Marseille, France | AFP | jeudi 08/06/2017 - La justice s'est opposée à la mise en service de la plus grande centrale biomasse de France, à Gardanne (Bouches-du-Rhône), un projet présenté comme écologique, mais dont l'impact majeur sur les forêts du Sud-Est aurait été sous-évalué.
Le tribunal administratif de Marseille a annulé mercredi l'autorisation délivrée par l'Etat en novembre 2012 pour exploiter cette centrale, qui a déjà commencé, à titre de test, à produire de l'électricité. L'étude d'impact préalable sur l'environnement a été jugée insuffisante, ce qui a "eu pour effet de nuire à l'information complète de la population", selon les juges.
Le site, une ancienne centrale à charbon, dont une unité a été reconvertie au terme d'un intense conflit social, est exploité par le groupe allemand Uniper, et emploie 180 salariés, dont 70 à 80 pour l'unité biomasse.
Cette centrale, la plus importante de son genre de France, est un projet qui a été soutenu par l'Etat dans le cadre du "Grenelle de l'environnement" : l'énergie produite, renouvelable, devait à terme représenter 6% de la production d'électricité de la région Paca.
Mais le gigantisme de la centrale, calibrée pour brûler 850.000 tonnes de bois par an - pour moitié des déchets, pour moitié du bois issu de coupes forestières - est dénoncé par ses détracteurs : pour l'alimenter, il faudrait prélever 35% du gisement forestier disponible dans un rayon de 250 kilomètres.
Deux parcs naturels régionaux, celui du Lubéron et du Verdon, plusieurs communes des Alpes-de-Haute-Provence et des associations, dont France Nature Environnement (FNE) avaient donc attaqué en justice.
Les juges reprochent au groupe de n'avoir étudié l'impact du projet que dans un périmètre de trois kilomètres, alors que la centrale prévoit de brûler du bois coupé dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres. Ils jugent également que les dégâts sur l'environnement des camions qui alimenteront la centrale en bois et la pollution atmosphérique (particules fines, dioxines, CO2) n'ont pas été correctement pris en compte.
"L'étude aurait dû prendre en compte l'impact gigantesque pour la ressource forestière française de ce projet surdimensionné", a commenté Sophie Bourges, juriste chez FNE.
A compter de ce jour, la centrale n'a plus le droit de fonctionner, mais le groupe peut faire appel, ou, en cas d'échec, recommencer une nouvelle étude d'impact, a-t-elle expliqué.
Sollicité par l'AFP, Uniper n'avait pas réagi mercredi dans l'immédiat.
Pour le député sortant François-Michel Lambert, candidat à sa réélection sous l'étiquette République En Marche, "le groupe a voulu forcer les lois françaises" en reconvertissant sa centrale à charbon, jugée pas assez rentable, en une centrale biomasse démesurée, sans mener les études d'impact suffisantes.
L'ancienne ministre de l'Environnement Ségolène Royal a botté en touche et "l'Etat a mis la tête dans le sable" en laissant le projet se faire, sur fond de conflit social dur avec les salariés, qui craignaient pour leur emploi, poursuit ce détracteur de longue date du projet, qui plaidait pour une reconversion dans le gaz.
"Je suis très inquiet pour les salariés, on peut redouter qu'ils annoncent la fermeture" du site, avance-t-il.
Au total, 250 millions d'euros ont été investis pour la reconversion à la biomasse d'une tranche de la centrale, qui génère 80 emplois directs selon son exploitant, et a commencé à brûler, faute de ressources locales suffisantes, du bois importé d'Amérique du Sud.
Dans l'immédiat, "nous demandons à l'Etat d'accorder une dérogation ou un permis d'exploiter provisoire", a réagi auprès de l'AFP Nadir Hadjali, secrétaire général adjoint de la CGT du site. "On est d'accord pour que l'aspect environnemental soit pris en compte, mais qu'on nous parle de fermeture, là, on n'est plus d'accord", poursuit le représentant, qui appelle la direction à confirmer rapidement sa volonté de poursuivre le projet.
