L'ouvrage est disponible en librairie depuis jeudi.
PAPEETE, le 21 septembre 2018. L'Académie tahitienne vient de publier Rā'au tahiti, qui compile les différentes utilisations de la flore polynésienne. Cet ouvrage "soigne le corps et l'esprit", a souligné Flora Devatine, présidente de l'Académie tahitienne.
"Peut-être que des lecteurs vont se sentir frustrés", reconnait Flora Devatine, présidente de l'Académie tahitienne. "Mais pour nous, c'était important de faire cet ouvrage ainsi pour soigner le corps et l'esprit." L'Académie tahitienne vient de publier l'ouvrage Rā'au tahiti. Rédigé en langue tahitienne, il recense les différentes utilisations de la flore locale pour prévenir certains maux ou les guérir. Mais cet ouvrage n'est pas un simple inventaire de recettes. "C'est la mise en valeur du patrimoine intérieur des Polynésiens dans leur langue", souligne Flora Devatine. "Nous espérons que cela donnera envie aux gens de comprendre. C'était naturel que cela soit écrit en tahitien."
Mgr Hubert Coppenrath complète : "Ce n'est pas un livre pour que n'importe qui compose ses remèdes. Il s'adresse aux spécialistes".
Yvette Tapea-Temauri, Viriginia Teriiama et Florienne Panai ont travaillé sur la collecte des rā'au. "Les personnes âgées ont reçu ces savoirs de nos ancêtres. Elles étaient heureuses de nous donner leurs recettes", souligne Yvette Temauri, aussi présidente de la chambre d'agriculture et de la pêche lagonaire. "Dans les archipels, beaucoup de māmā et de pāpā connaissent les rā'au tahiti mais ils ne le montrent pas. Ils les transmettent auprès de gens en qui ils ont confiance."
Le conseil des ministres a accordé une subvention de 1,9 million de Fcfp à l’Académie tahitienne (Fare Vana’a) pour qu'elle puisse éditer cet ouvrage sur les plantes de Polynésie française.
"Nos ancêtres guérisseurs, grâce à leur connaissance empirique, ont pu découvrir les vertus des plantes, les meilleures associations, les périodes de cueillette les plus propices en fonction des saisons et des cycles lunaires et les modes de préparation les plus efficaces, ce qui leur permit de vivre en symbiose avec la nature en étant parfaitement adaptés à leur environnement", souligne Tearii Alpha, ministre de l’Economie verte. "Seule une infime partie des ressources végétales de nos îles ont été scientifiquement analysées. Il est donc nécessaire de créer des passerelles entre les connaissances traditionnelles en matière de médecine et la recherche scientifique, le noble objectif commun, étant en définitive, de soulager et de guérir les êtres humains et de contribuer ainsi au bien-être de l'humanité."
Cet ouvrage servira aussi de référence au projet d’arboretum souhaité par le ministère. Des exemplaires de cet ouvrage seront offerts aux établissements scolaires du premier degré ainsi qu’aux acteurs du monde agricole.
"Peut-être que des lecteurs vont se sentir frustrés", reconnait Flora Devatine, présidente de l'Académie tahitienne. "Mais pour nous, c'était important de faire cet ouvrage ainsi pour soigner le corps et l'esprit." L'Académie tahitienne vient de publier l'ouvrage Rā'au tahiti. Rédigé en langue tahitienne, il recense les différentes utilisations de la flore locale pour prévenir certains maux ou les guérir. Mais cet ouvrage n'est pas un simple inventaire de recettes. "C'est la mise en valeur du patrimoine intérieur des Polynésiens dans leur langue", souligne Flora Devatine. "Nous espérons que cela donnera envie aux gens de comprendre. C'était naturel que cela soit écrit en tahitien."
Mgr Hubert Coppenrath complète : "Ce n'est pas un livre pour que n'importe qui compose ses remèdes. Il s'adresse aux spécialistes".
Yvette Tapea-Temauri, Viriginia Teriiama et Florienne Panai ont travaillé sur la collecte des rā'au. "Les personnes âgées ont reçu ces savoirs de nos ancêtres. Elles étaient heureuses de nous donner leurs recettes", souligne Yvette Temauri, aussi présidente de la chambre d'agriculture et de la pêche lagonaire. "Dans les archipels, beaucoup de māmā et de pāpā connaissent les rā'au tahiti mais ils ne le montrent pas. Ils les transmettent auprès de gens en qui ils ont confiance."
Le conseil des ministres a accordé une subvention de 1,9 million de Fcfp à l’Académie tahitienne (Fare Vana’a) pour qu'elle puisse éditer cet ouvrage sur les plantes de Polynésie française.
