Le cliché emblématique du sentier perdu. On se croirait face à un monstre ricanant et montrant ses crocs.
Tahiti, le 10 septembre 2021 - S’il y a bien une île singulière en Polynésie française, c’est Rurutu qui, par la suite de complexes caprices géologiques, a subi au fil du temps lui aussi géologique de profondes modifications. Elle aurait pu, comme sa voisine des Australes Tubuai, mener une vie tranquille, à savoir former un beau volcan, puis lentement s’enfoncer dans la plaque tectonique supportant son poids, se voir cerner un magnifique lagon aux couleurs larimar séparé de l’océan indigo par un lointain récif barrière. Ça, c’est ce que la logique voulait. Mais les dieux des enfers, au plus profond de l’écorce terrestre, en avaient décidé autrement...
Qui sont les créatures et divinités chtoniennes ayant décidé de s’amuser avec l’île de Rurutu en la secouant régulièrement au point d’en faire une construction unique dans la vaste Polynésie française ? Nul ne sait, mais une chose est sûre, démons et succubes s’en sont donné à cœur joie avec ce caillou perdu des Australes. Revenons quelques instants sur sa genèse telle qu’expliquée aujourd’hui par les géologues.
Qui sont les créatures et divinités chtoniennes ayant décidé de s’amuser avec l’île de Rurutu en la secouant régulièrement au point d’en faire une construction unique dans la vaste Polynésie française ? Nul ne sait, mais une chose est sûre, démons et succubes s’en sont donné à cœur joie avec ce caillou perdu des Australes. Revenons quelques instants sur sa genèse telle qu’expliquée aujourd’hui par les géologues.
Qu’on l’appelle calcite ou aragonite, c’est toujours du calcaire qui domine au cœur des falaises surélevées.
Il y a treize millions d’années
Il y a environ treize millions d’années, un point chaud, le MacDonald, perça le fond de l’océan et commença à y déverser des quantités phénoménales de lave. Se forma ainsi, pendant des centaines de milliers d’années, un volcan sous-marin en forme de bouclier, volcan qui finit entre douze et dix millions et demi d’années à émerger et à donner vie à une île de grandes dimensions.
Le point chaud demeura fixe, mais la plaque tectonique dérivant légèrement, la cheminée du volcan finit par ne plus être dans l’axe de ce point chaud et donc à ne plus être alimentée en lave fluide. Rurutu, qui n’avait évidemment pas encore de nom, se figea et entama son cycle de vie comme l’avait déjà fait Tubuai et Raivavae avant elle. Un trottoir récifal entoura l’île de ses constructions coralliennes ; petit à petit, le volcan s’enfonça (phénomène de subsidence) alors que le corail du récif devait demeurer proche de la surface pour que les algues microscopiques le nourrissant puissent continuer leur photosynthèse grâce à la lumière du soleil.
Il y a environ treize millions d’années, un point chaud, le MacDonald, perça le fond de l’océan et commença à y déverser des quantités phénoménales de lave. Se forma ainsi, pendant des centaines de milliers d’années, un volcan sous-marin en forme de bouclier, volcan qui finit entre douze et dix millions et demi d’années à émerger et à donner vie à une île de grandes dimensions.
Le point chaud demeura fixe, mais la plaque tectonique dérivant légèrement, la cheminée du volcan finit par ne plus être dans l’axe de ce point chaud et donc à ne plus être alimentée en lave fluide. Rurutu, qui n’avait évidemment pas encore de nom, se figea et entama son cycle de vie comme l’avait déjà fait Tubuai et Raivavae avant elle. Un trottoir récifal entoura l’île de ses constructions coralliennes ; petit à petit, le volcan s’enfonça (phénomène de subsidence) alors que le corail du récif devait demeurer proche de la surface pour que les algues microscopiques le nourrissant puissent continuer leur photosynthèse grâce à la lumière du soleil.
La barrière de corail et le lagon de Rurutu ont été soulevés de plusieurs dizaines de mètres de hauteur pendant quelques millions d’années, un nouveau lagon et une nouvelle barrière de corail s’étant formés plus récemment au pied des falaises de calcaire.
