Secours aux sinistrés de Fidji et de Samoa : Canberra et Wellington marquent leur présence régionale


Un avion militaire C-17A de l’armée de l’air australienne a atterri mercredi à Nadi pour livrer les premières tonnes de l’aide australienne aux sinistrés du cyclone Evan (Source photo : ministère fidjien de l’information)
SUVA, mercredi 19 décembre 2012 (Flash d’Océanie) – Deux jours après le passage destructeur à Fidji du cyclone tropical Evan, les gouvernements australien et néo-zélandais ont annoncé, mardi et mercredi, quasi-simultanément, le déblocage de paquets d’aide d’urgence en faveur des sinistrés.
Mardi, Bob Carr, ministre australien des affaires étrangères, annonçait une hausse de l’aide d’urgence australienne en faveur de Fidji et de Samoa, à hauteur d’un million de ses dollars, pour chacun des pays sinistrés.
L’aide australienne se matérialise par un paquet financier (pour financer la reconstitution des stocks prépositionnés et mobilisés par les ONG locales), ainsi que l’envoi sur place d’experts censés épauler les équipes qui mènent actuellement des travaux d’évaluation des dégâts.
Des conteneurs, bâches, kits d’hygiène et autres matériels d’urgence sont aussi arrivés mercredi en fin d’après-midi (GMT+13) sur le tarmac de l’aéroport international de Nadi, à bord d’un avion militaire C-17A de l’armée de l’air australienne.
L’appareil avait décollé en milieu de journée de la base militaire aérienne d’Amberley (Queensland), avec à son bord 700 bâches, 200 kits d’abris, 1.500 conteneurs d’eau, 3.000 couvertures et 750 kits d’hygiène (comprenant brosses à dents, dentifrice, savon, kits sanitaires et lessives), ont précisé mercredi les ministres australiens de la défense, Stephen Smith, et des affaires étrangères, Bob Carr.
Un avion Hercule C-130 doit décoller jeudi pour Samoa, avec à son bord des bâches, des couvertures, des conteneurs d’eau et des tablettes de potabilisation, pour subvenir aux besoins d’urgence de quelque quatre mille familles.

Mercredi aussi, c’est de Wellington qu’est venue une autre annonce, de la part du ministre néo-zélandais des affaires étrangères, Murray McCully.
Le chef de la diplomatie a ainsi annoncé une rallonge significative, par rapport aux annonces initiales, en fin de semaine dernière (600.000 dollars néo-zélandais pour Samoa et 400.000 dollars pour Fidji).
Désormais, Wellington consacrera deux millions de ses dollars pour chacun des deux pays sinistrés « pour s’assurer qu’il n’existera pas de contraintes au niveau des ressources au cours des jours à venir ».
Par ailleurs, un avion militaire Orion P3, qui était mobilisé sur Samoa pour effectuer une première évaluation aérienne des dégâts, s’est maintenant déplacé vers Fidji pour y effectuer le même genre de mission, a précisé le ministre.

L’aide ostensible de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande aux sinistrés fidjiens, cette semaine, intervient dans un climat ostensible de réchauffement entre ces deux pays et Fidji, après près de six années de tensions post-putsch (mené en décembre 2006 par le Contre-amiral Franck Bainimarama, qui dirige depuis le gouvernement de cet archipel et promet des élections pour le dernier trimestre 2014).
Samedi 15 décembre 2012, Canberra annonçait la nomination d’un chef de mission à Suva, pour la première fois depuis 2009 et après l’expulsion du précédent titulaire de ce poste.
Wellington devrait faire de même début janvier 2013.
Les ministres australien, néo-zélandais et fidjien des affaires étrangères Bob Carr, Murray McCully et Ratu Inoke Kubuabola, ont entamé, depuis juillet 2012, une série de réunions « tripartites » qui ont déjà débouché sur la volonté de normaliser les relations, notamment par les nominations de chefs de missions australiens et néo-zélandais à Suva et, dans l’autre sens, de chefs de missions fidjiennes à Canberra et à Wellington.

Mardi, le gouvernement fidjien déclarait un état de catastrophe naturelle qui restera en vigueur pour une période initiale de deux semaines.
Les ONG et organisations internationales se sont aussi mobilisées depuis le passage d’Evan : la Croix Rouge locale ou encore Caritas (via l’Australie), qui lance un appel à la solidarité internationale,
Une autre ONG, Habitat for Humanity, a elle aussi lancé un appel pour Fidji et Samoa.
Au plan sanitaire, dans des conditions caractérisées par la présence d’énormes quantités d’eaux stagnantes (dues aux pluies torrentielles et à des inondations localisées), l’Organisation Mondiale de la Santé et le Fonds des Nations-Unies pour l’Enfance (UNICEF) ont commencé à envoyer du matériel de prévention de maladies proliférant dans ce genre d’environnement (dysenterie, leptospirose, dengue, typhoïde).

Une campagne de sensibilisation des populations aux mesures d’hygiène et de précaution est aussi sur le point de démarrer, avec un accent sur la protection des enfants, particulièrement vulnérables.
Le ministère fidjien de la santé a aussi reçu 63.000sachets de sels de réhydratation par voie orale.

