Tahiti, le 10 mars 2021 - Le 11 mars 2020, la Polynésie enregistre un premier porteur du Covid qui sera à l’origine de 60 cas. Si le Pays parvient à contenir la propagation, la réouverture des frontières suivie d’une soirée brassant 150 à 200 personnes marque le départ d’une déferlante Covid qui prendra quelques semaines à être maîtriser. Rappel de ce qui s'est passé depuis un an.
Il y a un an jour pour jour, le président du gouvernement Édouard Fritch annonçait en conférence de presse ce que tout le monde redoutait : le diagnostic d’un premier cas de SARS-CoV2 en Polynésie française. La députée Maina Sage a été testée positive trois jours après son retour de métropole le samedi 7 mars 2020. Le 11 mars, la Polynésie entre en stade 1 de l'épidémie. C’est le début d’une accélération des mesures sanitaires pour enrayer la propagation.
Alors que le Covid gagne toute la planète, obligeant les pays à fermer leurs frontières les uns après les autres, la Polynésie prend à son tour la décision difficile de suspendre les vols commerciaux dès le 19 mars. La stratégie consiste alors à “éviter autant que faire se peut la diffusion du virus à l'ensemble du territoire”. Le 21 mars un confinement général est décrété, assorti d’un couvre-feu le 27 mars.
En quelques semaines, la chaîne de transmission est rompue, l’épidémie maîtrisée. Il faudra cependant attendre deux mois pour voir le confinement et le couvre-feu enfin levés. “La première introduction du SARS-CoV2 (…) est à l’origine de 60 cas dont 29 importés, et de trois hospitalisations en réanimation” indique la plateforme Covid dans une note de synthèse. Pas de vague de contaminations, ni de victimes à déplorer cette fois. Mais pas pour longtemps.
L’épisode du Piment rouge
Après une année désastreuse pour le transport aérien et le tourisme, la reprise des vols le 15 juillet doit permettre de redonner un peu d’air à l’économie. La Polynésie se prépare donc à accueillir les touristes internationaux sans quarantaine, mais moyennant un double test obligatoire. Un risque que le Pays juge maîtrisé. C’est que le temps mort du confinement lui aura au moins permis de s'équiper en tests de dépistage PCR, en masques et en matériel médical d'oxygénothérapie, affrétés grâce aux vols de continuité territoriale.
Pas moins de quinze jours après la reprise, une soirée passablement arrosée au Piment rouge marquera le 31 juillet le début d'une déferlante du Covid. Les enquêtes du bureau de veille sanitaire s'avèrent bien plus compliquées alors que 150 à 200 personnes sont passées au Piment rouge ce soir-là. L’éclosion de clusters dans des milieux plutôt jeunes provoque une ascension brusque et rapide de l’épidémie.
Les autorités doivent se résoudre à faire marche arrière toute. Fin août, la Polynésie bondit en niveau 3 du plan Covid Fenua, correspondant à une circulation active. De quoi déclencher la mise en place de mesures barrières et de protocoles sanitaires renforcés, dont le port du masque généralisé, ou la limitation stricte des rassemblements et des déplacements.
Tous les indicateurs sont en hausse
Bien qu’efficaces, les mesures mettront du temps à faire leur effet, du fait de l’inertie de l’épidémie, lancée à pleine vitesse. Dès le début du mois de septembre, l’ensemble des indicateurs épidémiologiques sont en hausse. Du côté du Taaone, l’hôpital note une hausse d’activité. Le CHPF admet ainsi 31 patients Covid en six semaines dont six en réanimation. Si jusque-là, la Polynésie n’avait aucune victime à déplorer, le 10 septembre, une femme de 80 ans hospitalisée depuis une semaine et un homme de 85 ans succombent à la maladie.
La situation se dégrade encore à la mi-octobre. “Le taux de positivité des tests réalisés atteint un record à 48%” souligne le bulletin épidémiologique du 14 octobre. Incidence, taux de consultation et nombre d’hospitalisations hors réanimation : les autres indicateurs s’envolent aussi. La Polynésie passe au niveau 4 du plan Covid à Tahiti et Moorea. Brusquement submergé, le CHPF tire la sonnette d’alarme face au risque de saturation trop rapide des lits de réanimation.
