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Santé : le Pays se dote d'un fonds spécial pour la prévention


PAPEETE, 8 décembre 2017 - Un fonds d’affectation spéciale est créé afin de prendre en charge les campagnes de prévention sanitaires en Polynésie française. Le Fonds de prévention sanitaire et sociale entre en vigueur dès janvier 2018.

"Non seulement nous aurons plus de visibilité et de transparence puisque les dépenses seront fléchées, mais ce sera aussi l’occasion pour nous, élus de l’assemblée, de faire un point chaque année sur les mesures de prévention qui auront été prises et de rectifier le tir si besoin", a plaidé la représentante RMA Nicole Sanquer, jeudi en séance nocturne de l’assemblée de la Polynésie française, lors de l’examen de la délibération portant création du fonds d’affectation spéciale pour la prévention sanitaire et sociale.

Le texte a été adopté par 45 voix, avec le soutien du groupe souverainiste UPLD et malgré l’abstention du groupe Tahoera’a Huiraatira.

Sept ans après la fermeture du sulfureux Etablissement public administratif pour la prévention (Epap), le Fonds de prévention sanitaire et sociale (FPSS) pour financer les campagnes de communication et les actions de prévention sanitaires. "Il n’est pas question ici de créer un Epap bis, entendons-nous bien, mais plutôt de mettre en place un compte spécial dédié à la prévention et la santé", a mis en garde Nicole Sanquer, relayée le ministre de la santé : "Ce fonds va donner les moyens et être outil pour ajuster exactement les financements aux besoins déterminés par les services de la santé publique et des affaires sociales". Son champ de prédilection sera la prévention des addictions au tabac, à l’alcool, aux drogues, et la lutte contre la surconsommation de produits vecteurs d’obésité : "Sans argent on ne peut pas faire des miracles", a déclaré Jacques Raynal.

Le FPSS pourrait avoir à gérer entre 2 et 3 milliards Fcfp en année pleine. Il concentrera dès le 1er janvier 2018 le produit des taxes sur le tabac et l’alcool. Mais ces recettes fiscales doivent être étoffées dans le courant du premier semestre par des taxes nouvelles sur les boissons alcoolisées, les produits sucrés, une taxe spécifique pour la prévention et une nouvelle taxe à l’importation. "Ces textes devraient nous arriver en début d’année prochaine et permettront d’engranger davantage de moyens pour financer ces actions de prévention qui agiront, à terme, sur nos dépenses de santé, l’idée étant également de faire réagir le consommateur en l’aidant à modifier son comportement alimentaire", a annoncé Nicole Sanquer.

Le budget 2018 prévoit l’inscription de 100 millions Fcfp en faveur du FPSS pour le démarrage de son activité.

Un des axes du Schéma d’Organisation Sanitaire 2016-2021, préconise de réinvestir les domaines de la prévention et la promotion de la santé, en renforçant la lutte contre le surpoids et l’obésité.

Les difficultés budgétaires qu’a traversé la collectivité dans les années 2000 avaient contraint les budgets de prévention et conduit à la fermeture de l’Epap, en décembre 2010. Depuis, l’insuffisance des moyens dédiés à la prévention constitue un obstacle de taille au financement d’actions de prévention pourtant nécessaires au regard des statistiques sanitaires de la Polynésie française où une personne sur 10 souffre du diabète, où une personne sur deux souffre d’obésité, et où les dépenses liées au suivi des patients en longue maladie (un Polynésien sur sept) ont pesé 66 milliards Fcfp en 2015, soit plus de la moitié des dépenses de santé de la collectivité.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 8 Décembre 2017 à 11:01 | Lu 1148 fois