Retraites, nucléaire, revalorisation salariale… au centre des discussions


PAPEETE, le 1er mai 2019 - Les traditionnelles rencontres du 1er mai entre le gouvernement et les organisations syndicales se sont déroulées dans le calme ce mercredi à la Présidence. Si la plupart des syndicats ont répondu présent, la CSIP était aux abonnés absents. Au menu des discussions, la réforme des retraites, la revalorisation des salaires, l'augmentation du Smig ou encore le nucléaire.

C'est dans une ambiance assez sereine que les échanges ont eu lieu ce mercredi matin à la Présidence. Le président Edouard Fritch accompagné de ses ministres ont reçu tour à tour les différentes organisations syndicales au fenua : la CSTP-Fo, A Ti'a i Mua, Otahi, RTP-ARO de Mahinui Temarii, le STIP et le SDIRAF. La CSIP a préféré décliné l'invitation du gouvernement.

Au centre des discussions, la réforme des retraites, la revalorisation des salaires, l'augmentation du Smig ou encore le nucléaire. Autant de thèmes qui ont bien été reçus par Edouard Fritch, sauf que les syndicalistes attendent aujourd'hui l'application de ce qui a été dit durant les échanges.



Patrick Galenon
Secrétaire général de la CSTP-FO

"Le président nous a écoutés"


"Il a été question de beaucoup de choses, comme l'augmentation de nos salaires, l'indice de correction pour les fonctionnaires du pays et des communes. Nous avons évoqué aussi la santé au sujet de la malbouffe. Nous avons parlé aussi de la pénibilité dans beaucoup de professions, notamment pour celles et ceux qui travaillent dans les avions. La pénibilité existe en Nouvelle-Calédonie et en France, mais pas en Polynésie. On sait que les directions des compagnies sont d'accord. Donc, on a demandé à ce que ce soit appliqué le plus rapidement possible. En ce qui concerne les fonctionnaires d’État, il a été question d'une plus grande cohésion entre les actions de l’État et du Pays. On a soulevé le problème de ceux qui veulent revenir en Polynésie et qui ont des difficultés, alors que la loi Erom est passée. On a parlé aussi des retraites, parce que les arrêtés d'application n'ont pas encore été pris, ce qui veut dire que la CPS ne pourra pas faire de simulations concernant votre retraite. On a demandé à ce que cela soit applicable en janvier 2020, pour que les arrêtés d'application puissent être pris. Le président nous a écoutés. Aujourd'hui, tout le monde se presse et la CPS n'est pas capable de dire si les futurs retraités perdront 8 ou 2 %."



Jean-Marie Yan Tu
Secrétaire général A Ti'a i Mua

"On va se rencontrer mardi"


"On va se rencontrer avec le président et les ministres concernés (ministre de la fonction publique, ministre du travail et le ministre en charge de la CPS), mardi, pour travailler sur nos revendications. On va travailler sur le code du travail, sur la PSG, la retraite (70 % de nos revendications ont été acceptées et les 30 % se portent sur le terme "et" "38 ans et 62 ans", on n'est pas d'accord. Je pense qu'ils commencent à comprendre que cela risque d'être douloureux pour les travailleurs. La revalorisation de la grille salariale de la fonction publique, nous avons demandé à uniformiser, parce que si on parle de pourcentage, les cadres gagneront toujours plus par rapport aux petites catégories qui représentent quand même 40 % de l'administration."


Lucie Tiffenat
Secrétaire général Otahi

"Le point fort est le nucléaire"


"Le point fort est le nucléaire, l'approche politique du dossier et les conséquences, l'indemnisation des victimes et des salariés au travers du remboursement des sommes qui sont dues par la CPS. J'ai interrogé le président sur le fait qu'il ne veuille pas changer la rédaction de l'article 6 du statut. Je lui ai rappelé que nous sommes vigilants et que nous attendons beaucoup des retombées de cet article. Nous avons aussi des adhérents qui travaillent à la défense et qui sont malmenés. L'article 27 de la loi organique prévoit que ce personnel va dépendre du ministère de la Défense et non du code du travail."

Mahinui Temarii
Secrétaire général RTP-ARO

"Maintenant, il reste la pratique"


"Tous les ans, on nous entend, maintenant, il reste la pratique. Au port, il y a une convention qui est mise en place entre les acconiers et le pays, pour l'utilité publique. Aujourd'hui, il y a plus de 200 entreprises qui entrent à l'intérieur, ce qui fait qu'il y a les trois acconiers qui sont soumis à des règles strictes et les autres sont libres. Je demande à ce que l'on mette en place un texte qui protège les salariés à l'intérieur.
Nos principales revendications sont la sécurité du port, l'indice des salariés publics et la prime de départ à la retraite qui est taxée à 25 % par le pays."




Diana Yieng Kow
Secrétaire général du STIP

"Je vais dénoncer le clientélisme"


"Je vais mettre l'accent sur le dialogue social, je pense que ça ne va pas du tout avec notre ministère de tutelle. On a une administration à deux têtes et je vais faire un coup de gueule sur la dernière Commission administrative paritaire locale (CAPL). Nous, les commissaires paritaires, on nous a trompés. On nous a donnés des documents qui n'étaient pas conformes et on n'a rien vu passer. Ils nous ont dit de leur faire confiance et je vais dénoncer le clientélisme. Depuis que je suis commissaire paritaire, ce que nous avons vécu vendredi est inédit. Nous avons, au niveau de l'Education, des postes à profil qui sont soumis à des entretiens et la ministre, nous a-t-on dit, a imposé le nom d'une personne qui n'a jamais fait l'entretien."

Réponse de la ministre de l'Education : "Je suis surprise parce qu'à l'heure où nous parlons, je n'ai toujours pas eu les réponses aux travaux des commissions de travail. Je ne sais pas de quoi on parle, puisque rien n'a été encore officialisé. Donc, j'attends."



Emile Vernier
Secrétaire général de la SDIRAF

"On ne peut pas continuer à subir les décisions des politiques"


"On a ciblé trois points important : la retraite de la CPS et le conseil d'orientation des retraites, la cherté de la vie et les assises pour l'avenir de la société polynésienne. Pour nous, le dernier point est capital parce que nous sommes arrivés à un tournant important de notre histoire. On ne peut pas continuer à subir les décisions des politiques qui se présentent aux élections et qui, une fois élus, la population subi. Nous proposons que le maire, dans chaque île ou atoll, puisse réunir sa population afin qu'elle s'exprime."



Nicole Bouteau
Ministre du Travail

"Les discussions se passent de manière apaisée"


"Les discussions se passent de manière apaisée et cordiale et les sujets sont nombreux, on va sur des problématiques sectoriels à des sujets plus globaux liés à la réforme de la protection sociale généralisée, de la retraite, mais également les conditions de création d'emploi pour améliorer le pouvoir d'achat des Polynésiens. La revalorisation salariale est un point sur lequel le président s'est engagé à traiter au plus tard, au cours du second semestre. Il faut savoir que certaines organisations ne sont pas particulièrement favorables à l'augmentation de l'indice du SMIG, elles souhaitent parler plus particulièrement de fiscalité et de diminution de la fiscalité. Ce sont des sujets que nous continuerons à alimenter dans le cadre du dialogue social."




Rédigé par Corinne Tehetia le Mercredi 1 Mai 2019 à 17:25 | Lu 1436 fois