Rétrospective 2019 : une année de politique


Tahiti, le 18 décembre 2019 - Que retenir de l'année écoulée ? Tahiti Infos démarre une série de sept rétrospectives thématiques consacrées à l'actualité de l'année 2019 et vous propose dès aujourd'hui une sélection de la rédaction des événements qui auront marqué la vie politique du fenua cette année.

Les grandes dates

28 février : Visite éclair jusqu’au 3 mars en Polynésie de la ministre des Outremers Annick Girardin.

8 mars : Evans Haumani, le maire de Moorea-Maiao, annonce sa démission du Tahoera’a Huiraatira, suivi par sa première adjointe, Manuela Nollemberger, sa deuxième adjointe, Rebecca Tetuanui, et le maire délégué de Teavaro, Ronald Teariki.

1er avril : Les parlementaires polynésiens apparentés au Tapura Huiraatira cosignent une lettre adressée à Edouard Fritch pour dénoncer le caractère "inapproprié" du soutien de leur parti à la liste LREM aux élections européennes.

8 avril : Le maire Tapura de Paea, Jacquie Graffe, déclare son soutien à la liste Les Républicains pour les européennes, en contradiction avec le mot d’ordre du Tapura qui prône un soutien à La République en Marche (LREM).

16 avril : Décès de René Kohumoetini (70 ans), ancien maire-représentant Tahoera'a de Ua Pou.

27 avril : Le maire sortant Michel Buillard officiellement candidat aux municipales des 15 et 22 mars 2020, à Papeete dont il est tavana depuis 1995.

23 mai : Le Parlement français adopte un statut d’autonomie pour la Polynésie française qui reconnait sa "mise à contribution" dans "la construction de la capacité de dissuasion nucléaire et à la défense nationale".

28 mai : Décès de l’ancien maire de Papeete, ancien président de l’assemblée territoriale, Jean Juventin (91 ans).

31 mai : Décès de Tamara Bopp-Dupont (75 ans), ancienne maire déléguée de Afareaitu, Moorea, ancienne représentante à l’assemblée de la Polynésie française.

20 juin : Damas Teuira se déclare candidat à sa réélection à la mairie de Mahina aux prochaines municipales.

17 juillet : Visite officielle de 4 jours de la garde des Sceaux, Nicole Belloubet.

6 août : Le haut-commissaire Dominique Sorain prend ses fonctions en Polynésie française.

26 septembre : Vive émotion en Polynésie après l’annonce du décès de l’ancien président de la République Jacques Chirac.

4 octobre : Edouard Fritch demande à l’ONU, par le biais de la délégation de Papouasie-Nouvelle-Guinée, le retrait de la Polynésie française de la liste des territoires non-autonomes à décoloniser.

29 octobre : Décès à 77 ans d’Ismaël Tuahu, ancien maire-représentant de Taha’a.

5 décembre : La député et représentante à l’assemblée de la Polynésie française, Nicole Sanquer, démissionne du groupe Tapura pour siéger comme non-inscrite à Tarahoi. L'élue souhaite en revanche rester affilée au parti de la majorité.

10 décembre : Pas de majorité au conseil municipal de Paea en faveur de la délibération supportée par le maire, Jacquie Graffe, pour retirer leur fonction d’adjoint à Jean-Claude Hapairai, Teipo Teaha et Yvette Temauri, futurs opposants aux municipales.

​Le Tapura domine les Européennes

Tahiti, le 26 mai 2019 - Le Tapura Huiraatira confirme localement son fort ancrage électoral avec 43,3% des suffrages exprimés en Polynésie pour LREM que soutenait le parti aux élections européennes.
 
C’était la dernière opportunité pour les partis politiques de se compter avant les élections municipales des 15 et 22 mars prochains. Le scrutin des européennes a confirmé le fort ancrage militant du parti Tapura Huiraatira, fin mai dernier.
Le parti d’Edouard Fritch appelait à voter pour la liste Renaissance apparentée La République en Marche. Ce vote totalise au final 43,3% des suffrages exprimés en Polynésie, avec 15 731 voix.
Vainqueur de ces élections européennes en France, le Rassemblement National, soutenu localement par le parti Te Nati d’Eric Minardi, prend la deuxième place du scrutin en Polynésie avec 16,4% des votes.
Comme au plan national, la liste Europe Ecologie-Les Verts (EELV) s’invite à une surprenante troisième place au fenua avec 4 018 voix, 11,06% des suffrages.
Après avoir appelé à voter « I love Maohi Nui », le Tavini a revendiqué les bulletins « nuls » de cette élection. De 1 266 bulletins en 2014, il s’octroie les 5 408 comptés en 2019, soit 12,4% des suffrages exprimés.
Au bilan, comme lors des primaires de la droite fin 2016, de la présidentielle et des législatives de 2017 et des territoriales de 2018, Edouard Fritch remporte donc une nouvelle bataille politique locale face à ses adversaires directs. Le Tahoeraa/Les Républicains est renvoyé à la quatrième place en Polynésie (9,4% des votes), infligeant une nouvelle déconvenue à Gaston Flosse qui, le premier, avait tenté de politiser localement ces élections européennes.
A noter enfin que le grand vainqueur de ces élections européennes 2019 en Polynésie aura encore été l’abstention pour 77,8% des électeurs.

