Retraites anticipées : le taux d’abattement de la tranche A pourrait tripler avant la fin 2012


« Je pense qu’il faut éviter les mots qui font peur (…) La CPS ne sera pas en faillite », rassurait Luc Tapeta, le président du Conseil d’administration de la Caisse de prévoyance sociale, sur le plateau du JT de Polynésie 1ère, jeudi 30 août. En attendant, en période de vaches maigres, la Caisse s'attaque aux vieilles rentes de situation. A commencer par le très avantageux système de retraites anticipées dont peuvent bénéficier les actifs de Polynésie française. Un nouveau retraité est un cotisant de moins. Et les déficits se creusent à la CPS. Alors que la loi du Pays visant à réformer l’assurance vieillesse, votée début juillet, fait l’objet d’un recours suspensif devant de Conseil d’Etat, la Caisse voit l’estimation de son déficit « cotisation/pensions » passer pour 2012 de 3.5 Mds Fcfp à 6 Mds Fcfp.

Sans préjuger de la décision du Conseil d’Etat, pour 2013 sur ce dernier point, et afin de décourager les actifs proches de leur fin de carrière et qui souhaiteraient partir en retraite anticipée, la CPS envisage de tripler le taux d’abattement sur la pension pour chaque année non cotisée, avant l’âge de 60 ans.

Ce taux d’abattement pourrait passer de 1% à 3%. La décision sera prise en Conseil des ministres. Elle sera certes attaquable ; mais devant le Tribunal administratif. Et ce recours n’est pas suspensif.

Depuis 5 ans, régulièrement chaque année, un nouveau retraité sur deux bénéficie d’une retraite anticipée, en Polynésie française, c'est-à-dire dès l’âge de 50 ans ou après au moins 15 ans de cotisations, plutôt qu’à 60 ans. Cet abattement de 3% par année d'anticipation serait alors appliqué sur le montant de la pension à taux plein. Et cette opération anéantit l'aubaine du système actuel.

Depuis 2008, les comptes de la Caisse de prévoyance sociale souffrent d’une insuffisance de financements pour faire face aux dépenses et aux besoins des assurés. Avalant 31.6% des dépenses totales de la Protection Sociale Généralisée, l’assurance vieillesse constitue le deuxième poste de dépense de la PSG, après la santé.
Bien plus encore, le déficit structurel abyssal de la branche Santé, de plus de 14.5 Mds Fcfp cumulé à la fin de l’exercice 2011, impacte gravement les réserves de la retraite alors que les ressources disponibles (impôts, cotisations) s’amenuisent mécaniquement d’une année sur l’autre, sous l’impact de la crise mondiale qui ravage l’économie polynésienne depuis maintenant 4 ans et du vieillissement démographique naturel.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 31 Aout 2012 à 15:23 | Lu 3916 fois