Retraites : "Que voulez-vous que je fasse ? Que je suspende à nouveau ?" (Fritch)


Edouard Fritch, interrogé jeudi matin à Tarahoi à l'issue de la séance solennelle d’ouverture de la session budgétaire 2018.
PAPEETE, 20 septembre 2018 - L’examen du projet de loi visant à réformer le système polynésien d’assurance vieillesse est confirmé en ouverture de séance, vendredi à Tarahoi. De nouveaux amendements sont à l'étude dans le groupe de la majorité. Le président Edouard Fritch est brièvement revenu jeudi matin sur le caractère d’urgence que revêt l’adoption de ce texte, malgré la grogne syndicale.

Maintenez-vous l’examen vendredi du texte sur les retraites, malgré le mouvement de grève ?
Edouard Fritch : Oui. J’ai annoncé que ce texte passerait. (…) 60 000 personnes nous ont fait confiance dans ce pays et nous ont dit ‘Oui, il faut y aller. Il faut faire quelque chose’. Rien ne m’autorise à ne pas donner droit à la demande de nos électeurs.

De nouveaux amendements sont annoncés. Certains seront déposés par la majorité ?
Oui. La majorité est encore en réflexion. Mais la majorité déposera en effet de nouveaux amendements. (Voir ICI L’objectif est encore de faire évoluer ce texte. Mais je laisse à Mme Bruant le soin de vous en parler. Nous avons eu un comité de majorité hier soir (mercredi : NDLR). Des orientations ont été prises. Maintenant, nous devons considérer l’impact de ces amendements. C’est ce que nous verrons ce soir.


Cela signifie-t-il qu’il y a encore des failles dans le projet de texte ?
Il y a toujours des failles. C’est bien ce que j’ai envie de faire comprendre à nos syndicalistes. Ce texte n’est pas définitif. Il doit évoluer. C’est la raison pour laquelle nous prévoyons la mise en place d’une commission (le Comité d’observation et de suivi des retraites : NDLR), (…) qui viendra nourrir, par ses réflexions, les améliorations à apporter à ce texte. Il n’est pas figé.
Ce qui est alarmant aujourd’hui, c’est que nous déboursons plus de 3 milliards chaque année (de déficit : NDLR) pour payer les retraites, et que le fonds où nous puisons cet argent n’est plus que de 5,7 milliards. C’est-à-dire qu’à ce rythme, l’année prochaine je ne sais pas si toutes les retraites seront payées. Elle est là l’urgence. (…) Je ne peux pas laisser une partie de ma population dans cette situation après avoir servi 30 ou 32 ans dans l’administration ou dans le privé.


Ne regrettez-vous pas de ne pas avoir fait passer ce texte juste après votre élection ?
Je n’ai voulu prendre personne à contre-pied. J’avais annoncé que ce texte serait présenté avant la fin du mois de septembre. (…) C’est ce que l’on fera.

La grève initiée mercredi par les syndicats opposés à ce texte cause une cessation de l’activité, sur le port. C’est un mal nécessaire au regard de cette réforme ?
C’est embêtant. Mais que voulez-vous… ? Ils exercent leur droit de grève. Mais je leur demande aussi de penser aux autres, à l’activité de ce pays et à ce que nous avons fait pendant trois ans. Ensemble, nous avons rétabli l’activité de ce pays. Aujourd’hui, nous y sommes presque. Je ne souhaite pas que tout cela soit cassé. Mais que voulez-vous que je fasse ? Que je suspende à nouveau ? Et que dans deux ans nous nous retrouvions ici ? Dans un bain de sang ?

Rédigé par JPV le Jeudi 20 Septembre 2018 à 11:18 | Lu 6625 fois