“Au plus fort de l’épidémie, lors de la dernière semaine d’octobre, 2 100 cas ont été confirmés, le taux de positivité des tests était de 52%”, rapporte la plateforme. “Des cas graves ont entraîné en novembre et décembre une très forte tension au CHPF, avec près de 100 malades hospitalisés en même temps, dont plus de 25 en réanimation.” En parallèle, les décès augmentent “fortement” dès le mois d’octobre et jusqu’à la fin de l’année 2020.
D’abord un plateau puis une décrue
Le durcissement des mesures sanitaires, auxquels s’ajoute un couvre-feu le 24 octobre avec interdiction de se déplacer entre 21 heures et 4 heures du matin, commencent à faire leur effet. Le 15 novembre l’épidémie amorce un plateau aux îles du Vent, avec une diminution du nombre de cas confirmés et du taux de positivité d’un côté et une stabilisation des hospitalisations et des décès. Dès la semaine suivante, la décroissance de l’épidémie se confirme.
Mais devant l’apparition de variants et face à leur propagation rapide à l’échelle mondiale, le Pays s’aligne derrière les mesures de l’hexagone. Alors que Jean Castex annonce une fermeture des frontières aux pays extérieurs à l’Europe, la Polynésie se retrouve privé de son dernier et principal marché émetteur de touristes. Le risque d’introduction des variants et d’une deuxième vague laisse peu de choix aux pouvoirs publics. Le 3 février, la Polynésie se résout à suspendre de nouveau les vols. Un arsenal de mesures coercitives sont mis en place à l’entrée du territoire.
Privée depuis de touristes, la Polynésie mise plus que jamais sur le vaccin. Malgré les difficultés d’approvisionnement, une campagne de vaccination a permis depuis le 18 février à 9 024 Polynésiens de recevoir une première dose. Un vaccin qui devrait permettre de montrer “patte blanche” à l’avenir pour espérer reprendre l’avion.
Il y a un an jour pour jour, le président du gouvernement Édouard Fritch annonçait en conférence de presse ce que tout le monde redoutait : le diagnostic d’un premier cas de SARS-CoV2 en Polynésie française. La députée Maina Sage a été testée positive trois jours après son retour de métropole le samedi 7 mars 2020. Le 11 mars, la Polynésie entre en stade 1 de l'épidémie. C’est le début d’une accélération des mesures sanitaires pour enrayer la propagation.
Alors que le Covid gagne toute la planète, obligeant les pays à fermer leurs frontières les uns après les autres, la Polynésie prend à son tour la décision difficile de suspendre les vols commerciaux dès le 19 mars. La stratégie consiste alors à “éviter autant que faire se peut la diffusion du virus à l'ensemble du territoire”. Le 21 mars un confinement général est décrété, assorti d’un couvre-feu le 27 mars.
En quelques semaines, la chaîne de transmission est rompue, l’épidémie maîtrisée. Il faudra cependant attendre deux mois pour voir le confinement et le couvre-feu enfin levés. “La première introduction du SARS-CoV2 (…) est à l’origine de 60 cas dont 29 importés, et de trois hospitalisations en réanimation” indique la plateforme Covid dans une note de synthèse. Pas de vague de contaminations, ni de victimes à déplorer cette fois. Mais pas pour longtemps.
L’épisode du Piment rouge
Après une année désastreuse pour le transport aérien et le tourisme, la reprise des vols le 15 juillet doit permettre de redonner un peu d’air à l’économie. La Polynésie se prépare donc à accueillir les touristes internationaux sans quarantaine, mais moyennant un double test obligatoire. Un risque que le Pays juge maîtrisé. C’est que le temps mort du confinement lui aura au moins permis de s'équiper en tests de dépistage PCR, en masques et en matériel médical d'oxygénothérapie, affrétés grâce aux vols de continuité territoriale.
Pas moins de quinze jours après la reprise, une soirée passablement arrosée au Piment rouge marquera le 31 juillet le début d'une déferlante du Covid. Les enquêtes du bureau de veille sanitaire s'avèrent bien plus compliquées alors que 150 à 200 personnes sont passées au Piment rouge ce soir-là. L’éclosion de clusters dans des milieux plutôt jeunes provoque une ascension brusque et rapide de l’épidémie.
Les autorités doivent se résoudre à faire marche arrière toute. Fin août, la Polynésie bondit en niveau 3 du plan Covid Fenua, correspondant à une circulation active. De quoi déclencher la mise en place de mesures barrières et de protocoles sanitaires renforcés, dont le port du masque généralisé, ou la limitation stricte des rassemblements et des déplacements.