Arrestation de pilleurs

À Fidji, les travaux de nettoyage et de rétablissement se poursuivaient mercredi, avec un appui visible de l’armée de l’archipel.
Les équipes de la compagnie nationale électrique FEA travaillaient encore mercredi d’arrache-pied afin de rétablir le courant dans de nombreuses zones qui en sont encore privées, deux jours après le passage d’Evan.

Dans l’une des villes les plus sinistrées, Lautoka (près de Nadi, où se trouve l’aéroport international, sur la côte Ouest de l’île principale de Viti Levu), la police a par ailleurs annoncé que près d’une vingtaine de personnes ayant bravé le couvre-feu instauré pour se livrer à des actes de pillage dans des supermarchés, au plus fort de la tempête, lundi, avaient été arrêtées et devraient comparaître prochainement devant la justice.
Dans cette ville, ainsi que dans d’autres, outre les forces armées (un demi-millier d’hommes répartis à travers l’archipel), d’autres ressources humaines sont été sollicitées : environ 75 détenus, réquisitionnés.
Rien que dans cette région, plus de cinq cent maisons ont été identifiées comme ayant été gravement endommagées par le passage d’Evan, lundi 17 décembre 2012.
Sur place, le Rotary Club a entrepris de distribuer des rations alimentaires et des kits d’urgence pour environ deux cent familles sinistrées localement.
Les travaux de nettoyage concernaient aussi, mercredi, les hôtels et lieux de villégiature pour touristes, clés de voûte du secteur le plus lucratif de l’archipel et donc considéré comme prioritaire.
Un soin tout particulier a été porté à la protection des milliers de touristes qui s’étaient trouvés à Fidji au moment du passage du cyclone : ils ont été placés dans des centres, avant que de pouvoir progressivement rentrer chez eux, au fur et à mesure de la reprise progressive des vols internationaux au départ de Nadi.

Moins alarmant : le bilan, fruit des premières estimations du ministère fidjien de la santé, qui annonçait mercredi que son réseau d’hôpitaux et de dispensaires n’avait pas souffert de façon majeure.

La menace d’inondations, due à la sortie de leur lit de plusieurs rivières mardi (dont celle de la Rewa, dans la grande banlieue de Suva), semblait aussi progressivement s’éloigner, les cotes revenant mercredi progressivement à des niveaux proches de la normale.

Mercredi, dans le courant de la journée, le gouvernement fidjien annonçait que le nombre de centres communautaires ouverts avait baissé, passant de 230 à 190.
Le nombre de réfugiés annoncés, quant à lui, passait de 13,682 à 11,680, selon les mêmes sources.
Les fonctionnaires, pour leur part, ont reçu pour consigne de leur employeur de reprendre le travail jeudi 20 décembre 2012 au matin.

À Samoa : vaccins contre le tétanos

Un premier lot de cinq mille doses de vaccins contre le tétanos a aussi été fourni par ces organisations onusiennes à Samoa, où les dégâts (aux infrastructures, lignes électrique et téléphoniques, ponts et chaussées), aux bâtiments et aux cultures, après le passage d’Evan jeudi 13 décembre 2012, sont estimé à quelque trois cent millions de dollars US.
Le gouvernement américain, via son ambassadeur à Apia David Huebner, annonçait mercredi une rallonge de cent mille dollars US en faveur de la Croix Rouge locale, en plus des 50.000 dollars annoncés en fin de semaine dernière.
Pour Fidji et Samoa, ce sont au total plus de quinze mille personnes qui auraient été déplacées (8.000 pour Fidji et 7.000 pour Samoa), estime l’UNICEF, qui a aussi lancé un appel à la solidarité internationale.

Ministre et équipes à Wallis

À Wallis (île faisant partie de la collectivité français de Wallis-et-Futuna), qui a elle aussi été durement frappée par Evan, le samedi 15 décembre 2012, le ministre français des Outre-mers, Victorin Lurel, est arrivé pour un séjour prévu mercredi et jeudi, en signe de « solidarité nationale » de la France envers les sinistrés.
M. Lurel aurait dû, cette semaine, effectuer un déplacement en Guyane.
Lors d’un bref passage à Nouméa, mardi soir, il a motivé cette décision par une parabole évoquant la primauté de choix de « la maison qui pleure » sur celle « qui rit ».
Une première mission d’évaluation et de secours est partie en début de semaine de Nouméa (Nouvelle-Calédonie).
Elle devrait être suivie d’une autre mission venue de métropole.
Jeudi 20 décembre 2012, un avion de la compagnie Air Calédonie International (AirCalin), affrété par la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises, est prévu pour se rendre à Wallis et Futuna avec à son bord du matériel d’urgence et de réparation (tronçonneuses, bâches, outillages, matériels TDF, câbles), a annoncé mercredi le
Haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie.
Cet avion devrait aussi emporter une section militaire de 33 membres des Forces Armées de Nouvelle-Calédonie (FANC), une équipe de quatre sapeurs-pompiers basés en Nouvelle-Calédonie, trois techniciens de la compagnie Eau et Électricité de Nouvelle-Calédonie (EEC, filiale du groupe Suez) et un expert de la Mission d’Appuie en Situation de Crise (MASC), selon les mêmes sources.

pad

Rédigé par PAD le Mercredi 19 Décembre 2012 à 05:37 | Lu 638 fois