Rétrospective environnement de l'année 2023


Tahiti, le 5 janvier 2023 - Que retenir de l'année écoulée ? Tahiti Infos livre une série de rétrospectives thématiques consacrées à l'actualité de l'année 2023 et vous propose aujourd'hui une sélection des événements qui auront marqué l'environnement au fenua.
 
 

Les grandes dates

5 janvier - Hugo Oudart, de la Direction de la biosécurité de la Polynésie française, s'est vu décerner le prix de "combattant de l'année 2022" par le secrétariat du programme régional océanien pour l'environnement.
 
26 janvier - Le nouveau collectif A ti'a Raiatea a tenu sa toute première réunion à Uturoa. L’objectif était de fédérer des citoyens membres ou non d’associations environnementales afin de tenter de répondre à la problématique de la gestion catastrophique des déchets à Raiatea.
 
1er février - Le CET de Hitia'a épinglé pour pollution. Le co-gérant du Centre d'enfouissement technique de Hitia’a, Edwin Teraiharoa, a été condamné par le tribunal de police pour avoir abandonné des déchets sur l'installation.
 
23 février - Le ministre de l'Environnement Heremoana Maamaatuaiahutapu, tout juste revenu du Congrès international des aires marines protégées à Vancouver, a tenu une conférence sur la problématique des DCP dérivants.
 
17 mars - La candidature des Marquises officiellement déposée à l'Unesco.
 
28 mars – Édouard Fritch dresse un bilan positif de la Polynésie française concernant l'eau, l'assainissement et les énergies renouvelables durant le forum de l'Asie Pacifique sur le développement durable.
 
5 avril – Transplantation des coraux en bonne santé de la base navale, afin d'éviter leur destruction et gagner quelques mètres de tirant d'eau en vue de l'arrivée des nouveaux patrouilleurs.
 
10 mai – Organisation du colloque " Insularité et changement climatique" : Les espèces endémiques du fenua en danger d'ici 2050.
 
10 juin – L'association Mama Natura organise son 'Clean Up Day' à Fare Ute : " Nous n'avons pas de planète B !"
 
4 juillet – Organisation d'un ramassage 'scientifique' des déchets sur la plage d'Apatea, où chaque détritus est analysé afin d'en savoir davantage sur sa provenance.
 
11 juillet – La planète connaît sa semaine la plus chaude jamais enregistrée en raison du cumul du réchauffement climatique et du retour du phénomène El Niño.
 
3 août - Trois jeunes bacheliers du lycée professionnel John Doom de Taravao vont poursuivre leurs études en aquaculture dans l’Hexagone. Encouragés par leur lycée et le Pays, ces jeunes s’inscrivent dans une volonté de développer cette filière au fenua.
 
9 août – Les pétrels menacés par la pollution lumineuse, l'association Manu tire la sonnette d'alarme.
 
4 septembre - L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie organise une visio-conférence avec les différents acteurs du Pacifique sur la problématique des déchets liés aux emballages.
 
25 septembre - Le gouvernement se penche sur une technique qui consiste à réaliser du béton enrichi de coquilles d’huîtres à la place du granulat initial.
 
2 octobre - Séminaire sur la durabilité des systèmes alimentaires du Pacifique au Hilton de Tahiti, les pays de l'Océanie inquiets pour les années à venir.
 
10 octobre – La transition écologique à l'honneur au Women's Forum.
 
15 octobre – Mobilisation à Teahupo'o contre la tour des juges dédiée aux épreuves de surf des Jeux Olympiques de Paris 2024.
 
12 novembre – L'eau polluée de Fukushima déversée dans l'océan inquiète les dirigeants des pays du Pacifique.
 
4 décembre – Une barge à Teahupo'o relance les débats autour de la tour après avoir endommagé sérieusement le récif.
 
14 décembre - L’Institut de la radioprotection et de la sûreté nucléaire (IRSN) publie son bilan de la radioactivité en Polynésie française pour les années 2021 et 2022 : les taux restent bas.
 