Tous les indicateurs sont en hausse
Bien qu’efficaces, les mesures mettront du temps à faire leur effet, du fait de l’inertie de l’épidémie, lancée à pleine vitesse. Dès le début du mois de septembre, l’ensemble des indicateurs épidémiologiques sont en hausse. Du côté du Taaone, l’hôpital note une hausse d’activité. Le CHPF admet ainsi 31 patients Covid en six semaines dont six en réanimation. Si jusque-là, la Polynésie n’avait aucune victime à déplorer, le 10 septembre, une femme de 80 ans hospitalisée depuis une semaine et un homme de 85 ans succombent à la maladie.
La situation se dégrade encore à la mi-octobre. “Le taux de positivité des tests réalisés atteint un record à 48%” souligne le bulletin épidémiologique du 14 octobre. Incidence, taux de consultation et nombre d’hospitalisations hors réanimation : les autres indicateurs s’envolent aussi. La Polynésie passe au niveau 4 du plan Covid à Tahiti et Moorea. Brusquement submergé, le CHPF tire la sonnette d’alarme face au risque de saturation trop rapide des lits de réanimation.
“Au plus fort de l’épidémie, lors de la dernière semaine d’octobre, 2 100 cas ont été confirmés, le taux de positivité des tests était de 52%”, rapporte la plateforme. “Des cas graves ont entraîné en novembre et décembre une très forte tension au CHPF, avec près de 100 malades hospitalisés en même temps, dont plus de 25 en réanimation.” En parallèle, les décès augmentent “fortement” dès le mois d’octobre et jusqu’à la fin de l’année 2020.
D’abord un plateau puis une décrue
Le durcissement des mesures sanitaires, auxquels s’ajoute un couvre-feu le 24 octobre avec interdiction de se déplacer entre 21 heures et 4 heures du matin, commencent à faire leur effet. Le 15 novembre l’épidémie amorce un plateau aux îles du Vent, avec une diminution du nombre de cas confirmés et du taux de positivité d’un côté et une stabilisation des hospitalisations et des décès. Dès la semaine suivante, la décroissance de l’épidémie se confirme.
Mais devant l’apparition de variants et face à leur propagation rapide à l’échelle mondiale, le Pays s’aligne derrière les mesures de l’hexagone. Alors que Jean Castex annonce une fermeture des frontières aux pays extérieurs à l’Europe, la Polynésie se retrouve privé de son dernier et principal marché émetteur de touristes. Le risque d’introduction des variants et d’une deuxième vague laisse peu de choix aux pouvoirs publics. Le 3 février, la Polynésie se résout à suspendre de nouveau les vols. Un arsenal de mesures coercitives sont mis en place à l’entrée du territoire.
Privée depuis de touristes, la Polynésie mise plus que jamais sur le vaccin. Malgré les difficultés d’approvisionnement, une campagne de vaccination a permis depuis le 18 février à 9 024 Polynésiens de recevoir une première dose. Un vaccin qui devrait permettre de montrer “patte blanche” à l’avenir pour espérer reprendre l’avion.
Maina Sage, députée de la Polynésie : “J'ai souffert plus de six mois”
Le 11 mars, vous avez été la première polynésienne à être diagnostiquée positive au coronavirus. Comment avez-vous vécu la maladie et le regard des autres à l'époque ?
“On ne peut que le vivre mal, on s'en veut, tout en étant pour ma part très inquiète pour la santé de mes cas contacts. J'ai bien sûr été marquée par la violence des propos sur les réseaux sociaux allant jusqu'à demander de me tuer, de brûler ma maison, ma famille ou de me jeter à la mer ! Donc oui cela reste un traumatisme. Mais heureusement j'ai reçu beaucoup de messages d'encouragements et de soutien de partout, la plupart venant de personnes que je connais peu ou pas, je les en remercie tous profondément car c'est ce qui m'a aidé à passer le cap et à rester concentrée sur l'urgence de la situation, aux côtés des autorités de la Polynésie et de l'État et tous les acteurs du fenua.”
Un an plus tard, comment vous sentez-vous ?
