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Roland-Garros - Tsonga, le rêve piétiné


Roland-Garros - Tsonga, le rêve piétiné
PARIS, 7 juin 2013 (AFP) - Jo-Wilfried Tsonga est passé à côté vendredi de sa première demi-finale de Roland-Garros pour laisser David Ferrer, vainqueur 6-1, 7-6, 6-2, rejoindre en finale Rafael Nadal qui a remporté un match d'anthologie face au N.1 mondial Novak Djokovic.

Baigné de soleil, le Central était plein à craquer avec des spectateurs venus assister à un événement qui allait faire date, et ils ont eu droit à leur bout d'histoire, mais pas forcément celui qu'ils attendaient.

Venus pour acclamer l'éventuel premier Français depuis 1988 à se hisser en finale, ils sont repartis avec le souvenir d'un des meilleurs matches jamais joués à Paris, peut-être même le plus beau, remporté 6-4, 3-6, 6-1, 6-7, 9-7 par un Rafael Nadal magnifique contre un Novak Djokovic formidable.

Reléguée en début de programme, en apéritif de luxe au supposé choc Tsonga-Ferrer, la partie a atteint des sommets avec une qualité de jeu inouïe, du suspense, de la sueur et des larmes, celles de Toni Nadal, l'oncle et entraîneur, ému à l'extrême par la résilience de son neveu.

C'était difficile pour Tsonga et Ferrer de succéder à un tel spectacle. Accueilli sans trompettes par un Central encore sous le choc et aux deux-tiers vide, Tsonga a semblé souffrir le plus de cette absence de ferveur, lui qui s'attendait peut-être à être reçu en triomphe.

Un cauchemar

Apathique, rapidement agacé, le N.1 français a alors vécu un cauchemar comme il en a rarement vécu sur un court. Catastrophique au premier set, il n'est jamais arrivé à se libérer. Il a réussi, presque par miracle, à se procurer une balle de deuxième manche face à un Ferrer tout sauf serein.

Pour le reste, il s'est perdu dans un dédale de fautes directes pour perdre une partie à sa portée face au N.5 mondial qui jouera dimanche sa première finale dans un tournoi du Grand Chelem, à sa 42e tentative.

"Je suis déçu car je n'ai pas fait le match que j'aurais voulu faire", a commenté le Manceau qui a assuré ne pas avoir ressenti le poids de l'événement.

Il risque pourtant de regretter longtemps d'avoir laissé échapper une occasion en or de se qualifier pour sa deuxième finale du Grand Chelem.

La déception est à la hauteur de l'espoir soulevé au fil d'un parcours jusque-là sans tâche, avec notamment une victoire en trois sets sur Roger Federer, où il a affiché une attitude souveraine et toujours positive.

Vendredi, il a semblé être rattrapé par de vieux démons, passant son temps à discuter avec l'arbitre, sans jamais parvenir à se dérider sur un Central qui ne s'attendait pas à une telle douche froide.

Il devra donc attendre avant de disputer sa première finale sur terre battue. Et la France devra patienter avant de trouver un héritier.

Quatrième finale 100% espagnole

Tsonga est le cinquième Français de suite à s'arrêter en demi-finales de Roland-Garros où Henri Leconte reste le dernier à avoir disputé une finale, en 1988, et Yannick Noah le dernier à avoir gagné, en 1983.

Ça fait longtemps que l'Espagne n'a plus ces problèmes. Dimanche, Ferrer et Nadal disputeront la quatrième finale 100% espagnole de l'histoire à Roland-Garros après celles opposant Bruguera à Berasategui en 1994, Moya à Corretja en 1998 et Costa à Ferrero en 2002.

Pour Nadal, qui a gagné ses sept premières, ce sera la première à Paris face à un compatriote. Cela ne devrait pas le troubler face à un joueur contre qui il a remporté leurs seize dernières rencontres sur terre battue.

On ne voit pas trop comment le Majorquin, qui avait l'air plutôt frais après 4h37 de combat, pourrait lâcher la dix-septième et ne pas devenir le premier joueur à remporter huit fois le même tournoi du Grand Chelem.

Surtout après le récital qu'il a offert vendredi au public avec la participation active de Djokovic, deuxième homme à l'avoir poussé dans un cinquième set à Paris après John Isner en 2011, et qui a failli aussi devenir le deuxième à terrasser l'ogre à Paris, après Robin Soderling en 2009.

Nadal encore en finale après un combat somptueux

Roland-Garros - Tsonga, le rêve piétiné
Rafael Nadal, après 4h37 d'un spectacle exceptionnel, a remporté un bras de fer épique en cinq sets 6-4, 3-6, 6-1, 6-7 (3/7), 9-7 vendredi face au N.1 mondial Novak Djokovic, pour accéder à sa huitième finale à Roland-Garros, en neuf participations.

