Retraites: le gouvernement cible LFI et demande le retrait de ses amendements


Ludovic MARIN / AFP
Paris, France | AFP | lundi 13/02/2023 - Le gouvernement a haussé le ton lundi contre "l'obstruction systématique" de LFI et demandé le retrait de ses nombreux amendements "qui ne servent pas le débat démocratique", avant la reprise dans l'après-midi de l'examen par l'Assemblée nationale de la réforme des retraites.

Sous la pression de la rue et des syndicats, qui agitent la menace d'une "France à l'arrêt" le 7 mars, les débats redémarrent à 16H00, après une première semaine au ralenti secouée par les invectives et les accès de tension dans l'hémicycle, jusqu'à l'exclusion pour quinze jours d'un député insoumis pour un tweet polémique sur le ministre du Travail Olivier Dussopt, porteur de la réforme.

Lundi matin, pas moins de quatre ministres chargés de la communication du gouvernement sur le dossier, Bruno Le Maire, Olivier Dussopt, Gabriel Attal et Clément Beaune sont montés au créneau dans les matinales radio et télé.

Le ministre de l'Economie s'est montré le plus virulent, en dénonçant l'attitude de la France Insoumise, qui constitue selon lui "un obstacle au débat démocratique sain, clair, que nos compatriotes sont en droit d'avoir sur la réforme". Il a réclamé sur RTL "que le plus rapidement possible, LFI retire ses milliers d’amendements".

"Nous sommes face à une obstruction systématique de la coalition autour de la France insoumise", a renchéri sur franceinfo Olivier Dussopt. 

Que les députés aient ou non achevé l'examen du projet de loi, les discussions prendront fin vendredi à minuit en première lecture. Le texte partira par la suite au Sénat. 

"Spectacle lamentable"

Les débats seront rythmés, jeudi, par une cinquième journée d'action à l'appel de l'intersyndicale. La CGT a appelé lundi cheminots, dockers, électriciens, gaziers, salariés de la chimie et du verre à faire grève.

Noyés sous les 15.800 amendements restants, les députés atteindront-ils au moins l'article 7 sur le report de l'âge légal de départ à 64 ans ?

"Si les oppositions souhaitent que nous puissions parler d'âge, il ne tient qu'à elles de retirer leurs amendements d'obstruction pour que nous puissions arriver à l'article 7", a averti le ministre du Travail.

"Si vous retirez tous vos amendements bidon, nous allons pouvoir aller à l'article 7 qui est fondamental et qui préoccupe les Français", a lancé de son côté France Inter le vice-président Rassemblement national (RN) de l'Assemblée Sébastien Chenu.

C'est aussi ce que réclament en choeur les syndicats. Dimanche, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a dénoncé la "connerie" de l'obstruction parlementaire, visant La France insoumise à l'origine de la majorité des amendements déposés. 

"Nous souhaitons qu'il y ait un vote sur l'article 7", a abondé lundi sur BFMTV le patron de la CGT Philippe Martinez, afin que "chaque député puisse s'exprimer" sur le report de 62 à 64 ans de l'âge de départ en retraite.

"C'est aux macronistes que devrait s'adresser les syndicats, ce n'est pas de notre responsabilité à nous seuls", a répondu à l'AFP le président LFI de la commission des finances Eric Coquerel.

"On n'a pas pour objectif central de ne pas aller à l'article 7, mais on ne veut pas leur faire le cadeau de nous adapter à leur calendrier", a-t-il ajouté, tout en concédant qu'il "est possible qu'on aille plus vite".

"Bloquer"

Côté mobilisation, la manifestation de samedi, plus familiale, a attiré entre 963.000 et 2,5 millions de manifestants selon les sources, et conforte l'intersyndicale dans sa stratégie.

Après la nouvelle journée d'action jeudi, elle agite le spectre d'une "France à l'arrêt" le 7 mars, après les vacances scolaires. 

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a répété la ligne de l'exécutif dimanche: "nécessité" du report de l'âge légal à 64 ans et "écoute" pour renforcer le dispositif "index senior" durant les débats parlementaires, afin de pousser les entreprises à garder les plus de 55 ans dans l'emploi.

C'est justement sur l'emploi des salariés âgés que les députés reprendront leurs travaux lundi, avec une rafale d'amendements dans tous les camps.

La coalition Nupes compte ensuite défendre ses pistes de "financements alternatifs" pour les retraites, avec un nouvel appel à taxer les "superprofits" des plus grandes entreprises, un débat récurrent à l'Assemblée depuis l'été.

Le camp présidentiel ne dispose que d'une majorité relative à l'Assemblée, mais les premiers votes ont plutôt rassuré les macronistes sur les forces en présence dans l'hémicycle.

"Il y a une majorité pour voter à l’Assemblée cette réforme des retraites", a assuré lundi le député Renaissance Sylvain Maillard sur Public Sénat.

le Lundi 13 Février 2023 à 05:46 | Lu 231 fois