Salon du livre : Marlon Brando et Tarita Teriipaia, la violence de l’amour


Tarita et Marlon au temps des jours heureux.
PAPEETE, le 5 juin 2014. Le livre mémoire de Tarita (Marlon, mon amour, ma déchirure) publié en 2005 aux Editions XO sur sa rencontre, son histoire d’amour et de rupture avec Marlon Brando a été réédité tout récemment. Celui qui a prêté sa plume à ce poignant témoignage, l’écrivain Lionel Duroy, est présent au salon du livre de Tahiti jusqu'à dimanche à la Maison de la culture de Papeete. Un auteur qui sait se faire discret dans les autobiographies qu’il rédige pour des personnalités.

Il écrit pour lui, mais il écrit aussi pour les autres. Lionel Duroy, qui fut d’abord journaliste avant de vivre de sa plume de romancier -à partir de 1990-, et également de biographe de personnalités, depuis le début des années 2000, se présente comme un témoin privilégié de ces vies, de ces destins exceptionnels. Son écriture il la met au service de personnalités pour «mettre en musique » et en l’occurrence en mots leur vie, leur parcours. Son premier travail de biographe lui est confié par son éditeur Julliard, qui créé une maison d’édition spécialisée pour ce travail, avec Ingrid Betancourt. La candidate à la présidentielle en Colombie est alors une femme de 40 ans, prête à tout affronter. Sa biographie, La rage de vaincre signée par Lionel Duroy sort en 2001 : elle est enlevée par les FARC en 2002 et restera otage pendant six ans. C’est en 2004, après qu’il ait écrit entre autres les biographies de Sylvie Vartan, les mémoires de Farah Dibah, de Mireille Darc, que son éditeur est contacté par l’avocat de l’ex épouse de Marlon Brando.

Pour écrire, savoir écouter. «Ecrire pour les autres est une passion. J’ai 15 ou 16 romans à moi et presque le double de biographies» plaisante Lionel Duroy. Sans être ni voyeur, ni psychanalyste –ou peut-être bien un peu des deux, il explique : «j’adore la vie des gens, j’adore m’asseoir à côté de quelqu’un qui me parle de lui-même». Sa technique est simplissime : des heures d’entretiens enregistrés et retranscrits «la vie de quelqu’un tient le plus souvent dans un millier de pages». Avec Tarita, Lionel Duroy s’était installé durant un mois, dans le courant de l’année 2004, dans un petit hôtel modeste du centre de Papeete. «Elle venait tous les jours, on a travaillé d’arrache pied. On arrêtait les entretiens quand elle était fatiguée». Débiter sa vie avec Marlon Brando par le menu n’est pas une tâche aisée. «Elle savait dès le départ qu’il y aurait des moments difficiles à aborder, notamment le suicide de Cheyenne. Elle m’a montré l’arbre où elle s’est pendue. Et puis les derniers mois de la vie de Brando aussi».

Mais en dehors de ces drames, le récit de Tarita est aussi difficile et bouleversant sur des aspects plus intimes. «Il n’est pas facile, jamais, pour une femme de dire qu’un homme qu’elle a aimé, la frappait. Dire combien Brando était physiquement violent à son égard. Mon travail d’écrivain justement est de parvenir à mettre des mots sur l’indicible, trouver ce moment précis où un couple se fissure, saisir ce qu’on n’arrive pas à exprimer» détaille encore Lionel Duroy. Parce que ses biographies sont d’abord le récit des personnalités qu’il rencontre, le nom de Lionel Duroy n’apparait jamais en couverture, seulement en page intérieure. Lui n’est que le passeur des mots d’histoires qui ne sont pas les siennes mais avec lesquelles il est en totale empathie.


Lionel Duroy est l'écrivain qui en mis en mots les mémoires de Tarita Brando. Le livre sorti en 2005 a été réédité. .
Rencontres avec Lionel Duroy

Ce vendredi de 16h à 16h45 au salon du livre une rencontre est organisée sous le thème «prêter sa plume aux amours de quelqu’un d’autre » avec Jill Dawson et Lionel Duroy. Connaître l’autre et faire écho par écrit à son récit est un travail que ces deux auteurs ont réalisé. Ils expliqueront comment.
Lionel Duroy sera par ailleurs en séance de signature sur le stand de la librairie Odyssey pour son dernier roman paru fin 2013, Vertiges (Editions Julliard), ce vendredi de 17h à 18h et samedi de 10h à 11h.

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 5 Juin 2014 à 17:48 | Lu 5959 fois