Riveta dégrippe les rouages de l’Huilerie de Tahiti


PAPEETE, 18 mai 2015 – L’usine de l’Huilerie de Tahiti a été remise en marche lundi après-midi à 15h30 après 43 jours de grève. En dépit d’un d’accord de sortie de grève signé durant le long week-end et donné pour très généreux, 22 employés de l’entreprise refusaient de redémarrer l’activité avant une nouvelle rencontre avec le ministre.

"Le ministre du développement des activités du secteur primaire, Monsieur Frédéric Riveta, la direction de l’Huilerie de Tahiti et les représentants du personnel sont parvenus à un accord sur les revendications des grévistes en fin d’après-midi ce jeudi", clamait fièrement le site de la Présidence du Pays dans un communiqué publié vendredi.

Mais trois jours après, lundi matin, les machines n’avaient toujours pas été redémarrées à l’usine de Motu Uta, après 47 jours d’interruption. Les équipes de quart étaient en poste mais pas pour produire de l’huile de coprah : là, un employé pour mettre un coup de balai sous les machines ; ici quelques autres passant le temps assis sur des sacs de coprah, à discuter au fond d’un hangar ; ailleurs les délégués syndicaux rassemblés dans un bureau climatisé en attendant que vienne l’heure.

En dépit d’un accord de sortie de grève signé jeudi, et donné pour très avantageux, le personnel de l’usine a estimé dimanche soir ne pas y trouver son compte.

"Jeudi c’était férié : on était tous à la maison", expliquait lundi matin Jean-Paul Wong Kan Sang, le délégué syndical CSTO-FO de l’Huilerie, avant d'ajouter : "J’ai appris la signature le jeudi soir. Ca m’a scié". Jeudi pourtant il était au nombre de ceux qui paraphaient le document. Le lendemain, la SA Huilerie de Tahiti libérait 100000 Fcfp d’avance sur salaire à la vingtaine d’employés gréviste du complexe. Le jour-même d’ailleurs tout le monde promettait encore de reprendre le travail dès lundi.

Puis, le jour venu, lundi matin : rien ; même si dès 7 heures le personnel était au grand complet présent sur son lieu de travail : tous là, sans tenir compte du découpage horaire des trois huit.

"Le feeling polynésien"

Il aura fallu attendre que Frédéric Riveta abrège son séjour à Rurutu pour rencontrer le personnel lundi vers 15 heures avant que les esprits ne se calment. En surplus des points du protocole de jeudi, le ministre accepte d’envisager le retrait de deux caméras de surveillance pointées sur le réfectoire et le bloc sanitaire de l’usine. Une nouvelle rencontre est prévue mardi matin pour envisager la question.

Devant huissier, les machines ont redémarré à 15h30. Dans le cas contraire, compte tenu de la signature de l’accord jeudi, la direction était prête à convoquer les employés rebelles à un entretien préalable en vue d’un licenciement.

"Je pense que tout est rentré dans l’ordre", s’est réjoui Frédéric Riveta après une trentaine de minute d’entretien avec les grévistes. "C’est ça le feeling polynésien. (…) Nous avons parlé. Ils attendaient que l’on vienne pour pouvoir discuter avec eux. (…) Vous savez il y a un problème de relationnel entre le P-dg et les employés qui date depuis deux ans maintenant. Il s’est envenimé petit à petit".

Reste qu’à l’exposé des points de l’accord de sortie de grève signé jeudi, 22 employés ont refusé de reprendre le travail lundi et vivement critiqué leurs délégués pour avoir paraphé le document.

"J’ai signé et j’ai voulu lever la grève sans consulter mes copains", avait fini par admettre Jean-Paul Wong Kan Sang, lundi matin. "Ils sont fâchés après moi. La preuve c’est ce que tu vois ce matin. Ils ne veulent pas reprendre. Ils veulent discuter avec le ministre. Ils n’étaient pas au courant de ce qu’on a signé jeudi. Ils m’en veulent. Ils m’ont dit que si ça ne se règle pas, je dois dégager de l’Huilerie. Ce n’est pas une menace ; ils ne sont pas contents".

"La langue de Molière a tellement de tournures qu’ils ont du mal à bien comprendre les termes mis dans le protocole par Angelo Frébault, Patrick Galenon et nous pour pouvoir contourner certaines revendications que nous ne pouvons pas leur accorder", a expliqué à l'issue de la rencontre Frédéric Riveta. "Il fallait juste que j’explique en tahitien tout ce qui est écrit dans l’accord. Aujourd’hui, le plus important est que l’usine tourne 24 heures sur 24. C’est ça le plus important".

L’huilerie de Tahiti dispose de quatre hangars emplis à ras bord de sacs de coprah qu’il devrait falloir quatre à cinq semaines à l’usine pour absorber à raison de 65 tonnes par jours. Et dans ce contexte, la reprise des achats dans les îles est difficile à envisager avant une quinzaine de jours. Dans les îles, le coprah n’est plus acheté depuis 10 jours maintenant.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 18 Mai 2015 à 16:39 | Lu 1330 fois