La lithosphère rajeunit
Plus le volcan s’enfonçait, plus la barrière de corail paraissait s’éloigner, un lagon de plus en plus large se formant comme dans n’importe laquelle de nos îles. Ce mécanisme se déroula durant quatre millions d’années environ mais il y a six millions et demi d’années, la lithosphère, qui supportait le poids de Rurutu, “rajeunit” et se souleva, à raison d’un peu moins d’un dixième de millimètre par an, ce qui aboutit à un soulèvement de l’île de cinquante à soixante dix-mètres (les scientifiques parlent d’un rajeunissement thermique de cette lithosphère). Du coup, la barrière de corail et le lagon se retrouvèrent hors d’eau de plusieurs dizaines de mètres livrant à l’érosion les falaises calcaires que l’on peut admirer et explorer aujourd’hui.
Sacrée aventure, nous direz-vous, qui aurait pu en rester là, mais ce soulèvement régulier de la lithosphère et donc de toute l’île de Rurutu était le prélude à un autre phénomène d’une ampleur exceptionnelle : Rurutu, alors à plus de mille kilomètres du point chaud lui ayant donné le jour, passa sur un autre point chaud qui se mit à vomir sa lave il y a un peu plus d’un million d’années, le mont Arago (appelé Te Tuana’i en tahitien).
Plus le volcan s’enfonçait, plus la barrière de corail paraissait s’éloigner, un lagon de plus en plus large se formant comme dans n’importe laquelle de nos îles. Ce mécanisme se déroula durant quatre millions d’années environ mais il y a six millions et demi d’années, la lithosphère, qui supportait le poids de Rurutu, “rajeunit” et se souleva, à raison d’un peu moins d’un dixième de millimètre par an, ce qui aboutit à un soulèvement de l’île de cinquante à soixante dix-mètres (les scientifiques parlent d’un rajeunissement thermique de cette lithosphère). Du coup, la barrière de corail et le lagon se retrouvèrent hors d’eau de plusieurs dizaines de mètres livrant à l’érosion les falaises calcaires que l’on peut admirer et explorer aujourd’hui.
Sacrée aventure, nous direz-vous, qui aurait pu en rester là, mais ce soulèvement régulier de la lithosphère et donc de toute l’île de Rurutu était le prélude à un autre phénomène d’une ampleur exceptionnelle : Rurutu, alors à plus de mille kilomètres du point chaud lui ayant donné le jour, passa sur un autre point chaud qui se mit à vomir sa lave il y a un peu plus d’un million d’années, le mont Arago (appelé Te Tuana’i en tahitien).
Le ciel s’est couvert, la mer s’est formée, finalement c’est encore dans la mâchoire du monstre que l’on est le plus à l’abri.
Quand l’océan joue au yoyo
Le passage sur ce deuxième point chaud se caractérisa par de nouveaux épanchements de lave, de très grande ampleur puisque c’est à cette époque que les plus hauts sommets de l’île virent le jour (massif du Manureva (398 m), Taati’Oe (389 m), Te’Ape (369 m) et massifs périphériques au sud des villages d’Avera et de Hauti (mont Erai, 289 m et mont Rairiri, 263 m).
Cette reprise très violente de l’activité volcanique a également donné naissance, au sud de Rurutu, au volcan Naairoa. Un volcan qui s’effondra il y a un million d’années et qui s’est éteint. En soulevant le sud de Rurutu, il a achevé de mettre au jour les parties coralliennes du lagon, créant ainsi, grâce aux pluies abondantes, un relief karstique typique des substrats constitués de calcaire et d’aragonite.
Enfin, pour achever ce travail de remodelage de Rurutu, il y a environ cent vingt mille ans, le niveau des océans était plus haut d’une dizaine de mètres ; les vagues, en heurtant les falaises, ont créé une encoche littorale très visible ; la démonstration la plus éloquente est la grotte de Tupumai, proche de l’aéroport, dont le plafond est couvert de coquillages, preuve de ce travail de sape de la côte par l’océan.
