Richard Haupuni, une vie dédiée aux autres


Richard Haupuni, chef de corps des sapeurs-pompiers de Mahina.
MAHINA, le 14 juin 2018 - À 42 ans, Richard Haupuni est le chef de corps des sapeurs-pompiers de Mahina. Strict et droit dans ses bottes, Richard Haupuni n’a pas envie de jouer avec la vie des gens. Aujourd’hui, ce père de famille n’a pas l’intention de dormir sur ses lauriers, il vise désormais le grade de capitaine.

Malgré un planning très chargé, Richard Haupuni a accepté de nous recevoir mercredi matin, dans la caserne des sapeurs-pompiers de Mahina. Un univers qu’il côtoie depuis 20 ans.

Âgé de 42 ans, Richard Haupuni a traversé plusieurs épreuves pour arriver à prendre la direction de ce centre de secours. Il démarre en tant que militaire, « au 5ème régiment de la légion sur Moruroa. Ensuite, on m’a affecté dans la filière aérodrome, j’étais donc pompier aérodrome sur Hao. Je suis resté une année, et quand, je suis revenu, le tāvana Emile, à l’époque, voulait ouvrir son corps de sapeurs-pompiers, et c’est comme ça que je me suis présenté. C’était en 1997 », se rappelle-t-il.

Son aventure en tant que pompier démarre, « et je n’avais aucun grade. Mais j’avais déjà de l’expérience dans le domaine de l’aérodrome et j’avais les permis qu’il fallait. » Bien sûr, les conditions de travail n’étaient pas les mêmes à l’époque. « C’était plus par vocation, et des fois, on faisait nos interventions bénévolement, et par la suite, on est devenu sapeurs-pompiers volontaires. »

Richard Haupuni est donc recruté officiellement en 2000. « J’ai passé ma formation de lieutenant en 2004, en métropole. Quand je suis revenu, j’ai été adjoint chef de centre. En 2007, j’ai pris mes fonctions de chef de centre, jusqu’à aujourd’hui. »

LES MOYENS ONT BIEN ÉVOLUÉ

Après 20 années d’expérience, Richard Haupuni ne peut que se satisfaire de l’avancée en matière de moyens. « À l’époque, nous disposions des moyens du CEA, il y avait un échange. Nous avions un Dévidoir automobile (DA), dedans, nous avions aussi des tuyaux qui étaient pliés. Nous avions une autopompe de Moruroa, de 1984, et qui est toujours active. On n’avait pas d’ambulance ou de camion prêt à partir avec de l’eau dedans ».

Aujourd’hui, la caserne de Mahina est bien équipée : « Nous avons la plaine, la mer et les montagnes. Il y a un mélange, et c’est la raison pour laquelle, nous nous sommes dotés d’embarcations pour tout ce qui est sauvetage aquatique. Nous avons aussi un camion adapté aux feux urbains. Après, tout ce qui est feux de brousses, on s’est aussi adapté en fonction de cela. Aujourd’hui, nous avons deux camions qui sont spécialisés dans les feux de brousses. »

Avec 22 sapeurs-pompiers volontaires, 8 pros, la technique, le centre d’appel et l’administration, Richard Haupuni est fier de son personnel. D’ailleurs, depuis le mois de janvier, le centre de secours de Mahina s’est doté d’une section de jeunes sapeurs-pompiers.

