Tahiti Infos

Sécurité routière : "Il faut terroriser les terroristes de la route", admet Nino Bonis


"le travail de prévention, en amont sur une grande partie de la population, ça fonctionne : on a des résultats", affirme Nino Bonis, président de la Prévention routière.
"le travail de prévention, en amont sur une grande partie de la population, ça fonctionne : on a des résultats", affirme Nino Bonis, président de la Prévention routière.
Entretien avec le président de l’association de la Prévention routière. L’opinion publique est choquée par l’horreur des deux accidents routiers survenus coup sur coup, en début de semaine, et ayant provoqué la mort de deux adolescents de 11 ans. Les autorités annoncent une réflexion et des actes forts pour agir sur le phénomène de l’insécurité routière. Nino Bonis, président de la Prévention routière de Polynésie française, déplore la diminution des moyens alloués par le Pays et l’Etat, à l’action d’information de son association. Mais il admet aussi qu'"il y a des gens sur lesquels la prévention n’a pas prise. Eux il faut les contraindre !", déclare-t-il en suggérant à l’autorité publique de renforcer sa stratégie de la main de fer dans un gant de velours.

Une réflexion est engagée par les autorités sur la question de l’insécurité sur les routes, quelles sont les propositions de l’association pour la Prévention routière ?

Nino Bonis : Nous faisons parti du comité de la Sécurité routière. Ce que je souhaiterais, c’est arriver à détacher mes propos des deux drames qui viennent de se produire. On est dans un phénomène d’émotions fortes : luter contre l’insécurité routière ce n’est pas seulement agir à chaud ; c’est prendre du recul pour mieux analyser. Les causes de ces accidents, on les connait : l’alcoolémie, le paka, l’inattention. Elles sont symptomatiques du comportement humain. C’est le comportement humain qu’il faut changer. Une minorité de citoyens du Pays refusent la règle. Partant de là on en arrive à des drames épouvantables comme ceux-là. Pour travailler sur ces gens-là ce n’est pas facile, parce que je crains qu’il n’y ait que la répression qui fonctionne. Mais le travail de prévention, en amont sur une grande partie de la population, ça fonctionne : on a des résultats, c’est évalué. Mais il y a des gens sur lesquels la prévention n’a pas prise. Eux il faut les contraindre !

Concernant l’organisation des transports scolaires, la signalétique sur les routes… La réalité du réseau routier, pensez-vous que l’on peut améliorer ?

Nino Bonis : Si c’est pour me faire dire qu’au niveau de l’environnement routier ça pourrait être mieux : oui ! Le comportement des usagers de la route peut-il être amélioré ? Oui ! Les réseaux routiers s’améliorent au fil du temps. On peut toujours mieux faire… Mais quand le réseau n’est pas bon, on le sait : on ralentit, on s’adapte. Et là, on est dans le comportement. C’est le comportement qu’il faut changer. La frange marginale de la population qui est incivique ne représente qu’une minorité de la population qui circule. Globalement, tout va bien. Il faut donc travailler sur la masse pour faire évoluer le comportement. C’est ce qu’on fait à la Prévention routière. Pour les irréductibles qui n’entende rien, il n’y a que la sanction qui fonctionne. Il faut terroriser les terroristes de la route !

Quelle est la marge d’évolution de votre action d’information et de prévention ?

Nino Bonis : Vous n’ignorez pas que l’argent est le nerf de la guerre. Si on avait la manne financière suffisante, nous ferions passer des spots tous les jours, adaptés à la problématique du moment. Si on avait les moyens nous embaucherions plus de formateurs, nous interviendrions plus dans les établissements scolaires. Aujourd’hui on touche le public scolaire de tous les établissements de Tahiti et Moorea. Globalement, on sensibilise 8 à 9 000 élèves par an et environ 3 000 adultes suite à des infractions en contravention ou délit, lors de stages de 5 heures : on travaille à la base, sur l’éducation. C’est notre métier. La prévention, c’est œuvrer au changement du comportement. C’est une action de longue haleine, on travaille sur le long terme : l’insécurité routière est un problème de société ; agir dessus c’est luter contre les comportements qui en sont à l’origine par de l’information et de la répression.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 10 Octobre 2013 à 10:16 | Lu 1594 fois