De cette gigantesque “cuisine géologique”, dont nous avons essayé de simplifier le processus, il nous reste aujourd’hui, à cinq cent soixante douze kilomètres de Tahiti, une île pleine de surprises, longue de dix kilomètres, large de cinq, occupant une surface de trente deux kilomètres carrés, peuplée d’environ deux mille cinq cents personnes.
Le passage sur ce deuxième point chaud se caractérisa par de nouveaux épanchements de lave, de très grande ampleur puisque c’est à cette époque que les plus hauts sommets de l’île virent le jour (massif du Manureva (398 m), Taati’Oe (389 m), Te’Ape (369 m) et massifs périphériques au sud des villages d’Avera et de Hauti (mont Erai, 289 m et mont Rairiri, 263 m).
Cette reprise très violente de l’activité volcanique a également donné naissance, au sud de Rurutu, au volcan Naairoa. Un volcan qui s’effondra il y a un million d’années et qui s’est éteint. En soulevant le sud de Rurutu, il a achevé de mettre au jour les parties coralliennes du lagon, créant ainsi, grâce aux pluies abondantes, un relief karstique typique des substrats constitués de calcaire et d’aragonite.
Enfin, pour achever ce travail de remodelage de Rurutu, il y a environ cent vingt mille ans, le niveau des océans était plus haut d’une dizaine de mètres ; les vagues, en heurtant les falaises, ont créé une encoche littorale très visible ; la démonstration la plus éloquente est la grotte de Tupumai, proche de l’aéroport, dont le plafond est couvert de coquillages, preuve de ce travail de sape de la côte par l’océan.
De cette gigantesque “cuisine géologique”, dont nous avons essayé de simplifier le processus, il nous reste aujourd’hui, à cinq cent soixante douze kilomètres de Tahiti, une île pleine de surprises, longue de dix kilomètres, large de cinq, occupant une surface de trente deux kilomètres carrés, peuplée d’environ deux mille cinq cents personnes.
Le ballet des baleines
Pour les visiteurs modernes, Rurutu présente bien des attraits ; le plus connu, mis en valeur grâce au Raie Manta Club d’Yves Lefèvre il y a quelques décennies, a été l’observation des baleines à bosses, toujours fidèles à cette île de juillet à octobre environ : elles viennent mettre bas ou se reproduire.
Si elles font certes la même chose autour de Tubuai par exemple, à Rurutu, l’absence de lagon permet de les observer depuis la côte, à partir de promontoires, certains fort bien aménagés ; des Rurutu bien organisés et disposant des autorisations nécessaires organisent également des sorties en mer pour pouvoir observer de plus près ces mégaptères, soit à partir de leur embarcation soit avec palmes, masque et tuba, dans l’eau. Rencontres toujours extrêmement émouvantes on s’en doute !
Pour les visiteurs modernes, Rurutu présente bien des attraits ; le plus connu, mis en valeur grâce au Raie Manta Club d’Yves Lefèvre il y a quelques décennies, a été l’observation des baleines à bosses, toujours fidèles à cette île de juillet à octobre environ : elles viennent mettre bas ou se reproduire.
Si elles font certes la même chose autour de Tubuai par exemple, à Rurutu, l’absence de lagon permet de les observer depuis la côte, à partir de promontoires, certains fort bien aménagés ; des Rurutu bien organisés et disposant des autorisations nécessaires organisent également des sorties en mer pour pouvoir observer de plus près ces mégaptères, soit à partir de leur embarcation soit avec palmes, masque et tuba, dans l’eau. Rencontres toujours extrêmement émouvantes on s’en doute !
Mitterrand “underground”
L’autre richesse de Rurutu est directement liée à sa géologie passée tourmentée : certaines grottes sont très faciles à explorer ou tout au moins à visiter, comme la fameuse Ana Ae’o, appelée aussi “grotte Mitterrand” ; elle est affublée de ce surnom depuis que l’ancien président de la République, en 1990, vint y recevoir une copie du “code Rurutu” ; par ce geste, les habitants de l’île voulaient signifier à leur visiteur de marque qu’ils se considéraient comme des Français à part entière et qu’ils n’avaient plus besoin d’un code de lois spécifiques, les lois que la France appliquait au reste de la Polynésie française étant acceptées.
