PAPEETE, le 26 janvier 2018 - Une équipe de chercheurs qui s'intéresse aux outils d'observations du niveau de la mer est sur le territoire. Elle est allée à Vairao et Rangiroa pour faire l'entretien des outils mais aussi pour tester de nouvelles méthodes de contrôle des données. Guy Woppelmann, professeur des universités en géosciences à l'université de la Rochelle, fait partie de cette équipe. Il animera une conférence lundi soir sur la thématique de l'évolution récente du niveau de la mer en Polynésie française et sur les liens avec le réchauffement climatique.
"Nous travaillons sur l'évolution récente du niveau de la mer, c'est-à-dire sur les cent dernières années", annonce Guy Woppelmann en préambule. Il est professeur des universités en géosciences à l'université de la Rochelle et sera, lundi soir, à l'université de Polynésie française pour une intervention dans le cadre des conférences Savoirs pour tous.
"Je vais commencer par une énigme", promet-il. "Celle posée en 2001 par un océanographe à propos de données disons incohérentes." En fait, en 2001, un chercheur s'est étonné de la différence entre l'évolution du niveau de la mer observé par les différents outils en place dans le monde et l'évolution du niveau de la mer attendu.
Guy Woppelmann explique : "avant 2001, quand on faisait la somme des facteurs de changements du niveau de la mer que sont la fonte des glaces, celle des glaciers alpins et de la calotte glaciaire, la dilatation de l'océan et, dans une moindre mesure, la consommation de l'eau par l'homme et la construction de barrage, on s'attendait à tomber sur une augmentation de 10 centimètres en 100 ans. Or, dans les faits, avec les outils d'observation, on découvrait une augmentation de 18 cm".
L'énigme est résolue
Le mystère a été résolu récemment. Deux équipes, l'une composée de chercheurs de l'université de Stanford dans la Silicon Valley au sud de San Francisco, et l'autre de chercheurs venus d'universités européennes et hawaïennes, ont fait paraître des résultats tout à la fois rassurant et… inquiétant.
Ils rassurent d'une certaine manière puisqu'ils permettent de résoudre l'énigme posée en 2001. Les résultats de l'équipe américaine sont parus en 2015 dans la revue Nature. Ils montrent que, finalement, l'observation de l'élévation du niveau de la mer était de 13 cm au XXème siècle et non de 18. "Nos résultats, ceux de l'équipe européenne et hawaïenne à laquelle j'ai participé, sont parus en 2017 dans la revue PNAS. Ils confirment une élévation de 11 cm." En moyenne, l'élévation du niveau de la mer est donc de 12 cm à en croire ces résultats.
Des résultats qui laissent craindre le pire
Ces études ont, par ailleurs, confirmé une accélération du processus d'élévation du niveau de la mer. "Les marégraphes et satellites nous montrent que lors des 20 dernières années, l'eau est montée en moyenne de 3,4 mm par an, contre 1,2 au XXème siècle." La situation semble pire que ce qui avait été imaginé. Elle sera discuté lors du prochain rassemblement du Giec le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.
En attendant, les chercheurs restent à l'œuvre. Ils continuent de récolter des données, mais aussi de les contrôler pour validation. C'est d'ailleurs la raison de la présence de Guy Woppelmann sur le territoire. Avec Séverine Enet du Service hydrographique et océanographique et la Marine (Shom) de Brest et Étienne Poirier de l'université de la Rochelle, il s'est rendu à Vairao sur la presqu'île et à Rangiroa.
"Il existe en France, et donc en Polynésie française, un réseau d'observateurs de niveau de la mer. Ces observateurs sont constitués d'un marégraphe et d'un GPS", indique Guy Woppelmann.
Le marégraphe est un instrument qui enregistre la hauteur du niveau de la mer (et par suite ses variations) par rapport à une référence locale, souvent attachée à la côte. L’information contenue dans leurs enregistrements va donc au-delà de la connaissance du seul phénomène de la marée.
Fiabilité des données
"Il existe deux types d'observateurs", précise Guy Woppelmann. "Certains ne suivent que les variations sur l'année. Les autres sont capables en plus de suivre des variations sur une trentaine d'année. Ils peuvent donc permettre de suivre des phénomènes climatiques plus globaux." Sachant que l'étude du climat se fait sur une période minimum de 30 ans. Les tempêtes, cyclones, tsunamis n'étant "que" des phénomènes météorologiques.
Les observateurs, installés en Polynésie depuis 2008 (sauf Rikitea et Papeete qui sont là depuis les années 1970), récoltent des données qui sont utilisées par le Global Sea Level Observing System de l'Unesco. Elles doivent être fiables. Le Shom, pour ce faire, réalise un entretien des appareils chaque année et un "gros contrôle" tous les trois ans.
Guy Woppelmann, Séverine Enet et Étienne Poirier ont participé à ce contrôle. Ils ne sont pas venus les mains vides. "On avait de nouvelles méthodes de contrôle à tester." Les résultats de ces tests sont en cours de validation. Le Shom pourrait bientôt être équipé de nouveaux outils de contrôle des observateurs.
Des résultats, bruts, ne valent rien. Ils doivent être vérifiés, les données croisées, comparées, discutées. "Un chercheur est toujours sceptique", confirme Guy Woppelmann. Concernant le climat, son évolution, le processus de réchauffement, il reste de très nombreuses questions sans réponse. Des polémiques sont toujours en cours. Ceci étant dit, des tendances se dessinent. Elles ne sont pas très optimistes.
Découvrir la revue PNAS.
