Rori : une ressource à protéger dans tout le Pacifique sud


Un rori répertorié sur le site de Marau aux Iles Salomon en octobre 2011 (Crédit : Kalo Pakoa, Copyright: Secrétariat général de la Communauté du Pacifique)
PAPEETE, jeudi 20 mars 2014. Divers rapports nationaux sont en cours d’édition sous l’égide de la Communauté du Pacifique Sud (CPS) pour faire un état des lieux des stocks et des conseils de gestion des rori ou holothuries. Les îles Cook, Fiji, États fédérés de Micronésie, Palau, Iles Salomon, Samoa, Tonga et Vanuatu sont concernés par ces publications, dont les rapports peuvent servir à d'autres états confrontés à une problématique identique.

Même si la raréfaction de ces invertébrés côtiers est générale dans tout le Pacifique sud, la situation dans chaque pays appelle des recommandations différentes. Depuis quatre ans, la mise en œuvre du d’un projet, financé par l’Union Européenne, permet aux scientifiques de la Communauté du Pacifique Sud (CPS) de renforcer le personnel des services des pêches des pays du Pacifique dans le domaine de l’évaluation des ressources côtières en vue d’améliorer leur gestion. Une des priorités de la plupart des pays concerné par cette étude est la gestion durable des bêches (ou concombres) de mer ou holothuries. Ces invertébrés marins sont des met appréciés dans certains pays du Pacifique et très prisés en Asie, ce qui leur a valu d’être trop récoltés dans notre région.

Les autorités en charge de la pêche sont donc préoccupées par le maintien d’une ressource qui en étant d’une part à forte valeur ajoutée, apporte des revenus non négligeables aux pêcheurs, transformateurs et exportateurs. Certains pays producteurs ont réagi, il y a déjà quelques années, souhaitant que cette ressource puisse encore contribuer à la vie des générations futures, et ont mis en place des mesures de protection qui portent leurs fruits aujourd’hui. Mais, quelle que soit la situation, la conservation durable des holothuries nécessite une gestion délicate. L’ensemble des pays membres de la CPS en ont fait leur priorité du fait de leur préoccupation face au déclin visible et rapide de ce produit, et souhaitent renforcer leurs connaissances actuelles au sujet de ces invertébrés côtiers et de leurs modes de gestion.

Depuis 2008, le projet SciCOFish (soutien scientifique à la gestion des pêcheries) a permis la formation du personnel des directions de la pêche ou d’organisations non gouvernementales à l’évaluation des stocks d’invertébrés côtiers. Une fois ces formations acquises, un inventaire des holothuries sur une quarantaine de sites et dans neuf pays a été lancé. Kalo Pakoa, spécialiste des invertébrés marins à la CPS commente : «Nos collègues ont désormais les connaissances techniques pour mener des inventaires sur le long terme et interpréter les données. Il est important de réaliser des évaluations régulières des stocks pour évaluer l’impact réel des mesures mises en place pour la gestion des bêches de mer».


Les données récoltées en 2012 et 2013 donnent un aperçu de l’état des stocks à ce jour et peuvent être comparées aux précédents inventaires réalisés entre 2002 et 2009. Sur une trentaine d’espèces d’holothuries présentes dans le Pacifique, certaines, qui ont une forte valeur ajoutée, sont plus exploitées que les autres. Il peut donc y avoir des espèces relativement abondantes alors que d’autres ont disparu. Les inventaires permettent aussi de constater que les zones où la pêche a été interdite pendant au moins dix ans bénéficient de réels des repeuplements d’holothuries.

Les rapports produits par la CPS apportent des recommandations aux pays, en proposant des mesures à intégrer dans les plans de gestion nationaux des holothuries. Certains pays ont déjà mis en place un plan de gestion intégrant des mesures strictes de pêche avec sélection des espèces d’holothuries, taille minimum de récolte, zones de pêche définies ou encore interdiction de pêche avec bouteilles. Dans certains cas, le système de commercialisation est aussi contrôler pour distingues la pêche destinée à l’auto-alimentation, à vente locale ou en vue d’exportations.

Pour certaines zones, des actions de réintroduction de certaines espèces de rori sont aussi envisagées. Kalo Pakoa complète : «On peut déplacer des individus à partir d’une zone où ils sont abondants et les réintroduire là où ils ont été décimés. Cela peut se faire d’’une zone à une autre dans un même pays mais aussi d’un pays à l’autre, comme cela a déjà été fait avec succès pour les trocas». Une autre opportunité pourrait être aussi de réintroduire les holothuries à partir de fermes aquacoles. L’aquaculture des rori en est actuellement au stade d’essai dans divers pays du Pacifique et du travail est encore nécessaire en terme de collecte de données, avant d’évaluer l’efficacité réelle de cet élevage et ses applications.

Pour consulter et télécharger les différents rapports édités par la CPS sur les ressources en holothuries aux Cook, Samoa, Fiji, Tonga ou Tokelai, CLIQUER ICI




En Polynésie française : la récolte des rori est ouverte sur 15 atolls


Depuis le 1er mars 2014 (et jusqu’au 31 octobre), la pêche aux rori a été rouverte par le gouvernement polynésien sur 15 atolls. Sont concernés Apataki, Aratika, Fakarava, Faaite, Makemo, Manihi, Toau, Motutonga, Nihiru, Raraka, Tahanea, Taenga, Marutae, Raraka. Pour l’instant, cinq espèces de rori sont de nouveau autorisées pour une exploitation commerciale : rori titi blanc, rori titi noir, rori ananas, rori ruahine, rori papa’o. Pour que la pêche soit autorisée, il faut qu’une convention soit signée entre le Comité local de pêche et la direction des ressources marines de la Polynésie française. Le Comité local devra vérifier que la réglementation est appliquée (pêche à la main uniquement, taille minimale des rori) et contrôler également les expéditions, car des quotas ont été fixés par espèce et par île (en nombre de rori pour chacune des cinq espèces autorisées).

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 20 Mars 2014 à 16:05 | Lu 2368 fois