Mais de toutes les surprises géologiques à découvrir, indubitablement, c’est à la falaise de Toarutu qu’il vous faut consacrer deux à trois heures. Compte tenu de l’exposition de celle-ci face au soleil levant, il est impératif d’effectuer cette randonnée le matin, la lumière mettant alors admirablement en valeur les constructions d’aragonite qui s’offrent aux visiteurs.
L’autre richesse de Rurutu est directement liée à sa géologie passée tourmentée : certaines grottes sont très faciles à explorer ou tout au moins à visiter, comme la fameuse Ana Ae’o, appelée aussi “grotte Mitterrand” ; elle est affublée de ce surnom depuis que l’ancien président de la République, en 1990, vint y recevoir une copie du “code Rurutu” ; par ce geste, les habitants de l’île voulaient signifier à leur visiteur de marque qu’ils se considéraient comme des Français à part entière et qu’ils n’avaient plus besoin d’un code de lois spécifiques, les lois que la France appliquait au reste de la Polynésie française étant acceptées.
Mais de toutes les surprises géologiques à découvrir, indubitablement, c’est à la falaise de Toarutu qu’il vous faut consacrer deux à trois heures. Compte tenu de l’exposition de celle-ci face au soleil levant, il est impératif d’effectuer cette randonnée le matin, la lumière mettant alors admirablement en valeur les constructions d’aragonite qui s’offrent aux visiteurs.
Vous vous êtes souvent demandé comment c’était dans la gueule d’un crocodile ? Ce doit être un peu comme cela...
Une première grotte gigantesque
Le point de départ se situe sur la commune de Hauti, côte est de l’île donc. Le parcours, pour peu que l’on prenne son temps (les possibilités de très belles photos sont innombrables) demande un minimum de deux heures, mais trois ne seront pas de trop.
Il est indispensable, eu égard à certains passages assez techniques, de prendre un guide. Habitué de la falaise où il est aussi à l’aise que chez lui, Reti sera à même de vous conduire en toute sécurité. La première partie de la randonnée s’effectue les pieds dans le sable et parfois dans l’eau ; à partir de la plage de Hauti, il faut longer à marée basse si possible la falaise Toarutu avant de bifurquer sur la gauche et de commencer à suivre un sentier qui aboutit à une première grotte pour le moins gigantesque où les constructions calcaires sont très spectaculaires.
Le site, avant l’arrivée des Européens, était habité et avait également sans doute servi de lieu de sépultures.
Le point de départ se situe sur la commune de Hauti, côte est de l’île donc. Le parcours, pour peu que l’on prenne son temps (les possibilités de très belles photos sont innombrables) demande un minimum de deux heures, mais trois ne seront pas de trop.
Il est indispensable, eu égard à certains passages assez techniques, de prendre un guide. Habitué de la falaise où il est aussi à l’aise que chez lui, Reti sera à même de vous conduire en toute sécurité. La première partie de la randonnée s’effectue les pieds dans le sable et parfois dans l’eau ; à partir de la plage de Hauti, il faut longer à marée basse si possible la falaise Toarutu avant de bifurquer sur la gauche et de commencer à suivre un sentier qui aboutit à une première grotte pour le moins gigantesque où les constructions calcaires sont très spectaculaires.
Le site, avant l’arrivée des Européens, était habité et avait également sans doute servi de lieu de sépultures.
On voit bien, sur cette photo, qu’à une époque, le niveau de la mer était différent, un rebord ayant été creusé par la houle et des concrétions de calcaire s’étant ensuite formées.
Dans la gueule du monstre
C’est au sortir de la grotte que les premières difficultés s’annoncent et c’est là que la présence d’un guide s’avère plus que nécessaire, car dans les parties acrobatiques et aériennes, c’est lui qui indique où se trouvent les prises et comment franchir l’obstacle.
