Sept Polynésiens marins-pompiers à Marseille


Tahiti, le 3 novembre 2022 – Le bataillon de marins-pompiers de Marseille, unité de la marine nationale, rassemble une petite communauté de Polynésiens. Ils nous présentent leurs postes et leurs missions au sein de ce bataillon.
 

​Second-maître Raihana 29 ans, née à Papeete

“Le sud de la France m’attirait tout particulièrement”
 
“J’ai intégré la marine nationale en 2019, à l'école de Maistrance de Brest, puis l'école de Fourriers à Cherbourg pour la formation en spécialité GESTRH.
 
Je me suis engagée dans la marine nationale car j'aime l’aventure et parce que je souhaite découvrir de nouveaux horizons. J’ai choisi Marseille car le sud de la France m’attirait tout particulièrement.
 
Le bataillon de marins-pompiers de Marseille est ma première unité opérationnelle et ma première affectation au sein de l’institution. Ce qui m'a marquée et touchée au sein de cette unité atypique, c'est l'organisation et cette réactivité autour de chaque événements (Covid, la guerre en Ukraine…). Il y a une solidarité entre le personnel opérationnel et ceux qui sont au soutien. L'un comme l'autre a une place importante.”
 

​MOT Tracy 30 ans, née à Papeete

“J’ai été agréablement surprise de retrouver autant de Polynésiens”

“Je suis secrétaire du bureau des stages en charge des stages de découverte des classes de 3e et en charge des sapeurs-pompiers volontaires au sein du BMPM. Je me suis engagée très tard dans la marine nationale. Je suis entrée le 29 août 2021 à l'âge de 29 ans en tant que QMF4 (équipage de la flotte) en spécialité “MO bureau” dans le jargon militaire et “assistante administrative” dans le jargon civil.

J'étais entourée de jeunes en moyenne entre 18 et 25 ans, et à mon âge, je sors 26e sur 74 de la formation militaire avec 15 de moyenne et 9e sur 24 en formation métier avec 15 de moyenne. J’avoue, je suis fière de moi, car étant plus jeune, à l'école, je n'avais jamais cette moyenne-là (rires).
 
J'ai choisi de rejoindre la marine car j'avais besoin de voir d’autres horizons. J'avais envie de voyager et de gagner correctement ma vie. De plus, il faut admettre que la retraite au bout de 20 ans de service, c’est un avantage assez attractif.
 
Une petite anecdote au BMPM : J’ai été agréablement surprise de retrouver autant de Polynésiens au sein des services de l’état-major. D’ailleurs, j’ai rencontré une superbe Tahitienne, Raihana, avec qui j’ai eu l’occasion de parler en tahitien. Ce qui était drôle car pour le coup, je ne m’imaginais pas parler la langue de mon île natale ici au bataillon, au sein d’une unité militaire.”
 

​Maître Vaiana 33 ans

“Nous sommes loin de notre fenua”
 
“À partir du 14 octobre 2013, j'ai suivi le cursus pour devenir sous-officier de la marine nationale à l'école de Maistrance.
 
À l'obtention de mon brevet d'aptitude technique de GESTRH (Gestionnaire des ressources humaines), j'ai rejoint la DPMM (Direction du personnel militaire de la marine) à Paris au bureau cours et stage en tant qu'adjointe au chef de section. Une année plus tard, la DPMM a déménagé à Tours et a changé d'organisation. Je me suis donc retrouvée dans une nouvelle région avec de nouvelles fonctions.
 
En 2016, j'embarque sur la frégate anti sous-marine Jean de Vienne sur laquelle je suis adjointe au chef du bureau d'administration des ressources humaines. Cette affectation a certainement été la plus enrichissante tant sur le plan professionnel que personnel. J'y ai énormément appris et eu l'occasion de mettre les pieds dans des pays que je n'aurais sûrement pas visité dans le civil (Jordanie, Israël, Chypre, Italie, Djibouti). Être affectée sur un bateau permet également de côtoyer d'autres spécialités et de mieux appréhender les contraintes liées à l'embarquement (programme d'activités, absences, contraintes informatiques, logistiques, etc.)
 
Après le Jean de Vienne, j'ai embarqué sur le chasseur de mines Capricorne sur lequel j'ai également pu faire plusieurs escales dans des pays tels que la Slovénie, la Roumanie, la Croatie, l'Ukraine et la Grèce. Une expérience différente puisque plus le bateau est petit, plus il nécessite une polyvalence à bord. Durant mon affectation sur le Capricorne, j'ai été sélectionnée au brevet supérieur.
 
Ce brevet me permet aujourd'hui d'occuper des fonctions de chef de section au bataillon de marins-pompiers de Marseille et de continuer à évoluer dans ma carrière. Je gère une équipe de quatre personnes et ensemble, nous sommes en charge d'une partie de la mise en paiement des indemnités de la solde et de la gestion administrative en cas de mutation. Après le bataillon, je souhaiterais de nouveau embarquer.
 
Si je devais donner un conseil aux jeunes Polynésiens qui souhaitent s'engager, ce serait de bien réfléchir avant. Il faut être conscient que ce métier offre un épanouissement professionnel mais au prix de tous les moments en famille. Nous sommes loin de notre fenua. Nous ne pouvons pas prendre le train tous les jours pour aller voir nos familles. Si malgré ça, vous vous sentez prêt, alors foncez !”
 