 
 

C'était le 1er mars : La ponte des coraux à la loupe

L'association Tama No Te Tairoto observe depuis deux ans les pontes de coraux en Polynésie. Un phénomène très synchronisé sur l'ensemble du territoire, à tel point qu'un calendrier de ponte pourrait être élaboré. "Cela fait deux ans que l'on observe les coraux, et nous nous sommes rendus compte qu'il s'agissait d'un phénomène globale, et surtout synchronisé au jour et à l'heure près " expliquait le président de l'association et biologiste marin à la Direction des ressources marines, Vetea Liao.
 
En effet, selon ses observations, le phénomène se produit toujours durant la période d'abondance, de novembre à avril, toujours cinq jours après la pleine lune, et vers 7h30 du matin dans le lagon. À l'extérieur de la barrière de corail le phénomène se produit plus tard dans la matinée en raison de la faible luminosité des profondeurs. Même si pour l'instant, Vetea Liao n'a pas encore déterminé les raisons scientifiques de ces pontes synchronisées, cela pourrait quand même lui permettre d'établir un calendrier de ponte des coraux sur plusieurs années.

C'était le 11 mai : Réfugiés climatiques, l'urgence d'un statut

D'ici 2050, d'après une étude dévoilée en 2020 par la Banque mondiale, 216 millions de personnes dans le monde seront contraintes de quitter leur foyer, en raison des multiples conséquences du réchauffement climatique. Et si les grands États seront évidemment touchés par ces migrations environnementales, ce sont bien les petits pays insulaires, dont la Polynésie fait partie, qui vont être les plus impactés de par leur situation géographique. À l'occasion de la deuxième journée du colloque “Insularité et changement climatique”, le président du Centre international de droit comparé de l'environnement et président honoraire de la Société française pour le droit de l'environnement, Michel Prieur, a donné une conférence sur le projet d'une convention relative au statut de ces déplacés climatiques : “On s'est rendu compte qu'il y avait un vide juridique pour ces personnes, aucune convention pour traiter le problème du statut des personnes victimes de catastrophes climatiques, naturelles ou non. Les rapporteurs spéciaux des Nations unies demandent depuis longtemps que ce sujet fasse l'objet d'une discussion entre les États.” Car même si en théorie, les droits de l'Homme sont applicables dans leur cas, dans la pratique, rien ne les protège véritablement.

C'était le 21 juin : Qualité des eaux destinées à la consommation

La Direction de la santé, par le biais de son Centre de santé environnementale (CSE), a réalisé des contrôles sanitaires de la qualité de l'eau destinée à la consommation humaine à Tahiti et dans les îles en 2022. Au total, 1497 prélèvements ont été effectués sur des réseaux de distribution, 19 prélèvements sur des fontaines de distribution à carte prépayée (Tuamotu), 290 prélèvements sur des fontaines publiques et 99 prélèvements sur des ressources.
 
Les résultats montrent une amélioration de la qualité de l'eau dans certaines communes, mais des défis persistent. 9 communes ont fourni de l'eau potable sur l'ensemble de leur territoire (Papeete, Pirae, Arue, Faa’a, Punaauia, Papara, Bora Bora, Tumaraa et Uturoa), tandis que 7 autres communes l'ont fourni partiellement (Mahina, Taiarapu Est, Moorea, Taputapuatea, Huahine, Tubuai et Rurutu). 

C'était le 21 août : Papeete climatisée par ses commerces

De nombreux commerces gardent leur porte d’entrée ouverte alors que la climatisation tourne à plein régime à l’intérieur. Si certains magasins tentent de limiter ce gaspillage, d’autres n’en font rien pour attirer le chaland. Pourtant, en France, une loi datant d’octobre 2022 interdit cette pratique : Tout contrevenant s'expose à une amende pouvant aller jusqu'à 750 euros, soit 90.000 francs.
 
Selon Guy Loussan, vice-président de la Fédération générale du commerce, la climatisation est une nécessité. “Sous les tropiques, il fait chaud. La climatisation offre du confort”. Mais lorsque la question de fermer les portes lui est posée, il ne comprend pas où est la problématique, en parlant du bruit et de la poussière et non pas de gaspillage. “Si on ferme les portes, nous n’avons plus de clients, nous ne pouvons pas tout faire”, insiste le commerçant.
 