Le point d’orgue de cette exceptionnelle randonnée, à nos yeux l’une des plus belles sinon la plus belle de Polynésie française, est l’arrivée dans “la gueule du monstre” : il s’agit d’une grotte ouverte sur l’océan, dont les stalagmites et les stalactites se sont rejoints et font évidemment penser à une gueule pavée de crocs façon dragon asiatique. Le site est d’autant plus spectaculaire que l’on se trouve alors quelques dizaines de mètres au-dessus de l’océan dont les vagues viennent se fracasser contre la paroi avec une rare brutalité.
On est alors aux deux-tiers de la randonnée. Il reste encore un parcours assez long à effectuer, toujours le long de la falaise et au-dessus de l’océan, avant de se faufiler sur un petit sentier à peine visible qui conduit à des éboulis. Les pieds dans l’eau, une petite marche permet de retrouver la route de ceinture où, si votre guide est sérieux –et c’est le cas de Reti– vous attend la voiture et le chauffeur qui vous ramèneront à votre hébergement. Le plus proche, dans la direction de Moerai, mais à quinze minutes (à pied) de la falaise, est le Manotel d’Yves et Hélène Gentilhomme, dont les bungalows sont noyés dans un spectaculaire jardin fleuri.
Nous vous laissons admirer en images quelques-unes des particularités géologiques de ce “sentier perdu” qui, à lui seul, vaut le déplacement à Rurutu !
C’est au sortir de la grotte que les premières difficultés s’annoncent et c’est là que la présence d’un guide s’avère plus que nécessaire, car dans les parties acrobatiques et aériennes, c’est lui qui indique où se trouvent les prises et comment franchir l’obstacle.
Le point d’orgue de cette exceptionnelle randonnée, à nos yeux l’une des plus belles sinon la plus belle de Polynésie française, est l’arrivée dans “la gueule du monstre” : il s’agit d’une grotte ouverte sur l’océan, dont les stalagmites et les stalactites se sont rejoints et font évidemment penser à une gueule pavée de crocs façon dragon asiatique. Le site est d’autant plus spectaculaire que l’on se trouve alors quelques dizaines de mètres au-dessus de l’océan dont les vagues viennent se fracasser contre la paroi avec une rare brutalité.
On est alors aux deux-tiers de la randonnée. Il reste encore un parcours assez long à effectuer, toujours le long de la falaise et au-dessus de l’océan, avant de se faufiler sur un petit sentier à peine visible qui conduit à des éboulis. Les pieds dans l’eau, une petite marche permet de retrouver la route de ceinture où, si votre guide est sérieux –et c’est le cas de Reti– vous attend la voiture et le chauffeur qui vous ramèneront à votre hébergement. Le plus proche, dans la direction de Moerai, mais à quinze minutes (à pied) de la falaise, est le Manotel d’Yves et Hélène Gentilhomme, dont les bungalows sont noyés dans un spectaculaire jardin fleuri.
Nous vous laissons admirer en images quelques-unes des particularités géologiques de ce “sentier perdu” qui, à lui seul, vaut le déplacement à Rurutu !
Des grottes menacées
Neti, notre guide, est un peu le “monsieur cavernes” de Rurutu. Non seulement il les connaît bien, mais c’est toujours un plaisir que de se faire guider par celui qui sait exactement où mettre ses pieds et ses mains dans les passages difficiles.
Rurutu est un extraordinaire gruyère dans ses parties calcaires, où s’est développé un paysage karstique que l’on pourrait comparer à Makatea. Evidemment si Makatea est difficile d’accès, on ne peut pas en dire autant de Rurutu où des avions se posent quotidiennement. Ces grottes, au moins celles en bord de route aisées à visiter, étaient pleines d’extraordinaires concrétions il y a encore quelques décennies, mais malheureusement, certaines ont été littéralement pillées ; des mains mal intentionnées ont cassé des dizaines et des dizaines de stalactites et de stalagmites qui ont ensuite été revendus sous le manteau (nous en avons même vu, il y a vingt-cinq ans environ, commercialisés sur le marché de Papeete ! Et nous connaissons d’ailleurs l’un des pilleurs locaux, mais c’est une autre histoire).
