Rugby - Fidji: les "Flying Fijians", ambassadeurs d'un archipel


PARIS, 9 novembre 2010 (AFP) - L'équipe de rugby des Fidji, adversaire du XV de France samedi à Nantes, est l'étendard d'un archipel perdu au milieu du Pacifique avec ses nombreux joueurs évoluant à l'étranger et une sélection qui a réussi à atteindre deux fois les quarts de finale de la Coupe du monde.

Le monde du rugby a découvert ce petit archipel de plus de 300 îles (18.270 km²) en 1987 lorsque son équipe nationale a atteint les quarts de finale de la première Coupe du monde en Nouvelle-Zélande, battue (31-16) par le XV de France.

Elle réédita cette performance vingt ans plus tard en France après une victoire mémorable (38-34) face au pays de Galles au stade de la Beaujoire à Nantes... qu'elle retrouvera pour affronter la France samedi.

"Aux Fidji, le rugby est le sport national. Tout le monde joue au rugby: avec une noix de coco sur la plage, une bouteille... On commence à jouer très tôt au village, à l'école", explique Albert VuliVuli, le centre du Racing-Métro (25 ans) qui postule à une première sélection.

Avec une population estimée à 800.000 habitants, l'archipel compte 80.000 licenciés à sa Fédération (60.000 adultes et 20.000 enfants).

"Je pense que la passion du rugby vient du jeu à VII, on a gagné deux Coupes du monde. Les enfants connaissent les noms de toutes les équipes, même l'équipe de France. Ils les connaissent mieux que les joueurs eux-mêmes !" sourit-il.

"On se dit Bula"

Comme beaucoup de ses compatriotes, VuliVuli s'est expatrié pour pouvoir vivre du rugby. Repéré par les recruteurs du Hamilton Boys High School, lycée du nord de la Nouvelle-Zélande réputé pour son équipe de rugby, il quitte son île puis passe dans l'équipe de la province locale, Waikato, dans celle australienne du Queensland avant de partir en France, à Bourgoin puis au Racing-Métro, après avoir reçu également des propositions de clubs japonais.

Les Fidjiens sont réputés pour être des trois-quarts particulièrement adaptés au rugby moderne, alliant vitesse et puissance et dotés d'appuis imprévisibles hérités du rugby à VII, variante laissant la part belle au jeu dans les espaces.

Ils sont très prisés des plus grands clubs de l'hémisphère Sud et d'Europe, à l'image de l'ailier Napolioni Nalaga à Clermont. Certains d'entre eux ont même été naturalisés comme les ailiers vedette des All Blacks Joe Rokocoko et Sitiveni Sivivatu ou l'ancien Wallaby Lote Tuqiri.

Malgré leurs gabarits, le paquet d'avants n'est pas le plus réputé, souffrant d'un déficit de technique individuelle et collective (mêlées, touches).

"On connaît leurs qualités individuelles. En termes de collectif, c'est toujours difficile à appréhender, c'est un peu fantasque et déroutant", souligne l'entraîneur français Marc Lièvremont.

Malgré un jeu peu structuré, faute d'occasions de travailler en sélection, la diaspora fait de ses retrouvailles l'occasion de briller.

"C'est toujours une fierté. On sait qu'on est écouté et regardé au pays", souligne le deuxième ou troisième ligne Jone Qovu (25 ans, 10 sél.) qui apprécie ces rendez-vous. A l'hôtel, c'est comme à la maison. C'est un moment de bonheur. On parle notre langue, on se dit Bula (bonjour en fidjien), on prie ensemble."

sva/bpa/chc

Les Fidji, une diaspora très implantée en France

Un total de 44 joueurs de nationalité fidjienne ont été enregistrés en ce début de saison 2010/2011 dans les deux championnats professionnels de rugby français, le Top 14 (21) et la Pro D2 (23).

Le groupe de 30 joueurs pour la tournée d'automne comprend neuf joueurs évoluant en France.

Deux d'entre eux, les centre et ailier de La Rochelle Seru Rabeni et Norman Ligairi, ont disputé le dernier match face à la France, perdu (61-18) en poule de la Coupe du monde 2003. Deux autres joueurs du groupe, le deuxième ligne Ifereimi Rawaqa et le troisième ligne Sisa Koyamaibole, y avaient également participé.

Les neuf joueurs fidjiens retenus évoluant en France:

Seremaia Bai (Castres)

Napolioni Nalaga Clermont

Seru Rabeni, Norman Ligairi (La Rochelle)

Jone Qovu, Albert VuliVuli (Racing-Métro)

Gabriele Lovobalavu (Toulon)

Ropate Ratu (Aurillac/Pro D2)

Vereniki Goneva (Colomiers/Pro D2)

sva/bpa/chc

Rédigé par Par Simon VALMARY le Mardi 9 Novembre 2010 à 05:07 | Lu 1116 fois