Rohfritsch pour, Tetuanui contre l'IVG dans la Constitution


credit photo : facebook Teva Rohfritsch
Tahiti, le 29 février 2024 - Comme l'Assemblée nationale il y a un mois, c'est une large majorité du Sénat qui a approuvé, ce mercredi, l'inscription de l'IVG dans la Constitution. Teva Rohfritsch est l'un des 267 sénateurs qui ont voté en faveur de ce texte “fondamental” pour “la liberté de choix de nos femmes”. Lana Tetuanui, qui fait partie des 50 parlementaires ayant voté contre, n'est pas contre ce droit mais estime qu'il est “déjà acquis par la loi Veil”. 
 
Un mois après un vote quasiment unanime des députés (493 pour, 30 contre) en faveur de l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution, les sénateurs se sont à leur tour largement prononcés pour cette sanctuarisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
 
Après plus de trois heures de discussions parfois agitées, ils sont 267 locataires du Palais du Luxembourg à avoir voté pour et 50 contre ce texte qui ne comporte qu'un seul article selon lequel “la loi détermine les conditions dans lesquelles s'exerce la liberté garantie à la femme d'avoir recours à une interruption volontaire de grossesse”.
 
Une liberté de choix “sanctuarisée”
 
Si nos trois députés polynésiens ont été unanimes pour soutenir cette proposition de loi du gouvernement Macron au Palais Bourbon le 30 janvier, nos deux sénateurs ont adopté des postures différentes ce mercredi 28 février. Teva Rohfritsch, qui siège dans le groupe RDPI (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants), ayant voté pour, et Lana Tetuanui, qui est apparentée au groupe Union centriste, s’étant prononcée contre. Joints par Tahiti Infos, ils s'en expliquent.
 
“J'ai voté cette inscription dans la Constitution pour que ce droit des femmes soit protégé par le texte fondamental de la République qu'est la Constitution, pour la liberté de choix de nos femmes polynésiennes comme dans toute la République. La liberté de choix est ainsi sanctuarisée, protégée, élevée au plus haut niveau des normes”, nous a ainsi confié Teva Rohfritsch pour qui “cette étape était nécessaire et attendue par les femmes de notre pays comme une reconnaissance de leurs droits fondamentaux, à une époque où les libertés sont remises en question dans d'autres régions du monde”.
 
“Je ne fais pas semblant”
 
Lana Tetuanui, en revanche, s'est exprimée contre ce texte. Elle s'en est expliquée en précisant qu'elle n'est pas contre l'avortement en tant que tel, mais plutôt contre la constitutionnalisation de l'IVG. “Pour moi, c'est un droit déjà acquis par la loi Veil. Je ne trouve pas opportun de l'inscrire dans la Constitution et j'ai l'impression que certains ont peur de leur ombre”, a-t-elle souligné, faisant référence au débat relancé en France en 2022 suite à l'abrogation aux États-Unis du droit constitutionnel à l'avortement et à l'interdiction de l'avortement par 14 États américains qui en a découlé.
  
La sénatrice polynésienne va ainsi dans le même sens que la commission des lois du Sénat dont elle est membre. Commission qui estime également que “la liberté de la femme d'avorter est aujourd'hui pleinement protégée par la loi portée par Simone Veil en 1975” et que ce droit “n'est pas menacé en France au point de modifier la Constitution”.
 
Pourquoi ne pas s'être abstenue ? “Parce que je ne fais pas semblant. J'assume comme j'ai toujours fait”, nous a répondu Lana Tetuanui qui garde en mémoire qu’en 2019, elle a dû “batailler pour faire inscrire le fait nucléaire dans la Constitution et que tout le monde a fait la fine bouche à Paris”.
 
Reste maintenant une dernière étape. Il faut que cette révision constitutionnelle soit adoptée par le Congrès réuni au château de Versailles dès lundi prochain.  Les deux chambres du Parlement (Assemblée et Sénat) devront alors se mettre d’accord pour que le recours garanti à l’IVG soit entériné dans la Constitution.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Jeudi 29 Février 2024 à 15:56 | Lu 2691 fois