FAVORISER LE TRANSPORT VITAL

Dans 90 % de leurs interventions, les sapeurs-pompiers de Mahina font du Secours à personnes (SAP), et parfois, ils se déplacent pour des petits bobos. Une situation qui exaspère le chef de corps. « Il y a des abus quand même. Pour un petit truc de rien du tout, on appelle les pompiers et quand on a une urgence vitale, eh bien, voilà. Je pense qu’il faut laisser les pompiers faire de l’urgence vitale et pas du transport secondaire. Si on enlevait tout ce qui est bobologie, je pense qu’on ferait moins d’interventions. »

Surtout que dans ce secteur d’activité, ces militaires sont confrontés, parfois, à des situations assez délicates, telles que des incendies. « Mon personnel est compétent et qualifié, et le matin le rituel est le même. Je dis toujours : faites attention, quand l’équipe de garde part sur un feu, si vous êtes 4 à partir, eh bien, vous êtes 4 à revenir. Si jamais, ils reviennent à trois, c’est qu’il y a eu un souci quelque part, et il faut chercher la raison. »

Quand la situation se présente, les émotions sont mises à rudes épreuves. Mais les hommes de feu ont été formés, et quand il le faut, une solidarité se met en place avec les centres de secours voisins. Et forcément, quand ces situations extrêmes se présentent, ce n’est pas évident pour les familles, et pour les femmes, plus particulièrement : « Si elles savent qu’elles sont mariées avec un pompier, elles savent qu’il peut être appelé à n’importe quelle heure. Je pense que l’inquiétude première est : est-ce qu’il va revenir ? On sait à quelle heure on part, mais on ne sait pas si on va revenir ou à quelle heure. À chaque fois que je prends le véhicule et que je pars, il y a forcément une inquiétude derrière. Je garde foi pour y arriver, et quand la situation est difficile, eh bien, tu prends sur toi », confie Richard Haupuni.

Mais le chef de corps du centre de secours de Mahina garde la tête sur les épaules. Il a plusieurs objectifs en tête, dont celui d’obtenir le grade de capitaine. « Pour cela, il faudra que je parte en métropole pour me former ». En attendant, Richard Haupuni sait qu’il n’a pas le droit à l’erreur et son fort caractère lui permet de rester droit dans ses bottes, pour exécuter sa mission comme il le faut.

D'ailleurs, la Journée nationale des sapeurs-pompiers aura lieu à Tahiti, ce samedi 16 juin 2018 place Vaiete de 9 heures à midi. Une journée qui permettra de parler de ces professionnels qui mettent leurs vies au service des autres.



Richard Haupuni
Chef de corps sapeurs-pompiers de Mahina

« Je ne peux pas me permettre de jouer avec la vie des gens »


Quelle est la différence entre un sapeur-pompier volontaire et un pro ?
« Le pro, c’est son métier, et le volontaire se met à la disposition de la population en fonction de son temps. Il fait le même métier que nous, mais c’est simplement l’entité qui change. Il est sapeur-pompier volontaire, ça veut dire qu’il a un emploi professionnel, et il donne son temps libre au service de la communauté. »

Quelles sont les conditions pour intégrer votre profession ?

« Pour celui qui veut intégrer le centre en tant que sapeur-pompier volontaire, on demande à ce qu’il ait déjà son PSE1 (Premiers secours en équipe de niveau 1) et PSE2 (Premiers secours en équipe de niveau 2), pour avoir au moins la spécificité de partir en ambulance. Parce que s’il faut attendre les besoins de formation, il peut s’écouler une année. Pendant ce temps, le gars n’apporte rien. C’est la raison pour laquelle, on demande d’emblée PSE1 et PSE2. Comme cela, il peut déjà partir dans le Véhicule de secours et d’assistance aux victimes (VSAV). »

Quelles sont vos qualités ?
« Je ne sais pas du tout. »

Et vos défauts ?
« Peut-être que je suis un peu trop sévère. J’ai eu des parents qui étaient sévères également. Je ne peux pas me permettre de jouer avec la vie des gens. Donc, je suis très carré et que ça plaise ou pas, ce n’est pas mon problème. »



Avec 22 sapeurs-pompiers volontaires, 8 pros, la technique, le centre d’appel et l’administration, Richard Haupuni est fier de son personnel.

Aujourd'hui, la caserne de Mahina est bien équipée.

Rédigé par Corinne Tehetia le Jeudi 14 Juin 2018 à 16:11 | Lu 3337 fois