Sarkozy aurait préféré qu'on ne réintroduisît pas d'ours dans les Pyrénées


PAMIERS, 17 janvier 2012 (AFP) - Le président Nicolas Sarkozy aurait préféré que l'Etat se gardât par le passé de réintroduire des ours dans les Pyrénées pour y assurer la survie du plantigrade, a-t-il dit mardi en Ariège, sur les terres de l'animal.

Lors de sa visite à Pamiers où il venait présenter ses voeux au monde rural, M. Sarkozy a eu un échange avec un éleveur, l'un de ceux qui jugent insupportable la présence de l'ours dans le massif.

M. Sarkozy a alors justifié la décision prise en 2011 de ne pas lâcher une nouvelle ourse dans les Pyrénées-Atlantiques.

"Il n'aurait pas fallu en introduire au départ", lui a dit l'éleveur.

- "Ca, je suis d'accord avec vous", lui a répondu M. Sarkozy.

L'ours est présent depuis des siècles dans les Pyrénées, qui sont devenues au XXème siècle son unique refuge en France. Devant la raréfaction de l'animal, l'Etat a mis en place un programme de restauration et de conservation. Huit ours slovènes, six femelles et deux mâles, ont été lâchés dans les Pyrénées depuis 1996.

L'ours divise profondément les Pyrénéens. Les éleveurs disent la présence de ce carnassier incompatible avec celle de leurs moutons et avec le développement économique de la région.

Selon les défenseurs de l'ours, le gouvernement a cédé aux intérêts électoraux en 2011 quand le ministère de l'Ecologie est revenu sur des engagements antérieurs et a renoncé à un nouveau lâcher dans les Pyrénées-Atlantiques. Le ministère disait alors ne pas vouloir accabler les éleveurs déjà touchés par la sécheresse.

Il ne subsiste plus que 20 ou 25 ours dans les Pyrénées, surtout en Ariège et Haute-Garonne, et cette population est trop faible pour être viable, disent les pro-ours.

M. Sarkozy a fait le "choix difficile" de perpétuer le pastoralisme et la présence de l'ours, dit l'Elysée, et les décisions doivent toujours selon lui se prendre "dans la concertation et dans le pragmatisme", comme cela fut le cas en 2011.

M. Sarkozy risque cependant de heurter encore davantage les pro-ours puisqu'il a souhaité, selon l'Elysée, que l'Etat interjette appel d'une décision de justice récente et favorable à l'animal.

Le tribunal administratif de Toulouse a partiellement annulé en décembre l'arrêté de chasse en vigueur en Ariège parce qu'il ne protégeait pas suffisamment l'ours.

M. Sarkozy voit là "une question de principe absolument fondamentale quant à la coexistence" d'une espèce protégée et de la pratique de la chasse, dit l'Elysée.

Avant sa venue, les défenseurs de l'ours avaient pressé M. Sarkozy de montrer qu'il ne sacrifiait pas la biodiversité aux intérêts des lobbies de l'agriculture, de l'industrie ou de la chasse.

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Rédigé par AFP le Mardi 17 Janvier 2012 à 11:18 | Lu 2083 fois