Ruth Manea, Miss Tahiti 1985


TAHITI, le 10 mai 2021 - Pour Ruth Manea, l’élection et le sacre paraissaient si loin de son île de Tahaa ! Pourtant, elle a terminé sur la première marche du podium Miss Tahiti en 1985. Tahiti, "la ville lumière" et l’aventure l’ont transformée à tout jamais. Elle a gagné en confiance et en estime d’elle-même.

"Je suis devenue un papillon grâce à l’élection", résume Ruth Manea. Elle a été sacrée Miss Tahiti en 1985 après avoir été élue Miss Raiatea et avant de se présenter à Miss Monde, à Londres. Ruth Manea vivait à Patio, à Tahaa et, pour elle, Miss Tahiti était "un monde à part, inaccessible". Elle a été approchée à plusieurs reprises pour participer à l’élection de Miss Raiatea. L’un des membres du comité travaillait au lycée de Raiatea où elle suivait sa scolarité, il a consulté sa mère. "Et comme toutes les mamans à qui on dit que sa fille est belle, elle a accepté", raconte Ruth Manea. Son père, diacre, n’imaginait pas sa fille défiler sous la lumière des projecteurs en maillot de bain. "On a reçu une éducation très religieuse et tout cela paraissait impensable, je me disais que je n’étais pas assez jolie malgré les encouragements." Sa mère l’a inscrite à l’élection Miss Raiatea, sans l‘accord de son père.

Ruth Manea a séduit le jury. "Et mon père a sans doute été le plus fier de ce résultat !" Elle a été inscrite à l’élection de Miss Tahiti. "Je partais pour la ville lumière. En arrivant, à côté des autres candidates, je me sentais si petite !" Grâce à l’aventure, la préparation, le sacre, l’année de règne, les rencontres… la jeune fille de Tahaa a changé de monde, elle a gagné en confiance en elle, en estime d’elle-même. "Le jour J, c’est comme si j’étais quelqu’un d’autre." Elle était "comme sur un petit nuage". Le changement avait déjà commencé. C’était en 1985. Elle pensait rentrer à Tahaa après l’élection, mais elle a dû rester à Tahiti. Elle s’est inscrite au lycée Gauguin pour poursuivre ses études. "Ma mère s’est battue pour que je continue mes études." Ce qui lui a permis de devenir conseillère pédagogique dans l’éducation.

Elle a participé, en tant que Miss Tahiti, a Miss Monde. L’élection avait lieu à Londres cette année-là. Une nouvelle expérience après un voyage "difficile", long et fatiguant. De cette aventure, elle garde le meilleur. Elle se rend compte avec le recul des compétences et aptitudes qu’elle a pu développer. Elle affirme par ailleurs que le dicton "miss un jour miss toujours" n’est pas vain. "Cela n’est pas du tout banal dans une vie !" Elle reconnaît que, pour ne pas être happé par un monde qui n’est pas toujours positif, il faut "garder la tête sur les épaules. Si on n'est pas accompagné, cela peut-être dur à vivre". Heureusement, le comité organisateur ne l’oublie pas et, souvent, l’entourage familial et amical des miss non plus.



Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 10 Mai 2021 à 16:17 | Lu 5868 fois