Heureusement, certains de ses homologues prennent les devants tout seuls. Ariimoena est vendeuse dans un petit commerce. Dans cette échoppe, seule une climatisation sur deux est allumée, le thermostat réglé sur 25°C. “C’est une question d’habitude et de conscience écologique, j’essaye de faire attention. Ça ne sert à rien de tout mettre à fond et de laisser ouvert”, explique la jeune femme.

C'était le 15 octobre : Mobilisation à Teahupo'o contre la tour des juges

 
Ils étaient près de 700 personnes selon les organisateurs et 400 selon les chiffres officiels, à manifester leur opposition à la construction de la tour des juges pour les JO de 2024, sur le platier de Hava’e. Une marche pacifique qui a rassemblée plusieurs mouvements et associations militants pour la protection de l’environnement.
 
“Il était hors de question qu’on ne vienne pas soutenir cette manifestation de Vaiara no Teahupoo, pour nos enfants et nos générations futures”, expliquait Annick Pa’ofai, la présidente de l’association de défense du Fenua Aihere. “On peut construire une tour sur les plots existants, estime-t-elle, mettre des plaques solaires pour l’électricité, installer des toilettes sèches et faire comme on a toujours fait depuis 26 ans. Et après les épreuves ils démontent tout.” 
 
Cindy Drollet, pour le collectif Vaiara no Teahupoo, s’est réjouie du succès de la marche pacifique organisée à son initiative, “parce que nous ne somme plus tout seul maintenant : derrière nous il y a d’autres personnes qui parlent, une pétition sera mise en circulation et je tenais à remercier les différentes associations qui ont répondu à notre appel comme Moorea Coral Gardners, l’association de surfeurs Tamarii Nuuroa, ou encore Fafaite ainsi que la délégation de surfeurs de haut niveau. Le message est passé, les autorités devront nécessairement en tenir compte."

C'était le 6 novembre : Un engrais bio sortira des déchets de poisson

“Ce projet, étudié avec la Direction de l’agriculture, permettra de traiter les déchets de poissons pour éviter qu’ils ne soient tout simplement rejetés dans le port”, expliquait Nicolas Bono,  de la Société TNB Water et Compost, la veille de l'inauguration de son nouvel équipement à Atimaono. "C'est une solution pérenne qui, de plus, ne dégage aucune bactérie pathogène." En effet, les déchets de poissons, à l’instar des autres déchets animaliers, vont monter en température dans le composteur jusqu’à 75 degrés, ce qui tuera toutes les mauvaises bactéries comme Escherichia coli ou les salmonelles.
 
“En un mois, on va progressivement pouvoir traiter 50 tonnes de déchets”, explique, enthousiaste, le promoteur de ce projet. “Quand le système tournera à plein régime, on traitera environ 2 tonnes de déchets de poissons par jour, rien qu’avec ce que le port de pêche de Papeete va nous fournir.” L’organisation est bien huilée. Le port de pêche ne débourse pas un franc pour cette récupération. L’entreprise va chercher chaque jour les déchets qu’elle transporte dans des bacs hermétiques. C’est le compost fertilisant qui sera issu de leur traitement qui financera le projet. Un rapport gagnant/gagnant.

C'était le 11 décembre : 100 millions de francs débloqués après les intempéries

Le pays a débloqué 100 millions de francs après avoir constaté l’état de calamité naturelle des sinistres occasionnés par les intempéries des 6 et 7 décembre 2023, dans l’archipel de la Société. Ces 100 millions de francs proviennent des crédits des dépenses imprévues et seront versés au budget général du Pays. 15 millions de francs sont débloqués pour l’entretien et les réparations des réseaux routiers, 15 millions pour les services extérieurs, 30 millions de francs sont débloqués pour l’entretien et les réparations des protections contre les eaux et 40 millions de francs sont engagés pour les divers services extérieurs des protections de berges.

le Vendredi 5 Janvier 2024 à 15:05 | Lu 1989 fois