SUP/Prone – Pacific Paddle Games : « Ce n’est pas aux athlètes de financer leur sélection »

Samedi à Papara, la sélection tahitienne de stand up padle et prone a été finalisée. 15 athlètes vont participer à la plus grosse compétition de SUP Race au monde, les « Pacific Paddle Games ». Pour Stéphan Lambert, un des instigateurs, cette sélection est légitime car issue d’un long championnat. Les athlètes n’auront quasiment rien à débourser lors de leur déplacement grâce à un système qui se veut adapté aux besoins de notre élite sportive. La compétition aura lieu du 30 septembre au 2 octobre à Dana Point, en Californie.


Les Pacific Paddle Games, la plus grosse compet de Sup Race au monde © Lorenzo Menendez / Supthemag
Stéphan Lambert a déjà prouvé sa volonté d’innover, sa volonté de relier le sport à la culture, à la santé et au tourisme. Pour Stéphan, « Certains sélectionnés de diverses disciplines se demandent parfois s’il conservent leur t-shirt « Tahiti » sur les podiums, alors qu’ils ont financé eux-mêmes les frais annexes à leur déplacement. » Cet état de fait l’a poussé à concevoir un système innovant pour optimiser les résultats des sportifs polynésiens et les retombées inhérentes.
 
Ces questions d’accompagnement des sportifs polynésiens ont été soulevées dernièrement à travers un article Tahiti Infos Sports. Stéphan Lambert a mis en place un système qui a su répondre à une certaine problématique d’accompagnement des athlètes, à travers une synergie entre une fédération de tutelle, la compagnie Air Tahiti Nui et sa société privée Kainalu XT qui gère partenaires privés, contacts avec les athlètes et les organisateurs d’évènements et couverture médiatique.
 
En gros, la nouveauté c’est qu’il a su convaincre la fédération de tutelle, la fédération tahitienne de surf et son nouveau président Lionel Teihotu, de financer en partie les frais sur place des athlètes. Ainsi la sélection est optimisée, composée de presque tous les meilleurs athlètes de la discipline et pas de ceux qui ont les moyens de financer leurs frais sur place.
 
L’autre nouveauté a été de bien choisir l’événement sportif, en l’occurrence les « Pacific Paddle Games ». Prenant l’exemple des championnats du monde de surf ISA auquel Tahiti participe régulièrement, un événement de prestige où l’élite du sport Pro est absente, il met en avant la possibilité pour une fédération de mieux utiliser ses forces financières grâce au choix de l’événement qui proposera de meilleures retombées pour les athlètes, pour les sponsors et pour le Pays.
 
C’est une première, alors que les années passées les Tahitiens ont participé de manière disparate et à leurs frais aux « Pacific Paddle Games » qui est la compétition de SUP Race la plus importante au monde, là c’est une véritable armada de Tahitiens qui va débarquer en Californie, tous frais pris en charge. Cette participation en masse risque de faire du bruit dans le monde du SUP Race. Les athlètes seront également dans de bonnes dispositions pour performer, au sein d’un team composé de l’élite tahitienne de la discipline.
 
Le « système » en est à ses débuts, quelques pointures du SUP Race et du Prone n’ont pas pu faire partie de la sélection pour questions d’organisation personnelle, comme Steeve Teihotaata, Rete Ebb ou encore Bruno Tauhiro. SB

Stéphan Lambert, est un précurseur dans son domaine
 
Stéphan Lambert, gérant de Kainalu XT :
 
Le team représente l’élite de la discipline ?
 
« Nous avons construit un championnat pour créer une hiérarchie dans laquelle nous avons puisé un certain nombre d’athlètes dans le but de participer à un événement international avec lequel on s’associe pour faire des échanges qui marchent des deux côtés, dans ce cas les Pacific Paddle Games. »
 
« Le championnat de Tahiti de la fédération tahitienne de surf, en SUP et en prone, a comporté pas moins de 14 évènements, on a retenu un Top 10 et les 5 dernières places ont été déterminées à Papara samedi. Cela donne une légitimité indiscutable aux athlètes sélectionnés. »
 
« Cela donne aussi un sens à pourquoi un athlète participe à un championnat. Il faut qu’un championnat donne lieu à une récompense qui est pour un athlète de pouvoir aller s’exprimer à l’extérieur en ayant une chance de se faire remarquer. Les Pacific Paddle Games, pour le SUP, on ne peut pas trouver mieux. »
 
Et l’athlète est quasi totalement pris en charge ?
 
« C’est tout le but, parce que faire des « teams Tahiti », cela a déjà été fait depuis des années mais si on creuse, qui finance les déplacements ? Si c’est l’athlète, il suffit qu’une bande de copains passe à travers une agence de voyage et cela devient un trip sportif qui n’est pas représentatif de l’élite, cela sera représentatif du pouvoir d’achat des parents de certains athlètes. Ce n’est pas à l’athlète à financer sa sélection. C’est le sélectionneur qui doit financer le sélectionné. »
 
« On a un groupement avec le transporteur aérien Air Tahiti Nui, la fédération tahitienne de surf qui investit dans le projet et un prestataire de service Kainalu XT qui bouche les trous avec les partenaires privés pour que l’athlète n’ait quasiment rien à mettre de sa poche. 10 ou 15 000 fcp pour tout le déplacement, c’est un maximum qui doit leur être demandé. »
 
C’est une synergie entre un financement fédéral, Air Tahiti Nui et les entreprises privées démarchées par KXT ?
 
