Sanofi: 424 salariés menacés par un projet d'externalisation en Europe, dénoncent les syndicats


Paris, France | AFP | lundi 12/04/2021 - Les syndicats de Sanofi ont dénoncé lundi un projet d'externalisation qui menace les postes de 424 salariés des fonctions commerciales dans 14 pays européens, dont "c'est le tour" de "payer leur tribut à la restructuration du groupe" pharmaceutique.

"Parce que les chiffres d'affaires y seraient insuffisants (insuffisants par rapport à quoi ?), le groupe a décidé d'externaliser la vente et la promotion des médicaments Sanofi" dans ces pays, protestent dans un communiqué les représentants du personnel au sein du comité d'entreprise européen (CEE).

Ces élus s'insurgent contre "la politique financière et à court terme de Sanofi", qui "continue à être destructrice pour ses propres employés et met en danger son propre avenir".

Les suppressions de postes que provoquera cette externalisation "ne font pas partie de celles annoncées en juin 2020" par la direction, a indiqué à l'AFP Michel Moine (CFE-CGC), secrétaire adjoint du CEE. La direction de Sanofi visait alors jusqu'à 1.700 emplois supprimés en Europe, dont un millier en France. Ce projet "n'avait pas du tout été évoqué en juin", a confirmé Aline Eysseric (CFDT), secrétaire du CEE. 

Dans une déclaration à l'AFP, la direction de Sanofi explique que le groupe "s'oriente vers le développement de nouveaux modèles commerciaux dans certaines zones géographiques", dans le cadre de sa stratégie lancée fin 2019. L'objectif est de "garantir un accès durable à nos médicaments et vaccins pour les patients tout en optimisant notre présence et notre efficacité sur certains marchés européens", souligne la direction.

Ce "projet d'organisation pour l'Europe centrale et de l'Est" concerne "un nombre limité de pays européens (14), où Sanofi a une structure relativement limitée", ajoute-t-elle. "Le projet introduit la possibilité de travailler avec des partenaires spécialisés" pour "atteindre le plus grand nombre de patients" et "assurer la pérennité de notre activité à long terme", développe-t-elle.

"Stopper les restructurations" 

"Si ces projets de partenariat devaient se confirmer, l'une des conditions majeures sera l'employabilité des salariés de Sanofi dans les pays concernés (424 employés au total dans ces 14 pays)", conclut la direction.

D'après les élus du CEE, "Albanie, Bosnie, Bulgarie, Croatie, Chypre, Estonie, Lettonie, Lituanie, Macédoine du Nord, Moldavie, Monténégro, Serbie, Slovaquie, Slovénie" sont ces pays.

Inquiets pour l'"avenir" des salariés ciblés par l'externalisation, ces élus "redoutent" qu'ils "ne retrouvent pas de travail dans une Europe où les systèmes de santé vont être en grande difficulté". Et "tous les médicaments de Sanofi continueront-ils à être distribués (dans ces pays) ? Il est fort à craindre qu'un repreneur ne veuille conserver que ceux qui rapportent le plus", appréhendent-ils.

En outre, "opérer ce changement en plein milieu de la pandémie du Covid est irresponsable", estiment-ils.

Si le projet est mené à son terme, les élus exigent que "chaque salarié concerné bénéficie de mesures d'accompagnement à la hauteur des possibilités de Sanofi et qu'il soit embauché par le repreneur avec une garantie d'emploi de 5 ans minimum sans baisse de sa rémunération ni dégradation de ses conditions de travail".

Au-delà de cette externalisation, les élus du CEE réclament "l'ouverture de négociations sérieuses entre représentants des salariés et dirigeants" de Sanofi pour "stopper les restructurations", "accroitre l'investissement dans la recherche" et "redéfinir une politique de gestion des salariés qui remette enfin l'humain au cœur".

le Lundi 12 Avril 2021 à 06:35 | Lu 177 fois