Rosina, figure de l’agriculture à Mataiea


Rosina Haoatai entourée de sa petite fille, Rautea Ori (à droite), et d’Eugénie Barff, membre de la coopérative (à gauche). Crédit : Anne-Charlotte Lehartel.
Tahiti, le 16 octobre 2024 – Présidente de la coopérative Teruamo’o qui participe à l'approvisionnement des cantines scolaires de Teva i Uta et de la prison de Tatutu, à 70 ans, Rosina Haoatai continue à se mobiliser en faveur des produits locaux.

 
Agricultrice, horticultrice et paysagiste. C’est ainsi que Rosina Haoatai a l’habitude de se présenter. Née à Mataiea, elle a grandi entre Teva i Uta et Bora Bora avec ses huit frères et sœurs. Aussi loin qu’elle se souvienne, le fa’a’apu a toujours fait partie de sa vie. “Mon père était agriculteur : il m’a tout appris. On a commencé par planter des taro. La première foire agricole à la mairie de Pirae, j’y étais avec lui. On y allait chaque année et on a gagné de nombreux prix.”
 
Depuis, Rosina Haoatai privilégie la quiétude de la Presqu’île. “Planter, récolter : j’adore mon métier au contact de la terre. Aujourd’hui encore, je vais toujours dans le fa’a’apu.” Fē’ī, papayes, citrons et ‘uru font partie de son héritage, ainsi que plusieurs variétés de fleurs, prêtes à être cueillies pour la Toussaint.
 

Transformation et transmission


Infatigable retraitée, Rosina Haoatai est aussi connue pour ses talents de transformatrice, des bonbons-citrons au chutney de mangues pour lutter contre le gaspillage. “Ma spécialité, ce sont les jus de fruits avec du gingembre, du curcuma et du miel. Ça marche très bien !” assure-t-elle, écoulant son stock auprès d’une fidèle clientèle de particuliers.
 
Son investissement est également communautaire en tant que présidente de la coopérative Teruamo’o, créée il y a huit ans sous l’impulsion de la municipalité, et qui réunit aujourd’hui six producteurs. “Ça nous aide à écouler nos produits, et ça nous permet d’apprendre à nos enfants à manger des fruits et légumes de chez nous”, explique Rosina Haoatai, dans le cadre de la loi de Pays visant à augmenter la part des produits locaux dans les cantines, devancée dès 2021 dans les écoles de Teva i Uta. Au titre de la coopérative, Rosina Haoatai assure également des livraisons au centre de détention de Tatutu, depuis son ouverture.
 
Elle a transmis sa passion à sa petite-fille, Rautea Ori, 35 ans, déterminée à assurer la relève à sa façon, en allant encore plus loin. “Je me prédestinais au droit et à la finance, mais quand mon arrière-grand-mère est décédée, j’ai réalisé qu’on n’allait pas pouvoir pérenniser cette ‘vie simple’ qu’on nous avait offerte. J’ai eu le déclic d’essayer et j’ai appris sur le tas. Je me suis prise de passion pour l’agriculture naturelle, sans produit chimique, car ma motivation, c’est d’abord la santé et la qualité”, confie la jeune femme. Une démarche qui fait la “fierté” de sa grand-mère.
 

Les produits collectés auprès des agriculteurs partenaires alimentent les cantines scolaires et le centre de détention.

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Mercredi 16 Octobre 2024 à 11:48 | Lu 1475 fois