Le tribunal administratif de Marseille a annulé mercredi l'autorisation délivrée par l'Etat en novembre 2012 pour exploiter cette centrale, qui a déjà commencé, à titre de test, à produire de l'électricité. L'étude d'impact préalable sur l'environnement a été jugée insuffisante, ce qui a "eu pour effet de nuire à l'information complète de la population", selon les juges.
Le site, une ancienne centrale à charbon, dont une unité a été reconvertie au terme d'un intense conflit social, est exploité par le groupe allemand Uniper, et emploie 180 salariés, dont 70 à 80 pour l'unité biomasse.
Cette centrale, la plus importante de son genre de France, est un projet qui a été soutenu par l'Etat dans le cadre du "Grenelle de l'environnement" : l'énergie produite, renouvelable, devait à terme représenter 6% de la production d'électricité de la région Paca.
Mais le gigantisme de la centrale, calibrée pour brûler 850.000 tonnes de bois par an - pour moitié des déchets, pour moitié du bois issu de coupes forestières - est dénoncé par ses détracteurs : pour l'alimenter, il faudrait prélever 35% du gisement forestier disponible dans un rayon de 250 kilomètres.
Deux parcs naturels régionaux, celui du Lubéron et du Verdon, plusieurs communes des Alpes-de-Haute-Provence et des associations, dont France Nature Environnement (FNE) avaient donc attaqué en justice.
- 'Impact gigantesque' -
Les juges reprochent au groupe de n'avoir étudié l'impact du projet que dans un périmètre de trois kilomètres, alors que la centrale prévoit de brûler du bois coupé dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres. Ils jugent également que les dégâts sur l'environnement des camions qui alimenteront la centrale en bois et la pollution atmosphérique (particules fines, dioxines, CO2) n'ont pas été correctement pris en compte.
"L'étude aurait dû prendre en compte l'impact gigantesque pour la ressource forestière française de ce projet surdimensionné", a commenté Sophie Bourges, juriste chez FNE.
A compter de ce jour, la centrale n'a plus le droit de fonctionner, mais le groupe peut faire appel, ou, en cas d'échec, recommencer une nouvelle étude d'impact, a-t-elle expliqué.
Sollicité par l'AFP, Uniper n'avait pas réagi mercredi dans l'immédiat.
Pour le député sortant François-Michel Lambert, candidat à sa réélection sous l'étiquette République En Marche, "le groupe a voulu forcer les lois françaises" en reconvertissant sa centrale à charbon, jugée pas assez rentable, en une centrale biomasse démesurée, sans mener les études d'impact suffisantes.
- Craintes pour l'emploi -
L'ancienne ministre de l'Environnement Ségolène Royal a botté en touche et "l'Etat a mis la tête dans le sable" en laissant le projet se faire, sur fond de conflit social dur avec les salariés, qui craignaient pour leur emploi, poursuit ce détracteur de longue date du projet, qui plaidait pour une reconversion dans le gaz.
"Je suis très inquiet pour les salariés, on peut redouter qu'ils annoncent la fermeture" du site, avance-t-il.
Au total, 250 millions d'euros ont été investis pour la reconversion à la biomasse d'une tranche de la centrale, qui génère 80 emplois directs selon son exploitant, et a commencé à brûler, faute de ressources locales suffisantes, du bois importé d'Amérique du Sud.
Dans l'immédiat, "nous demandons à l'Etat d'accorder une dérogation ou un permis d'exploiter provisoire", a réagi auprès de l'AFP Nadir Hadjali, secrétaire général adjoint de la CGT du site. "On est d'accord pour que l'aspect environnemental soit pris en compte, mais qu'on nous parle de fermeture, là, on n'est plus d'accord", poursuit le représentant, qui appelle la direction à confirmer rapidement sa volonté de poursuivre le projet.