​Putai Taae candidat précaire à Papara

Tahiti, le 5 juin 2019 - Par un astucieux jeu procédurier le maire sortant de Papara parvient à conserver provisoirement ses droits civiques malgré une peine d’inéligibilité de 2 ans prononcée à son encontre, assortie de l’exécution provisoire.

Le maire sortant de Papara a annoncé en octobre dernier qu’il serait candidat à sa réélection aux prochaines municipales, bien que sous la menace d’une peine d’inéligibilité.
Le maire Tapura Huiraatira est depuis le 7 mai sous le coup d'une condamnation à 2 ans d'inéligibilité avec prononcé de l'exécution provisoire, dans l’affaire de l’association Ia Ora Papara où il a été reconnu coupable de "recel d’abus de confiance" et de "prise illégale d’intérêts". Un jugement correctionnel dont il a fait appel le 13 mai, sans que cela n’ait d’influence sur le caractère exécutoire de sa peine d’inéligibilité. Dans un arrêt rendu le 17 octobre dernier, la cour d'appel a confirmé les condamnations pénales prononcées en correctionnelle à un détail près : la peine d'inéligibilité n'est plus assortie de l'exécution provisoire.
Le haut-commissaire a démis d'office Putai Taae, le 14 mai dernier, de ses mandats de conseiller municipal et de maire de Papara.
L’édile a donc engagé un recours devant le tribunal administratif pour contester l’arrêt du représentant de l’Etat. Le 5 juin, la juridiction a validé cette décision du haut-commissaire, en estimant qu’il avait agi en compétence liée.
Mais le maire sortant de Papara s’est ouvert la possibilité d’une candidature aux prochaines municipales, malgré la précarité de sa situation judiciaire, en portant sa contestation devant le Conseil d’Etat. La procédure est en effet suspensive. En attendant l’arrêt de la haute juridiction Putai Taae est donc en capacité d’être candidat à sa réélection. Mais sa situation civique reste très précaire.

​La baguette de pain passe à 57 Fcfp

Tahiti, le 13 novembre 2019 - Maintenue à 53 francs depuis 2011, le prix de la baguette de pain de 250 grammes est revalorisé à 57 Fcfp.

Le conseil des ministres a entériné la revalorisation du prix de la baguette de pain de 53 à 57 Fcfp, le 13 novembre dernier, et précisé les tarifs maximaux de vente des pains en Polynésie française.
En Polynésie française, le prix de vente de la baguette de pain est réglementé. La dernière revalorisation du prix est intervenue en 2011 et a fixé le prix de détail de la baguette de pain classique (poids supérieur ou égal à 250 grammes) à 53 Fcfp. Le syndicat des boulangers de la Polynésie française avait sollicité dernièrement un relèvement des prix pour compenser les augmentations des charges d’exploitation (électricité, carburant) et salariales rencontrées ces dernières années.
Compte tenu des données économiques rapportées et dans un souci de garantir un prix de vente raisonnable au consommateur, le gouvernement polynésien a décidé de revaloriser les prix du pain réglementé. Outre la baguette de pain d’un poids minimal de 250 grammes qui passe à 57 Fcfp, la baguette de pain d’un poids minimal de 300 grammes peut dorénavant être commercialisée à 71 Fcfp, le pain d’un poids minimal de 500 grammes à 92 Fcfp et le pain d’un poids minimal de 620 grammes à 103 Fcfp.

​L’amendement Tetuanui à l’usage

Tahiti, le 27 novembre 2019 - En février 2017, la loi Egalité réelle outre-mer (Erom) avait supprimé la notion de risque négligeable, véritable verrou jusqu’alors pour les indemnisations sous l’égide de la loi Morin. L’amendement Tetuanui, introduit dans la loi fin décembre 2018 pose aujourd’hui le principe d’une exposition minimale. Mais le Civen minimise son impact.