"Nos ancêtres guérisseurs, grâce à leur connaissance empirique, ont pu découvrir les vertus des plantes, les meilleures associations, les périodes de cueillette les plus propices en fonction des saisons et des cycles lunaires et les modes de préparation les plus efficaces, ce qui leur permit de vivre en symbiose avec la nature en étant parfaitement adaptés à leur environnement", souligne Tearii Alpha, ministre de l’Economie verte. "Seule une infime partie des ressources végétales de nos îles ont été scientifiquement analysées. Il est donc nécessaire de créer des passerelles entre les connaissances traditionnelles en matière de médecine et la recherche scientifique, le noble objectif commun, étant en définitive, de soulager et de guérir les êtres humains et de contribuer ainsi au bien-être de l'humanité."
Cet ouvrage servira aussi de référence au projet d’arboretum souhaité par le ministère. Des exemplaires de cet ouvrage seront offerts aux établissements scolaires du premier degré ainsi qu’aux acteurs du monde agricole.
Flora Devatine, présidente de l'Académie tahitienne
"En tahitien, la relation corps-esprit est forte"
Vous avez souligné que l'ouvrage Rā'au tahiti "soigne le corps et l'esprit". Ce n'est pas une simple compilation de remèdes traditionnels.
"La langue c'est l'âme du Pays, c'est l'âme de la société. Grâce à cet ouvrage, des mots vont reprendre du sens. On va enfin porter un regard d'intérêt sur la langue et les mots spécifiques à travers ses recettes médicinales, au-delà de ce qui constitue l'objectif de la médecine traditionnelle, la guérison.
En tahitien, la relation corps-esprit est forte. On l'oublie toujours. Par exemple, au Heiva, quand on entend les chants. Le texte est un paripari fenua, une célébration de la terre mais c'est aussi guérir le corps et l'âme. Paripari signifie glorifier, célébrer la terre mais on a oublié l'autre sens qui est de guerrier, apporter un baume à l'âme et au corps.
Les Polynésiens arrivent-ils aujourd'hui à se réapproprier les rā'au selon vous ?
"Quelque part c'est le but recherché à travers cet ouvrage. Je suppose même que c'est le cas au niveau gouvernemental. C'est quelque chose qu'on ne dit pas peut-être mais on ne peut pas continuer à soigner uniquement avec la médecine classique, qui est importante, mais il faut prendre tout ce qui contribue au bien-être et au mieux-être. Cette médecine traditionnelle a sa part dans le bien-être de notre société."
Vous avez souligné que l'ouvrage Rā'au tahiti "soigne le corps et l'esprit". Ce n'est pas une simple compilation de remèdes traditionnels.
"La langue c'est l'âme du Pays, c'est l'âme de la société. Grâce à cet ouvrage, des mots vont reprendre du sens. On va enfin porter un regard d'intérêt sur la langue et les mots spécifiques à travers ses recettes médicinales, au-delà de ce qui constitue l'objectif de la médecine traditionnelle, la guérison.
En tahitien, la relation corps-esprit est forte. On l'oublie toujours. Par exemple, au Heiva, quand on entend les chants. Le texte est un paripari fenua, une célébration de la terre mais c'est aussi guérir le corps et l'âme. Paripari signifie glorifier, célébrer la terre mais on a oublié l'autre sens qui est de guerrier, apporter un baume à l'âme et au corps.
Les Polynésiens arrivent-ils aujourd'hui à se réapproprier les rā'au selon vous ?
"Quelque part c'est le but recherché à travers cet ouvrage. Je suppose même que c'est le cas au niveau gouvernemental. C'est quelque chose qu'on ne dit pas peut-être mais on ne peut pas continuer à soigner uniquement avec la médecine classique, qui est importante, mais il faut prendre tout ce qui contribue au bien-être et au mieux-être. Cette médecine traditionnelle a sa part dans le bien-être de notre société."
Yvette Temauri, membre de l'Académie tahitienne et présidente de la chambre d'agriculture et de la pêche lagonaire
"Les māmā et des pāpā te préparent un rā'au quand ils ont confiance en toi "
Comment vous êtes-vous organisés pour récolter toutes ces connaissances ?
"Avec la chambre d'agriculture, on organise des marchés du terroir. On y rencontre des māmā et des pāpā qui font des rā'au tahiti. Je discute avec eux et je leur demande si on peut avoir les recettes."
Ces connaissances sont-elles encore répandues dans les archipels ?
"Oui, il y en a encore beaucoup. Mais ce ne sont pas eux qui vont vers toi. Il faut aller vers eux. Ils ne donneront pas à n'importe qui. Ils ne veulent pas avoir des problèmes. Ils te préparent un rā'au quand ils ont confiance en toi. "
Comment vous êtes-vous organisés pour récolter toutes ces connaissances ?
"Avec la chambre d'agriculture, on organise des marchés du terroir. On y rencontre des māmā et des pāpā qui font des rā'au tahiti. Je discute avec eux et je leur demande si on peut avoir les recettes."
Ces connaissances sont-elles encore répandues dans les archipels ?
"Oui, il y en a encore beaucoup. Mais ce ne sont pas eux qui vont vers toi. Il faut aller vers eux. Ils ne donneront pas à n'importe qui. Ils ne veulent pas avoir des problèmes. Ils te préparent un rā'au quand ils ont confiance en toi. "