« Les partenaires privés vont soutenir le sport polynésien à partir du moment où il y a une crédibilité dans le mode de sélection qui sort les meilleurs éléments. La confiance s’installe car le partenaire privé va s’y retrouver. La compagnie ATN également a besoin d’une légitimité dans la sélection qui va proposer les meilleurs atouts pour un meilleur retour. »
 
Le choix de l’événement est également capital ?
 
« C’est capital si on veut un retour sur investissement important. Si on investit, c’est au bénéfice de l’athlète et indirectement au bénéfice du fenua. Il faut impérativement trouver des évènements qui bénéficient d’une grosse couverture médiatique, qui attirent les meilleurs athlètes de la discipline auxquels nos champions seront confrontés mais aussi les plus gros sponsors du buisness au monde, les plus gros producteurs de planches. Et s’ils ont une chance de se faire remarquer, c’est vraiment là. Un jeune Polynésien pourrait se voir proposer un contrat très rapidement. »

Cette année, un montant jamais atteint en prize money pour ces PPG : 60 000 US$
Quelques mots sur ta structure privée Kainalu XT ?
 
« Entre le Waterman Tahiti Tour, les différents championnats de Polynésie de prone, de SUP, de bodysurf, le championnat de pirogue à voile, la société Kainalu XT participe directement ou indirectement à l’organisation de quasiment 45 évènements sportifs dans l’année. »
 
Air Tahiti Nui est un acteur important mais les choses ne pourrait-elles pas être améliorées du côté du gouvernement ?
 
« Certainement que l’accompagnement des fonds publics sur ce genre de projet est important mais on ne peut pas tout attendre de cela. C’est une aide au développement. C’est aussi aux fédérations, aux clubs de se prendre en charge, de trouver des investissements pour développer ce genre de projets. On ne peut demander aux gouvernements, aux différents ministères des sports, de financer à 100%, ce n’est pas leur rôle. »
 
« Par contre, qu’ils anticipent par rapport aux besoins spécifiques d’un athlète de haut niveau et qu’il puissent avoir une enveloppe dédiée, oui. C’est bien beau d’envoyer un athlète grâce à Air Tahiti Nui mais derrière il y a beaucoup de frais qui s’accompagnent. Si c’est à l’athlète de supporter ça, même avec le billet gratuit, il ne pourra pas. C’est dans ces moments qu’il faudrait rendre disponible une cagnotte au niveau ministériel qui permette aux projets d’aboutir. »
 
Des aides existent mais sont-elles adaptées ?
 
« Ca c’est l’administratif qui est propre à ce secteur et qui n’est pas du tout assez réactif pour répondre au monde réel du sport qui est en totale évolution. Les athlètes ont des périodes où ils s’expriment vraiment bien et donc tout de suite il faut rebondir pour qu’ils puissent s’exprimer sur un événement à l’international, en aucun cas ce sont des scénarios prévisibles trop en avance. »
 
« Les stratégies oui, peuvent être prévues même un an en avance, les gros objectifs qui permettent aux jeunes polynésiens de pouvoir s’exprimer à l’international doivent eux être définis en avance car il faut du temps pour les financer, pour s’entrainer, pour communiquer dessus. »
 
Un dernier mot, un remerciement ?
 
« Il y a peu d’entreprises locales qui ont besoin de communiquer à l’international. Alors accompagner un « Team Tahiti » pour briller dans un marché international cela va être difficile à trouver. Par contre, des entreprises locales qui accompagnent à leur niveau les sportifs, cela leur donne l’impression de faire partie d’un système qui prend soin de ces athlètes et ça c’est important. On a de la chance que la fédération tahitienne de surf et son nouveau président Lionel Teihotu décide d’inverser le mode de financement en investissant dans les projets. »
 
« Air Tahiti Nui et Torea Colas son directeur marketing sont incontournables et soutiennent tout le sport polynésien, en partenariat avec un prestataire de service KXT qui connaît le milieu et qui a les contacts avec les organisateurs d’évènements, les athlètes et les médias pour que les investisseurs privés aient un bon retour : Noni Energy qui est une petite boite mais qui est au support des polynésiens, Reef Tahiti, Vodafone et Isuzu. »

C'est une armada composée de l'élite qui va débarquer en Californie le 27 septembre
La sélection est composée de 15 athlètes :
 
Niuhiti Buillard
Georges Cronsteadt
Lorenzo Bennett
Teva Poulain
Alexis Berthet
Keoni Sulpice
Tiavairau Chang
Puatea Ellis
Manatea Bopp-Dupont
Eric Léou-On
Patrick Vero
Keahi Agnieray
Maui Harehoe
Damien Girault
David Foster

Team Manager Thierry Tching
Chef de délégation Stéphan Lambert

Rédigé par SB le Dimanche 25 Septembre 2016 à 14:07 | Lu 4220 fois