Aujourd’hui, les principales grottes autour de Rurutu se visitent dans le cadre d’un tour de l’île avec un guide et il n’est évidemment pas possible ni pensable d’en ressortir avec un petit “souvenir”…
Certaines de ces grottes sont encore extrêmement bien préservées : les Rurutu, qui ont compris les risques qu’il y avait à livrer tous leurs secrets à tout le monde, se montrent aujourd’hui discrets quant à la localisation de ces cavernes la plupart du temps parfaitement dissimulées par la végétation.
Si vous avez l’occasion de visiter certaines de ces petites merveilles, veillez, avant toute chose, à marcher avec application là où des traces existent déjà. Inutile de recouvrir de boue des tapis de calcite brillants comme des diamants. De la même manière, le visiteur pensera que la plupart du temps, la majorité des dégâts qu’il commet se fait avec sa tête qui peut heurter des stalactites fragiles, voire de superbes fistuleuses encore plus délicates.
Ne vous montrez pas aussi malhabile qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine, la comparaison se justifiant tout à fait quand on pénètre dans ces petits univers clos que des millénaires ont transformé en véritables joyaux.
Aujourd’hui, les principales grottes autour de Rurutu se visitent dans le cadre d’un tour de l’île avec un guide et il n’est évidemment pas possible ni pensable d’en ressortir avec un petit “souvenir”…
Certaines de ces grottes sont encore extrêmement bien préservées : les Rurutu, qui ont compris les risques qu’il y avait à livrer tous leurs secrets à tout le monde, se montrent aujourd’hui discrets quant à la localisation de ces cavernes la plupart du temps parfaitement dissimulées par la végétation.
Si vous avez l’occasion de visiter certaines de ces petites merveilles, veillez, avant toute chose, à marcher avec application là où des traces existent déjà. Inutile de recouvrir de boue des tapis de calcite brillants comme des diamants. De la même manière, le visiteur pensera que la plupart du temps, la majorité des dégâts qu’il commet se fait avec sa tête qui peut heurter des stalactites fragiles, voire de superbes fistuleuses encore plus délicates.
Ne vous montrez pas aussi malhabile qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine, la comparaison se justifiant tout à fait quand on pénètre dans ces petits univers clos que des millénaires ont transformé en véritables joyaux.
Un peu de vocabulaire
L’évocation du passé de Rurutu et de sa géologie nous a obligé à utiliser des termes qui sembleront peut-être un peu techniques à certains. Voici quelques définitions qui permettront de mieux comprendre notre texte :
Lithosphère : couche externe de la croûte terrestre constituée de plaques mobiles.
Aragonite : minéral composé de carbonate de calcium. C’est donc une forme de calcite, née à partir des débris coralliens accumulés au fil des temps géologiques et qui se sont donc transformés en une roche homogène.
Point chaud : région bien spécifique de la planète dont l'activité volcanique intense est due à des remontées chaudes de lave en provenance du manteau inférieur.
Fistuleuse : concrétion en forme de tube, très fine, qui s'allonge en suivant la verticale et au sein de laquelle circule l'eau d'infiltration. La fistuleuse est une stalactite très fine et très fragile.
Karstique : se dit d’une région appelée karst, qui est une structure géologique résultant de l'érosion par les eaux (de pluie essentiellement) de roches plus ou moins solubles, en général des roches carbonatées, spécifiquement des calcaires (calcite et aragonite)
Lithosphère : couche externe de la croûte terrestre constituée de plaques mobiles.
Aragonite : minéral composé de carbonate de calcium. C’est donc une forme de calcite, née à partir des débris coralliens accumulés au fil des temps géologiques et qui se sont donc transformés en une roche homogène.
Point chaud : région bien spécifique de la planète dont l'activité volcanique intense est due à des remontées chaudes de lave en provenance du manteau inférieur.
