Crédit Marvin RECINOS / AFP
San Salvador, Salvador | AFP | lundi 05/02/2024 - Les résultats officiels n'ont pas encore été dévoilés lundi, mais la victoire écrasante du président du Salvador, Nayib Bukele, qui s'est déclaré dimanche soir vainqueur "avec plus de 85% des voix" lui confère une "concentration absolue du pouvoir", selon les analystes.
Le Tribunal suprême électoral (TSE) n'avait validé lundi après-midi que 2,3 millions de votes, sur les 6,2 millions d'inscrits au Salvador et à l'étranger, créditant pour l'heure M. Bukele de ce score de 85% des suffrages.
Le TSE n'a pas non plus confirmé les "58 au moins" des 60 sièges au parlement clamés par le président de 42 ans au balcon du palais national dimanche soir devant des milliers de sympathisants.
Sans besoin des résultats officiels, Tamara Taraciuk, du groupe de réflexion Inter-American Dialogue à Washington, estime que M. Bukele "a atteint une concentration absolue du pouvoir" et selon elle, "la démocratie salvadorienne est en jeu".
Le président élu une première fois en 2019, qui se décrit avec une ironie provocatrice comme "un dictateur cool", se félicite lui de "la première fois dans un pays qu'un parti unique existe dans un système pleinement démocratique".
Nayib Bukele avait déjà entamé sa conquête d'un pouvoir total en remplaçant les juges de la Cour suprême et le procureur général du Salvador. Il est ainsi parvenu à contourner la Constitution, qui n'autorise qu'un seul mandat présidentiel, en se voyant accorder un congé de six mois avant le vote.
Selon Gustavo Flores-Macias, analyste à l'université Cornell de New York, Nayib Bukele "dispose désormais d'un chèque en blanc pour adopter son programme de gouvernement".
Avec la majorité absolue de son parti Nuevas ideas au parlement, il pourra "normaliser les mesures drastiques adoptées" dans le cadre de l'état d'urgence instauré en mars 2022 et qui a permis l'arrestation de quelque 75.000 personnes sans mandat judiciaire et le déploiement de l'armée.
"En l'absence de contre-pouvoirs institutionnels, Bukele ne sera guère incité à respecter une loi qui ne lui est pas favorable", prévient-il. Et "une fois les contrepoids démantelés, il sera difficile de rectifier le tir lorsque les Salvadoriens décideront que les pouvoirs du président doivent être limités".
Droits humains
Dimanche après avoir voté, M. Bukele, traditionnelle casquette vissée sur la tête, a balayé les préoccupations relatives aux droits humains, s'appuyant sur les statistiques de baisse du taux d'homicide, passé de 87 pour 100.000 habitants en 2019 à 2,4 en 2023.
"Nous avons transformé la capitale mondiale du meurtre", fait du Salvador "le pays le plus le pays le plus sûr" des Amériques, a-t-il insisté. "Et la seule façon de le faire est d'arrêter tous les meurtriers".
Quelques chancelleries ont adressé des félicitations mesurées.
L'UE dit "soutenir le Salvador sur la voie de la modernisation" et chercher à "consolider les améliorations en matière de sécurité en renforçant la bonne gouvernance, l'Etat de droit et l'inclusion sociale".
Le Secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken a dit accorder "une grande importance aux relations étroites avec le peuple salvadorien", quand quelque trois millions vivant aux Etats-unis envoient à leurs familles quelques 8 milliards de dollars annuellement, qui contribuent à hauteur de 21% du PIB du Salvador.
Il a toutefois prévenu donner "la priorité à la bonne gouvernance, à la prospérité économique, aux garanties d'un procès équitable et aux droits de l'Homme".
La porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, a appelé à ce "que le combat contre la criminalité prenne aussi en considération la protection des droits de l'Homme et de l’Etat de droit".
Les préoccupations relatives à la concentration des pouvoirs et du sort des prisonniers ne semblent pas au premier plan des préoccupations de la plupart des Salvadoriens, qui gardent en eux le douloureux souvenir de la domination des maras, de l'extorsion et de la violence.
"Ils le critiquent comme s'il (Bukele) était un dictateur, mais en réalité je ne vois pas ici que nous soyons dans une dictature comme à Cuba", dit à l'AFP Daniela Juarez Rivera, étudiante en droit de 22 ans à l'université du Salvador.