​Second-maître Emma 25 ans

“Découvrir de nouveaux horizons et fuir la routine”
 
“J’ai 25 ans et je suis originaire des îles de Wallis et Futuna. J’ai quitté Wallis à 18 ans pour rejoindre la marine nationale en Nouvelle-Calédonie, c’était le 10 février 2016. L'absence sur le territoire de filières d'études supérieures et le manque d’emploi engendrent de nombreux départs des jeunes de nos îles.

Pourquoi l’armée ? Parce que j'ai toujours aimé le côté “énergique”, découvrir de nouveaux horizons, fuir la routine et aussi pour les nombreuses possibilités de carrière. Et pourquoi la marine ? Parce qu'elle propose des postes à terre, comme des postes embarqués par les biais desquels nous avons l'occasion de voyager à travers le monde.

J’ai commencé mon parcours avec un contrat de volontariat à la base navale de Nouméa, j’ai pu naviguer sur le bâtiment multi-missions D’Entrecasteaux et la frégate de surveillance le Vendémiaire.

Je suis arrivée en France le 11 janvier 2019, engagée comme militaire du rang suivi d'une mutation au service Soutien logistique de la marine à Brest. Le 6 décembre 2021, j’ai intégré la formation des sous-officiers dans la spécialité comptable logisticien à l'école des Fourriers de Querqueville, par la suite une nouvelle mutation pour trois ans, l'état-major de marins-pompiers de Marseille au bureau Budget.”
 

​Second-maître Gaëlle 35 ans

“J'ai compris l’importance de soutenir les actifs sur le terrain opérationnel”
 
“Je suis née à Brest et suis originaire de Polynésie où est née ma défunte mère. Je me suis engagée en tant que QMF (quartier-maitre de la flotte) et ai débuté ma carrière à Paris à la direction du personnel militaire de la marine (DPMM), puis au service de recrutement de la marine. J’ai poursuivi mon chemin à Marseille, d’où est originaire mon époux, fait un détour au centre d’expertise des ressources humaines à Toulon pour finalement revenir au bataillon de marins-pompiers de Marseille en tant que BS (brevet supérieur) pour la plus grande fierté de mon beau-père marin-pompier retraité.
 
J’ai quitté la Polynésie et rejoint la marine le 11 janvier 2011. J’ai fait ce choix car mon père était marin et que je souhaitais voyager. J’ai rejoint le BMPM car s’y trouve l’un des plus grands BARH (bureaux d’administration des ressources humaines) de proximité de la marine.

L’événement qui m’a particulièrement marquée, il y a 7 ans, est ce jour où lors d’une sortie cohésion, je me suis lancée dans le vide par tyrolienne sans être parfaitement équipée. Obligée de revenir sur le câble par la force des bras et sur quelques mètres, un très jeune matelot marin-pompier était près de moi, rassurant et bienveillant, pour que je sois certaine de trouver le courage de ne pas céder à la panique et de revenir en toute sécurité. À peine arrivée au BMPM, j'ai compris l’importance de soutenir (par mon métier de gestionnaire des ressources humaines), les administrés actifs sur le terrain opérationnel.”
 

​Lieutenant de vaisseau Herenui Liu 33 ans

“J’ai axé mon choix de mutation sur des postes à responsabilités”
 
“Je me suis engagée au sein de l'institution en mai 2017. J'avais postulé en externe sur le poste de directrice déléguée du service des approvisionnements et loisirs du cercle mixte de la condition du personnel de Brest-Lorient. Quatre ans après, j'ai eu l'opportunité de vivre une mission de cinq mois au sein de la direction du commissariat d’outre-mer de Djibouti, où j'ai occupé le poste de directrice adjointe de la division conduite du soutien. Depuis, j'ai occupé, un an, le poste de directrice du cercle mixte Éric Blanc et à présent, je suis la cheffe du service alimentation du bataillon de marins-pompiers de Marseille.
Lors du renouvellement de mon deuxième contrat en 2019, j’ai axé mon choix de mutation sur des postes à responsabilités et non sur une unité militaire en particulier. Le poste de directrice de cercle mixte me permettait d'évoluer de manière cohérente. Par la suite, j'ai découvert une belle unité opérationnelle et atypique et j'ai obtenu une très belle opportunité professionnelle, à savoir la promotion sur le poste de cheffe du service alimentation, où je gère 21 points de restauration et 45 personnels civils et militaires. 

La mission qui m'a le plus marquée au sein du BMPM concerne la préparation opérationnelle et logistique des militaires au soutien de l'armée ukrainienne.”
 

​Second-maître Jonathan 35 ans

“Je viens tout juste d’embarquer”
 

“Je me suis engagé le 7 septembre 2010 au sein de la marine nationale. J’ai débuté mes cours de cuisine à l’école des fourriers de Querqueville. Par la suite j’ai embarqué en Polynésie française sur un ravitailleur remorqueur P400 le Revi. Cette aventure embarquée a été suivie par des affectations sur une frégate antiaérienne, le Jean Bart et un BPC le Mistral.
 
Après ces expériences embarquées, j’ai décidé de travailler à terre au sein du restaurant la Frégate situé sur la base de défense de Toulon (1 000 couverts par jour).
 
J’ai choisi d’être affecté au sein du BMPM afin de retrouver une unité opérationnelle à terre. Je n’ai pas encore d’anecdote à raconter sur le bataillon car je viens tout juste d’embarquer.”
 

le Jeudi 3 Novembre 2022 à 20:46 | Lu 3170 fois