Fistuleuse : concrétion en forme de tube, très fine, qui s'allonge en suivant la verticale et au sein de laquelle circule l'eau d'infiltration. La fistuleuse est une stalactite très fine et très fragile.
Karstique : se dit d’une région appelée karst, qui est une structure géologique résultant de l'érosion par les eaux (de pluie essentiellement) de roches plus ou moins solubles, en général des roches carbonatées, spécifiquement des calcaires (calcite et aragonite)
Makatea et Rurutu
La dernière grande difficulté du sentier perdu est très impressionnante. Neti veille à ce que ses clients prennent les bonnes prises.
Quand on explore la partie calcaire, karstique donc de Rurutu, on entend parfois parler d’un “makatea”, terme utilisé en référence à l’atoll surélevé de Makatea aux Tuamotu.
Les deux îles, c’est une évidence, ont des points communs, le principal étant que leurs structures coralliennes ont été surélevées, par rapport à l’océan, de plusieurs dizaines de mètres de hauteur.
L’exposition de ces lagons et barrières de corail hors de l’eau ne s’est pas faite en un jour bien entendu, pas plus d’ailleurs que leur transformation. Dans le cas de Rurutu, le soulèvement de l’île s’est fait durant quelques millions années, à raison de 0,06 à 0,08 millimètre par an. Cette surélévation était le prélude au passage de l’île sur un nouveau point chaud, le mont Arago.
Dans le cas de l’île de Makatea, qui était un atoll comme le sont tous les atolls des Tuamotu, c’est un phénomène tout à fait différent qui est à l’origine de sa surélévation : Makatea culmine à cent-dix mètres au dessus du niveau de la mer à cause d’un bombement extrêmement puissant de la lithosphère, mais ce bombement était dû au poids de l’île de Tahiti dans la plaque sur laquelle reposait ces îles. Tahiti, en pesant de tout son poids, a littéralement propulsé hors de l’eau, il y a un à deux millions d’années, l’atoll de Makatea. Cette surélévation a donné naissance à la formation de grandes quantités de phosphates nées de la dégradation des restes fossiles d’énormes masses d’organismes marins.
Makatea a deux îles “jumelles” dans le Pacifique, Nauru et Banaba, qui, elles aussi, sont des atolls surélevés qui ont été exploités pour leurs gisements de phosphates.
A Rurutu en revanche, il n’y a pas de gisements de phosphates exploitables (et c’est tant mieux diront tous les amoureux de l’île…).
Les deux îles, c’est une évidence, ont des points communs, le principal étant que leurs structures coralliennes ont été surélevées, par rapport à l’océan, de plusieurs dizaines de mètres de hauteur.
L’exposition de ces lagons et barrières de corail hors de l’eau ne s’est pas faite en un jour bien entendu, pas plus d’ailleurs que leur transformation. Dans le cas de Rurutu, le soulèvement de l’île s’est fait durant quelques millions années, à raison de 0,06 à 0,08 millimètre par an. Cette surélévation était le prélude au passage de l’île sur un nouveau point chaud, le mont Arago.
Dans le cas de l’île de Makatea, qui était un atoll comme le sont tous les atolls des Tuamotu, c’est un phénomène tout à fait différent qui est à l’origine de sa surélévation : Makatea culmine à cent-dix mètres au dessus du niveau de la mer à cause d’un bombement extrêmement puissant de la lithosphère, mais ce bombement était dû au poids de l’île de Tahiti dans la plaque sur laquelle reposait ces îles. Tahiti, en pesant de tout son poids, a littéralement propulsé hors de l’eau, il y a un à deux millions d’années, l’atoll de Makatea. Cette surélévation a donné naissance à la formation de grandes quantités de phosphates nées de la dégradation des restes fossiles d’énormes masses d’organismes marins.
Makatea a deux îles “jumelles” dans le Pacifique, Nauru et Banaba, qui, elles aussi, sont des atolls surélevés qui ont été exploités pour leurs gisements de phosphates.
A Rurutu en revanche, il n’y a pas de gisements de phosphates exploitables (et c’est tant mieux diront tous les amoureux de l’île…).