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Sècheresse historique à l’île de Pâques


Le lac du cratère du Rano Raraku tel qu’il n’avait encore jamais été vu ; sa surface est craquelée par une interminable sécheresse.
Le lac du cratère du Rano Raraku tel qu’il n’avait encore jamais été vu ; sa surface est craquelée par une interminable sécheresse.
PAPEETE, le 8février 2018- S’il pleut abondamment en Polynésie française, ce n’est pas le cas du côté de l’île de Pâques, qui connaît une sécheresse historique. Jamais le niveau de précipitations n’a été aussi bas depuis que celles-ci sont mesurées sur place.

Le lac de cratère du Rano Raraku complètement à sec ? Ce qui pourrait n’être qu’une mauvaise fiction est en passe de devenir une réalité comme le montrent diverses photos trouvées sur les pages Facebook d’un Pascuan (Cristian Moreno Pakarati, une des photos au moins étant signée Tiare Edmunds).

De 1222 mm/an à 744 mm/an

Celui-ci fournit également de précieuses données sur la pluviométrie à l’île, données montrant que les pluies, depuis 1931, ne cessent de diminuer, le mouvement s’accélérant dangereusement depuis quelques années.
Ainsi entre 1931 et 1960, tombait-il 1222 mm d’eau, tandis que le chiffre de précipitations annuelles passait à 1147 mm entre 1961 et 1990. Jusque-là, rien de catastrophique, mais, malgré tout, une petite tendance.

C’est après que les choses se gâtent plus sérieusement :
2012: 960 mm
2013: 1109 mm
2014: 996 mm
2015: 978 mm
2016: 744 mm

Quid de 2017 ? L’année n’a pas été meilleure, même si l’on ne dispose pas encore des chiffres définitifs. Et rien ne laisse présager un changement profond en 2018, ce qui entraînerait probablement l’assèchement complet du lac du Rano Raraku, là même où il y a quelques années, les familles venaient de baigner dans plus d’un mètre d’eau claire et fraîche, abritant des milliers de petits poissons.

De l’eau douce après 2020 ?

Certes, il y a des microclimats à Rapa Nui, et certes, il y a des secteurs peut-être un peu plus arrosés que ne l’est le Rano Raraku, mais les chiffres sont là : le changement climatique, qui s’est déjà traduit par le réchauffement des eaux de l’océan (nous avions déjà signalé des cas de blanchissement des coraux il y a quelques années, notamment du côté de Ovahe), est bien réel et ce qui est devenu très inquiétant est la raréfaction des pluies.
Le cratère du Rano Raraku n’est, à ce titre, qu’un thermomètre. Il permet de mesurer la baisse du niveau des nappes phréatiques ailleurs et la situation pourrait devenir beaucoup plus dramatique si la tendance ne s’infléchissait pas. D’après un édile de l’île, les besoins en eau douce sont assurés au moins jusqu’en 2020… Mais 2020, c’est demain ! Que fera-t-on après-demain, en 2021, en 2025 si à son tour le réservoir naturel qu’est le grand cratère du Rano Kau s’assèche ?
La population, en une vingtaine d’années, a quasiment doublé, de même que la fréquentation touristique ; outre l’eau douce qui se raréfie, l’île est confrontée à des problèmes liés à l’élimination de ses ordures. Autant dire que les élus de l’île de Pâques comme le gouvernement chilien, ont du pain sur la planche, s’il est vrai que « gouverner c’est prévoir »...

Daniel Pardon







De la terre, des « totoras » (roseaux) mal en point, et un fond d’eau boueuse… Le lac du Rano Raraku est méconnaissable.
De la terre, des « totoras » (roseaux) mal en point, et un fond d’eau boueuse… Le lac du Rano Raraku est méconnaissable.


Rédigé par Daniel Pardon le Jeudi 8 Février 2018 à 09:46 | Lu 2719 fois