"Je ne pense pas que ça ira aussi loin, tant qu'il écoute tout le monde, tout ira bien", veut croire Alfredo Mezquita, 39 ans, employé d'une compagnie de téléphone.
Le Tribunal suprême électoral (TSE) n'avait validé lundi après-midi que 2,3 millions de votes, sur les 6,2 millions d'inscrits au Salvador et à l'étranger, créditant pour l'heure M. Bukele de ce score de 85% des suffrages.
Le TSE n'a pas non plus confirmé les "58 au moins" des 60 sièges au parlement clamés par le président de 42 ans au balcon du palais national dimanche soir devant des milliers de sympathisants.
Sans besoin des résultats officiels, Tamara Taraciuk, du groupe de réflexion Inter-American Dialogue à Washington, estime que M. Bukele "a atteint une concentration absolue du pouvoir" et selon elle, "la démocratie salvadorienne est en jeu".
Le président élu une première fois en 2019, qui se décrit avec une ironie provocatrice comme "un dictateur cool", se félicite lui de "la première fois dans un pays qu'un parti unique existe dans un système pleinement démocratique".
Nayib Bukele avait déjà entamé sa conquête d'un pouvoir total en remplaçant les juges de la Cour suprême et le procureur général du Salvador. Il est ainsi parvenu à contourner la Constitution, qui n'autorise qu'un seul mandat présidentiel, en se voyant accorder un congé de six mois avant le vote.
Selon Gustavo Flores-Macias, analyste à l'université Cornell de New York, Nayib Bukele "dispose désormais d'un chèque en blanc pour adopter son programme de gouvernement".
Avec la majorité absolue de son parti Nuevas ideas au parlement, il pourra "normaliser les mesures drastiques adoptées" dans le cadre de l'état d'urgence instauré en mars 2022 et qui a permis l'arrestation de quelque 75.000 personnes sans mandat judiciaire et le déploiement de l'armée.
"En l'absence de contre-pouvoirs institutionnels, Bukele ne sera guère incité à respecter une loi qui ne lui est pas favorable", prévient-il. Et "une fois les contrepoids démantelés, il sera difficile de rectifier le tir lorsque les Salvadoriens décideront que les pouvoirs du président doivent être limités".
Droits humains
Dimanche après avoir voté, M. Bukele, traditionnelle casquette vissée sur la tête, a balayé les préoccupations relatives aux droits humains, s'appuyant sur les statistiques de baisse du taux d'homicide, passé de 87 pour 100.000 habitants en 2019 à 2,4 en 2023.
"Nous avons transformé la capitale mondiale du meurtre", fait du Salvador "le pays le plus le pays le plus sûr" des Amériques, a-t-il insisté. "Et la seule façon de le faire est d'arrêter tous les meurtriers".
Quelques chancelleries ont adressé des félicitations mesurées.
L'UE dit "soutenir le Salvador sur la voie de la modernisation" et chercher à "consolider les améliorations en matière de sécurité en renforçant la bonne gouvernance, l'Etat de droit et l'inclusion sociale".
Le Secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken a dit accorder "une grande importance aux relations étroites avec le peuple salvadorien", quand quelque trois millions vivant aux Etats-unis envoient à leurs familles quelques 8 milliards de dollars annuellement, qui contribuent à hauteur de 21% du PIB du Salvador.
Il a toutefois prévenu donner "la priorité à la bonne gouvernance, à la prospérité économique, aux garanties d'un procès équitable et aux droits de l'Homme".
La porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, a appelé à ce "que le combat contre la criminalité prenne aussi en considération la protection des droits de l'Homme et de l’Etat de droit".
Les préoccupations relatives à la concentration des pouvoirs et du sort des prisonniers ne semblent pas au premier plan des préoccupations de la plupart des Salvadoriens, qui gardent en eux le douloureux souvenir de la domination des maras, de l'extorsion et de la violence.
"Ils le critiquent comme s'il (Bukele) était un dictateur, mais en réalité je ne vois pas ici que nous soyons dans une dictature comme à Cuba", dit à l'AFP Daniela Juarez Rivera, étudiante en droit de 22 ans à l'université du Salvador.
"Je ne pense pas que ça ira aussi loin, tant qu'il écoute tout le monde, tout ira bien", veut croire Alfredo Mezquita, 39 ans, employé d'une compagnie de téléphone.