La disparition progressive du clivage autonomistes/indépendantistes, et la fin de la toute-puissance de Gaston Flosse, qui a dominé la vie politique pendant deux décennies, ont brouillé les cartes. De nombreux cadres de son parti l’ont quitté pour créer de nouvelles forces politiques. Les principaux leaders autonomistes, dont l’actuel président Gaston Tong Sang ou les députés Michel Buillard et Bruno Sandras, sont tous issus de son parti.

En 2007, le secrétaire d’Etat chargé de l’outre-mer Christian Estrosi propose une loi visant à "rétablir la stabilité politique de la Polynésie". C’est un échec : le retour aux urnes, en février 2008, ne permet à aucun leader de dégager une majorité absolue. La présidence est même obtenue par Gaston Flosse, pourtant grand perdant des élections, grâce à une alliance avec Oscar Temaru. Son gouvernement ne durera que deux mois.

L’actuelle ministre de l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard, prépare aussi une réforme de la loi électorale. Une prime majoritaire profitant à la liste arrivée en tête sur l’ensemble des cinq archipels de la collectivité, pourrait permettre de dégager une majorité plus forte. Son projet vient d’être soumis à l’Elysée.

L’instabilité politique a accentué la grave crise que traverse la Polynésie depuis trois ans. Très dépendante des importations, elle a été durement frappée par la crise mondiale. Ses principaux moteurs économiques, le tourisme, la pêche et la perle noire, sont tous en difficulté. Ce qui lui a valu une dégradation continue de sa note par l’agence de notation Standard and Poor's.

Mardi, le président Tong Sang a publié au Journal Officiel de la Polynésie le budget voté contre l’avis de l’assemblée locale et à l'origine du clash avec les ministres démis. Il a ensuite appelé l'assemblée à conclure "un pacte de stabilité" jusqu'aux élections territoriales de 2013.


Rédigé par Par Mike LEYRAL le Mercredi 2 Mars 2011 à 05:03 | Lu 2797 fois