"Nous travaillons sur l'évolution récente du niveau de la mer, c'est-à-dire sur les cent dernières années", annonce Guy Woppelmann en préambule. Il est professeur des universités en géosciences à l'université de la Rochelle et sera, lundi soir, à l'université de Polynésie française pour une intervention dans le cadre des conférences Savoirs pour tous.
"Je vais commencer par une énigme", promet-il. "Celle posée en 2001 par un océanographe à propos de données disons incohérentes." En fait, en 2001, un chercheur s'est étonné de la différence entre l'évolution du niveau de la mer observé par les différents outils en place dans le monde et l'évolution du niveau de la mer attendu.
Guy Woppelmann explique : "avant 2001, quand on faisait la somme des facteurs de changements du niveau de la mer que sont la fonte des glaces, celle des glaciers alpins et de la calotte glaciaire, la dilatation de l'océan et, dans une moindre mesure, la consommation de l'eau par l'homme et la construction de barrage, on s'attendait à tomber sur une augmentation de 10 centimètres en 100 ans. Or, dans les faits, avec les outils d'observation, on découvrait une augmentation de 18 cm".
L'énigme est résolue
Le mystère a été résolu récemment. Deux équipes, l'une composée de chercheurs de l'université de Stanford dans la Silicon Valley au sud de San Francisco, et l'autre de chercheurs venus d'universités européennes et hawaïennes, ont fait paraître des résultats tout à la fois rassurant et… inquiétant.
Ils rassurent d'une certaine manière puisqu'ils permettent de résoudre l'énigme posée en 2001. Les résultats de l'équipe américaine sont parus en 2015 dans la revue Nature. Ils montrent que, finalement, l'observation de l'élévation du niveau de la mer était de 13 cm au XXème siècle et non de 18. "Nos résultats, ceux de l'équipe européenne et hawaïenne à laquelle j'ai participé, sont parus en 2017 dans la revue PNAS. Ils confirment une élévation de 11 cm." En moyenne, l'élévation du niveau de la mer est donc de 12 cm à en croire ces résultats.
Des résultats qui laissent craindre le pire
Ces études ont, par ailleurs, confirmé une accélération du processus d'élévation du niveau de la mer. "Les marégraphes et satellites nous montrent que lors des 20 dernières années, l'eau est montée en moyenne de 3,4 mm par an, contre 1,2 au XXème siècle." La situation semble pire que ce qui avait été imaginé. Elle sera discuté lors du prochain rassemblement du Giec le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.
En attendant, les chercheurs restent à l'œuvre. Ils continuent de récolter des données, mais aussi de les contrôler pour validation. C'est d'ailleurs la raison de la présence de Guy Woppelmann sur le territoire. Avec Séverine Enet du Service hydrographique et océanographique et la Marine (Shom) de Brest et Étienne Poirier de l'université de la Rochelle, il s'est rendu à Vairao sur la presqu'île et à Rangiroa.
"Il existe en France, et donc en Polynésie française, un réseau d'observateurs de niveau de la mer. Ces observateurs sont constitués d'un marégraphe et d'un GPS", indique Guy Woppelmann.
Le marégraphe est un instrument qui enregistre la hauteur du niveau de la mer (et par suite ses variations) par rapport à une référence locale, souvent attachée à la côte. L’information contenue dans leurs enregistrements va donc au-delà de la connaissance du seul phénomène de la marée.
Fiabilité des données
"Il existe deux types d'observateurs", précise Guy Woppelmann. "Certains ne suivent que les variations sur l'année. Les autres sont capables en plus de suivre des variations sur une trentaine d'année. Ils peuvent donc permettre de suivre des phénomènes climatiques plus globaux." Sachant que l'étude du climat se fait sur une période minimum de 30 ans. Les tempêtes, cyclones, tsunamis n'étant "que" des phénomènes météorologiques.
Les observateurs, installés en Polynésie depuis 2008 (sauf Rikitea et Papeete qui sont là depuis les années 1970), récoltent des données qui sont utilisées par le Global Sea Level Observing System de l'Unesco. Elles doivent être fiables. Le Shom, pour ce faire, réalise un entretien des appareils chaque année et un "gros contrôle" tous les trois ans.
Guy Woppelmann, Séverine Enet et Étienne Poirier ont participé à ce contrôle. Ils ne sont pas venus les mains vides. "On avait de nouvelles méthodes de contrôle à tester." Les résultats de ces tests sont en cours de validation. Le Shom pourrait bientôt être équipé de nouveaux outils de contrôle des observateurs.
Des résultats, bruts, ne valent rien. Ils doivent être vérifiés, les données croisées, comparées, discutées. "Un chercheur est toujours sceptique", confirme Guy Woppelmann. Concernant le climat, son évolution, le processus de réchauffement, il reste de très nombreuses questions sans réponse. Des polémiques sont toujours en cours. Ceci étant dit, des tendances se dessinent. Elles ne sont pas très optimistes.
Découvrir la revue PNAS.
Pratique
Conférence Savoir pour tous sur l'évolution du niveau de la mer en Polynésie française : Mesure et évolution récente du niveau de la mer en Polynésie française. Liens avec le réchauffement climatique.
Lundi 29 janvier à 18 heures à l'amphi A3 de l'université de Polynésie française.
Durée : une heure de présentation suivie de questions-réponses.
Conférence Savoir pour tous sur l'évolution du niveau de la mer en Polynésie française : Mesure et évolution récente du niveau de la mer en Polynésie française. Liens avec le réchauffement climatique.
Lundi 29 janvier à 18 heures à l'amphi A3 de l'université de Polynésie française.
Durée : une heure de présentation suivie de questions-réponses.
Marégraphe sur terre et nouvel outil de contrôle dans l'eau.