Tahiti Infos

Rumeurs et mécontentements dans une maternelle privée


PAPEETE, le 12 juin 2014. Une réunion exceptionnelle était organisée ce mercredi soir, dans une école maternelle privée, en présence de la directrice de l’enseignement catholique pour tenter de rassurer des parents inquiets à l’occasion d’une de crise et sur des dysfonctionnements. Ils étaient jusqu’à 80 parents d’élèves réunis dans la salle du réfectoire de l’école. Après de longues semaines de rumeurs échangées entre les parents seulement, la directrice de l’école soutenue par la direction de l’enseignement catholique a accepté d’informer les parents sur la situation. Trop tard, semble-t-il, pour lever tous les doutes de parents qui ont «perdu confiance».

A l’origine de cette inquiétude, la suspicion d’un acte d’attouchement commis sur une élève de petite section de maternelle. L’enfant a rapporté les faits à ses parents, le 24 avril au soir à la maison, sans nommer l’auteur de ces attouchements supposés. Les parents font part de ces révélations à la directrice de l’école dès le lendemain matin, mais aucun signalement de ce dossier délicat n’est transmis ni aux autorités judiciaires, ni même à la direction de l’enseignement catholique… pendant trois semaines ! Les parents de l’enfant finissent par porter plainte contre X le 17 mai dernier. Entre temps, la rumeur s’est amplifiée dans toute l’école auprès des 300 familles qui ont un enfant scolarisé dans cette maternelle, pointant du doigt le manque de réactivité de la direction de la maternelle et déliant les langues sur d’autres dysfonctionnements de l’école.

La réunion de mercredi soir n’a pas vraiment arrangé les choses. Quand bien même les faits d’attouchement ne sont finalement pas avérés – la plainte a été classée sans suite pour irresponsabilité pénale de l’auteur (un élève de 4 ans) – c’est la gestion de la crise par la direction de l’école qui interpelle les parents. L’absence de signalement immédiat aux autorités judiciaires et le retard de la transmission de l’information à la direction de l’enseignement catholique sont pointés du doigt comme des manquements graves, d’autant qu’au moment de leur révélation, on ne sait pas que les faits sont à reprocher à un camarade de classe de l’enfant. Les parents estiment que la direction de l’école a voulu étouffer l’affaire alors «que ça devait finalement arriver à nos oreilles», même s’il est recommandé une grande discrétion dans la gestion de ce genre de dossier.

Finalement, cette affaire sert d’exutoire à d’autres situations de mal être des parents par rapport à la maternelle où ils ont choisi de scolariser leurs enfants : un site mal adapté pour recevoir des enfants aussi petits et en si grand nombre alors qu’une restructuration de l’école est en cours, depuis deux ans, mais n’est pas achevée ; une sécurité des enfants non optimale en raison de plusieurs entrées et sorties possibles dans l’école ; l’absence d’une identification précise des personnes habilitées à venir récupérer les enfants à l’issue des cours ; des sanitaires situés en dehors du champ de vision des adultes pendant la classe. «Ce qui nous inquiète c’est qu’il y a crise et que rien n’est vraiment fait finalement» indiquait une mère de famille, mercredi soir. Lors de la réunion avec les parents, personne ne dit que l’affaire est définitivement classée par la justice et qu’il n’y a pas de pervers qui rôde dans l’école !

Contactée ce jeudi par Tahiti Infos, la responsable de l’enseignement catholique reconnaissait que la directrice de l’école avait eu tort de faire le signalement de façon tardive. Mais déclarait : «on va rebondir sur cette affaire et cette erreur ne se reproduira plus». Une nouvelle réunion d’information des parents est prévue prochainement car «ils sont très inquiets, il faut les rassurer». La direction de l’enseignement catholique a annoncé la création d’une commission spéciale pour gérer les crises qui sera opérationnelle à la rentrée prochaine.

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 12 Juin 2014 à 15:50 | Lu 6104 fois