Salon du livre 2012 : entretien avec Chantal Spitz


Jeudi, le 6 décembre, Chantal Spitz a rencontré des élèves de 3e du collège de Hitiaa sur le salon du livre. «C’est bien qu’ils rencontrent des auteurs qui ont la même tête qu’eux et qui sont vivants».
PAPEETE, vendredi 7 décembre 2012. En dépit de la pluie, Lire en Polynésie s'organise autour de la Maison de la culture pour rester au sec et proposer au public toutes les rencontres et animations prévues et les auteurs invités sont tous au rendez-vous. L'occasion d'une rencontre avec Chantal Spitz qui nous apprend qu'elle travaille sur la rédaction d'un recueil de nouvelles qui devrait paraître en 2013. Interview :

Vous avez été la première romancière polynésienne, publiée en 1991, c’est une date très récente, comment l’expliquez-vous ?

Chantal Sptiz : Il faut effectivement rappeler que j’ai été la première à être publiée, mais d’autres avaient déjà écrit avant-cela. Et puis, il faut remettre les choses à leur place, à l’origine ce texte n’était pas un roman, mais un testament écrit à mes fils. Il n’était pas destiné à être publié. Sur l’histoire de cette date, si récente de publication d’un auteur polynésien, vous savez je suis d’une génération où l’on n’existait pas encore en tant qu’être individuel. Il a fallu attendre longtemps pour dire : Je. Pendant longtemps aussi, les enseignants expliquaient que l’écriture n’était pas notre culture, qu’il n’y avait qu’une tradition orale. Il y avait donc un frein psychologique et culturel.

Vous dites que la publication de ce premier roman (L’île des rêves écrasés) a été douloureuse aussi, mais avec le temps, cela reste positif pour l’ouverture de cette culture polynésienne ?


Oui, il fallait prendre la parole et la plume pour dire ce que nous pensions. Avant nous n’avions pu lire en anglais, Albert Wendt de Samoa et Henri Hiro, aussi, sans eux, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Au bout du compte oui, publier ce premier roman était un bien. Je suis contente d’avoir été inconsciente quand on voit le chemin parcouru.


Il y a eu deux autres romans et cette aventure littéraire de la revue Littérama’ohi depuis 2001, un moyen de mettre le pied à l’étrier d’autres auteurs polynésiens ?


La revue marche bien, nous venons de sortir le 20e numéro. On a beaucoup de jeunes qui nous rejoignent. Tout le monde n’a pas de quoi faire un roman, alors c’est le moyen de publier des nouvelles, de la poésie, des essais et textes de réflexion. C’est un pays où nous écrivons beaucoup, mais nous publions peu, même si finalement nous sommes tous des raconteurs d’histoire.


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Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 7 Décembre 2012 à 11:39 | Lu 1763 fois