Roi de Roland-Garros, où il a déjà été sacré sept fois, un record, l'Espagnol essaiera dimanche de devenir le premier joueur de l'histoire à remporter huit fois le même tournoi du Grand Chelem.

Il affrontera son compatriote David Ferrer (N.4), qui s'est qualifié pour sa première finale du Grand Chelem à 31 ans, en dominant 6-1, 7-6 (7/3), 6-2 le Français Jo-Wilfried Tsonga (N.6), auteur d'un match catastrophique.

Ce sera la quatrième finale 100% espagnole de l'histoire à Paris après celles opposant Sergi Bruguera à Alberto Berasategui en 1994, Carlos Moya à Alex Corretja en 1998 et Albert Costa à Juan Carlos Ferrero en 2002.

Djokovic et Nadal ont offert au public parisien un moment inoubliable, qui a rappelé leur duel légendaire de l'Open d'Australie en 2012, quand le Serbe s'était imposé au terme de la plus longue finale en Grand Chelem de l'histoire (5h53).

Nadal n'a toujours connu qu'une défaite à Roland-Garros, infligée en 2009 en huitièmes de finale par le Suédois Robin Söderling, alors qu'il souffrait d'un genou. Il a égalé vendredi le record du nombre de victoires à Roland-Garros (58), co-détenu par Roger Federer et Guillermo Vilas.

La volonté de Djokovic

"C'est très spécial pour moi", a-t-il déclaré devant le public. "Félicitations à Novak, un grand champion, il gagnera ici à Roland-Garros un jour. C'est un guerrier."

"Au cinquième set je me suis accroché", a-t-il ajouté. "En Australie on avait joué un match similaire en 2012 et il avait gagné. Parfois c'est l'un, parfois l'autre. Aujourd'hui c'était mon tour. Ce sont ces matches qui rendent ce sport si spécial."

Dans cette revanche de la finale de l'an passé, Djokovic, magnifique de volonté, a été tout près de rééditer ce qu'il avait réussi à la mi-avril à Monte-Carlo, en privant Nadal d'un neuvième titre dans la Principauté.

Sous un soleil de plomb seyant parfaitement à son jeu, le Majorquin a attaqué pied au plancher en assénant son grand coup droit, dont le lift fait rebondir la balle bien au-dessus de l'épaule de son adversaire.

Incapable de trouver la parade dans le premier set, Djokovic a réagi dans le deuxième, en mettant encore plus d'intensité dans ses coups. Il est revenu d'un break de retard à 2-3 pour aligner quatre jeux de suite, le match atteignant déjà des sommets.

Mais le N.1 mondial a payé très cher ses efforts en s'écroulant physiquement dans le troisième set. Nadal n'a pas ralenti dans le quatrième, breakant dans le septième jeu.

Coup pour coup

Djokovic a répliqué immédiatement mais, contraint à prendre des risques énormes à chaque frappe, il a cédé à nouveau pour être mené 5-6. Trouvant des ressources insoupçonnées, il est parvenu à arracher le tie-break, puis à pousser son adversaire à un cinquième set.

Sur sa lancée, le Serbe a breaké le premier pour mener 2-0. Les deux joueurs se sont alors rendu coup pour coup avec une intensité maximale. Nadal a égalisé à 4-4, après un jeu dramatique, où Djokovic a offert une balle de break à l'Espagnol en touchant le filet avec le corps.

Contraint à servir en second, "Djoko" a fini par buter sur la défense exceptionnelle de Nadal, s'effondrant littéralement lors d'un dernier jeu complètement raté. "Je voulais tellement ce titre, c'est décevant", a déclaré le Serbe.

Nadal visera dimanche un 12e titre du Grand Chelem - pour sa 17e finale -, ce qui le placerait en troisième position au classement à égalité avec Roy Emerson, et derrière Pete Sampras (14) et Federer (17).

L'Espagnol, qui a déjà remporté six titres et disputé deux finales en 2013, sera quoi qu'il arrive le favori dimanche, malgré les efforts fournis. Il a remporté 37 victoires en 39 matches sur terre battue cette saison.

Et il a gagné ses 16 derniers matches sur terre battue contre Ferrer, qui a atteint sa première finale du Grand Chelem à sa 42e tentative. Aucun joueur n'avait dû attendre aussi longtemps. Mais le Valencian aura au moins pour lui la fraîcheur: il n'a perdu aucun set depuis le début du tournoi.

Rédigé par Par Jacques KLOPP le Vendredi 7 Juin 2013 à 10:20 | Lu 421 fois