Tout malade atteint d’un des 21 cancers reconnus comme potentiellement radio-induits et ayant résidé en Polynésie française du 2 juillet 1966 au 31 décembre 1998, avait de fortes chances de se voir indemnisé comme victime des essais nucléaires français, s’il présentait un dossier de demande, après février 2017. Plusieurs démissions de membres du Civen avaient empêché l’instruction des dossiers pendant toute l’année 2017 et début 2018.
Mais depuis le 28 décembre 2018, la présomption de causalité est acquise aux malades atteints de l’une des maladies reconnues comme radio-induites, pour peu que ces victimes aient séjourné en Polynésie entre le 2 juillet 1966 et le 31 décembre 1998, "à moins qu’il ne soit établi que la dose annuelle de rayonnements ionisants dus aux essais nucléaires français reçue par l’intéressé a été inférieure" à 1 mSv. Cette nouvelle disposition légale a été proposée et défendue par une commission de cadrage présidée par la sénatrice polynésienne Lana Tetuanui, avant d'être inscrite dans la loi pour entériner une méthodologie de travail que le Civen utilisait déjà depuis mai 2018.
Compte tenu des références dosimétriques sur lesquelles se fonde le Civen pour renverser la présomption de causalité, les demandes d'indemnisation de personnes nées postérieurement à 1974 ou ayant résidé à Tahiti ailleurs que sur la côte Est ont dorénavant peu de chances d’être reçues.
Alain Christnacht a cependant défendu, le 27 novembre dernier à Papeete, devant les membres du Conseil d’orientation pour le suivi des conséquences des essais nucléaires (Coscen), que ce seuil d’1 millisievert n’est pas bloquant : 60% des dossiers retenus sont en-dessous, tandis que d’autres éléments d’analyse ont été pris en compte.
Le président du Comité d’indemnisation des victimes du nucléaire a en outre rappelé ce jour-là que depuis 2010 le Civen a traité 311 demandes d’indemnisation. Entre 2012 et 2017, seules 11 demandes avaient reçu une issue favorable, alors qu’entre le 1er janvier 2018 et aujourd’hui, 110 personnes ont fait l’objet d’une proposition d’indemnisation.

​Flosse candidat incertain à Papeete

Tahiti, le 12 décembre 2019 - Après le rejet par Michel Buillard de leurs demandes d'inscription sur la liste électorale de Papeete, Gaston Flosse, et de sa compagne, Pascale Haiti, engagent une procédure de contestation à l'issue incertaine.
 
C’est dans la capitale de la Polynésie française que le Vieux Lion espère rebondir politiquement, à 88 ans, aux municipales des 15 et 22 mars prochains. Une entente est en négociation avec la fédération Tavini de Papeete pour présenter une liste d’union. Il faudra à Gaston Flosse, avant tout, parvenir à se faire inscrire sur la liste électorale de la ville, après avoir tenté d’être électeur de Arue en 2018, avoir voté aux municipales de 2014 à Pirae et aux Territoriales de 2013 à Tautira.
Pour ce faire le leader orange et sa compagne, Pascale Haiti, affirment louer un local depuis le 1er août dernier au siège Tahoera’a Huiraatira, 4, rue François Cardella, immeuble Wohler dans le quartier du marché de Papeete.
Le 9 décembre, le tavana Michel Buillard a rejeté les demandes d’inscription faites par le leader autonomiste et par sa compagne, quatre jours plus tôt. En cause, pour le premier magistrat de Papeete, leur durée de résidence, inférieure à 6 mois au moment de la demande, comme l’exige la loi.
Gaston Flosse et Pascale Haiti ont saisi la commission de contrôle des listes électorales de la ville, vendredi 12 décembre, par le truchement de leur avocat, Me Dominique Antz. Ils demandent l’annulation de ces décisions de refus. Pour eux, le décompte opéré par le maire est erroné : la durée de résidence s’apprécie au plus tard le 21e jour avant chaque scrutin, prétendent-ils, c’est-à-dire pour les prochaines municipales le 23 février 2020.
La commission de contrôle des listes électorales de Papeete a 30 jours, jusqu’au 12 janvier prochain, pour se prononcer. En cas de nouveau rejet, le leader du Tahoera’a aura encore la possibilité de saisir le tribunal de première instance, puis en dernier lieu la cour de cassation.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 18 Décembre 2019 à 20:20 | Lu 1847 fois