“J'ai souffert plus de six mois de plusieurs séquelles notamment des douleurs crâniennes et musculaires, des problèmes respiratoires et neurologiques. Celles-ci se sont estompées en fin d'année. Ça va beaucoup mieux.”
Quel regard portez-vous sur la stratégie sanitaire adoptée par les autorités ?
“Nous sortons d'une crise d'une ampleur inégalée, il n'était pas facile de piloter le pays pendant cette période extrêmement bouleversante sur le plan mondial. Cela a forcément eu des impacts sur les caps choisis par l'État et la Polynésie. Mais globalement, un an plus tard, l'épidémie semble contenue. Il y aura toujours des critiques, ou des désaccords, mais franchement, pour vivre également en coulisse la crise nationale, je tiens à saluer et rendre hommage à nos décideurs locaux. Tout le monde a été sur tous les fronts, pour préserver les Polynésiens qui, il faut le dire, ont vraiment pour la grande majorité, joué le jeu !
Bien sûr, ces mesures ont un impact sur notre économie, comme beaucoup d'autres pays. (…) Notre économie, certes en grande difficulté, a toutefois mieux résisté que prévu en 2020 grâce à la politique sanitaire choisie par la Polynésie. N'oublions pas non plus qu'elle a été massivement soutenue par les dispositifs de mesures économiques du Pays et de l'État. Elle est à nouveau gravement menacée par les perspectives de prolongation de la pandémie due aux variants qui, entre autres, imposent des restrictions aux frontières. Ces restrictions impactent directement notre tourisme, premier moteur économique de la Polynésie. Il est donc plus que nécessaire d'à la fois sauvegarder en urgence nos entreprises mais aussi poser les jalons d'un nouveau modèle de développement. C'est vraiment ce à quoi le gouvernement Fritch travaille de concert avec les partenaires publics et privés.”
“On ne peut que le vivre mal, on s'en veut, tout en étant pour ma part très inquiète pour la santé de mes cas contacts. J'ai bien sûr été marquée par la violence des propos sur les réseaux sociaux allant jusqu'à demander de me tuer, de brûler ma maison, ma famille ou de me jeter à la mer ! Donc oui cela reste un traumatisme. Mais heureusement j'ai reçu beaucoup de messages d'encouragements et de soutien de partout, la plupart venant de personnes que je connais peu ou pas, je les en remercie tous profondément car c'est ce qui m'a aidé à passer le cap et à rester concentrée sur l'urgence de la situation, aux côtés des autorités de la Polynésie et de l'État et tous les acteurs du fenua.”
Un an plus tard, comment vous sentez-vous ?
“J'ai souffert plus de six mois de plusieurs séquelles notamment des douleurs crâniennes et musculaires, des problèmes respiratoires et neurologiques. Celles-ci se sont estompées en fin d'année. Ça va beaucoup mieux.”
Quel regard portez-vous sur la stratégie sanitaire adoptée par les autorités ?
“Nous sortons d'une crise d'une ampleur inégalée, il n'était pas facile de piloter le pays pendant cette période extrêmement bouleversante sur le plan mondial. Cela a forcément eu des impacts sur les caps choisis par l'État et la Polynésie. Mais globalement, un an plus tard, l'épidémie semble contenue. Il y aura toujours des critiques, ou des désaccords, mais franchement, pour vivre également en coulisse la crise nationale, je tiens à saluer et rendre hommage à nos décideurs locaux. Tout le monde a été sur tous les fronts, pour préserver les Polynésiens qui, il faut le dire, ont vraiment pour la grande majorité, joué le jeu !
Bien sûr, ces mesures ont un impact sur notre économie, comme beaucoup d'autres pays. (…) Notre économie, certes en grande difficulté, a toutefois mieux résisté que prévu en 2020 grâce à la politique sanitaire choisie par la Polynésie. N'oublions pas non plus qu'elle a été massivement soutenue par les dispositifs de mesures économiques du Pays et de l'État. Elle est à nouveau gravement menacée par les perspectives de prolongation de la pandémie due aux variants qui, entre autres, imposent des restrictions aux frontières. Ces restrictions impactent directement notre tourisme, premier moteur économique de la Polynésie. Il est donc plus que nécessaire d'à la fois sauvegarder en urgence nos entreprises mais aussi poser les jalons d'un nouveau modèle de développement. C'est vraiment ce à quoi le gouvernement Fritch travaille de concert avec les partenaires publics et privés.”