TAHITI, le 28 juillet 2021 - Dans le petit monde du chant lyrique, Peterson Cowan, ténor, a un parcours singulier. À 13 ans, dans une église de Tahiti, il a vécu sa première émotion lyrique grâce à Emmanuelle Vidal, professeure de chant lyrique au Conservatoire artistique de Polynésie française. À la demande de celle-ci, il rentre au fenua. Le conservatoire l’attend alors.
En 1998, Peterson Cowan, ténor tahitien, est à Paris. Il vient de terminer des études de musicologie. Luciano Pavarotti aussi est là, de passage dans le cadre d’une série de concerts intitulés Les Trois ténors. Il sillonne la planète avec Plácido Domingo et José Carreras. “J’ai joué les groupies”, avoue le chanteur polynésien. “Je l’ai suivi partout où il allait pour essayer de le rencontrer et l’interroger. Je suis têtu.” Et cela a payé.
Dans un hôtel de la capitale, Peterson Cowan est parvenu à ses fins. Le dialogue s’installe : “C’est donc vous qui cherchez à me voir !”, demande la star. Le novice, une fois les salutations échangées : “Est-ce que je suis fait pour ce métier ? ”. Luciano Pavarotti : “Allez-y, chantez !”. Il était neuf heures du matin et au bout de deux heures : “Pavarotti a sorti son téléphone pour me permettre de participer à des concours internationaux et m’a livré quelques conseils”. Il a dit à Peterson Cowan de ne jamais se précipiter, de rencontrer les personnes expérimentées, celles qui avaient l’habitude de la scène. Car, si la théorie au conservatoire ou en école de musique est indispensable, elle n’est pas suffisante. “Il faut savoir comment gérer un rôle, cerner la progression de ce rôle, faire avec la fatigue, considérer les réactions du corps et seuls ceux qui ont interprétés plusieurs fois un même rôle sur scène avec un orchestre savent cela.” Qu’ils soient bons, ou non. Luciano Pavarotti a insisté sur cette démarche, ignorant les qualités d’interprétations pour cela. Depuis, Peterson Cowan a suivi les conseils du maître. Les 22 rôles qu’il a lui-même endossés ont été travaillés des mois durant avec l’aide de ceux qui savaient.
Né à Tahiti, bachelier à 15 ans, il a suivi de brillantes études en informatique, droit international, management et développement. Il a étudié aux États-Unis, à UCLA. “Pour mes parents, au pire, on devenait médecin”, dit-il en plaisantant. Mais ce parcours ne lui plaisait pas. “On était dans les années 1985, 1986, ces secteurs étaient porteurs, c’est la raison pour laquelle je m’y suis engagé.” Un chemin que son père jugeait “convenable”. Pour payer ses études Peterson Cowan a fait un peu de correction d’articles de presse pour l’agence Reuters. Il a commencé à travailler une fois ses études terminées chez Apple en tant que chef de projet. “On passait à l’époque de la tablette à l’Iphone”, se rappelle-t-il.
Le chant comme thérapie
Il a dû quitter l’entreprise pour effectuer son service militaire. “J’ai pris une disponibilité. Je suis rentré à Tahiti avant de partir pour la métropole, je voulais être avec des contingents polynésiens.” Il fait ses classes à Toulouse en France. “Je m’y suis senti bien”, raconte celui qui aurait pu continuer dans l’armée. En juillet 1994, Peterson Cowan a défilé sur les Champs-Elysées. Ses parents qui effectuaient un tour du monde étaient là pour l’admirer. Pendant une semaine il a pu profiter d’eux. Puis la mort est passée, sans s’annoncer. “Mon père est mort à Paris d’une rupture d’anévrisme peu de temps après. Ma mère, quelques mois plus tard dans un accident en Nouvelle-Calédonie.”
Bouleversé, Peterson Cowan a dû se reconstruire. Il n’a pas repris sa carrière là où il l’avait laissée chez Apple. Il a démarré le chant. Il avait 25 ans. Il lui fallait quelque chose de différent. La musique l’a choisi, elle a été une “réponse de l’univers à tout un questionnement”, “une idée qui est passée et à laquelle je me suis attaché”. La perte de ses parents l’a poussé à se repositionner, à s’interroger sur ses priorités, sur les choix qu’il avait effectué jusqu’alors. “Tout ce que j’avais fait était-ce de mon fait ou de celui de mes parents ?”.
Il n’avait encore jamais pris de cours de chant ou de pratique d’un instrument. Il connaissait la musique via l’église qu’il fréquentait en famille, plus jeune. “Mais, j’aime le travail, et je crois que je suis brillant dans le travail, j’aime apprendre, c’est fondamental pour moi.” Quand il découvre quelque chose, il va jusqu’au bout. Les nombreuses rencontres qu’il a faite à partir de là on rempli des espaces de vie.
Il a entamé un cursus de musicologie à La Sorbonne, en classe de chant au Conservatoire Francis Poulenc du XVIème arrondissement de Paris, en classe de chant à l'École Normale de Musique Alfred Cortot de Paris, à la “musical and classic song department” de La Juilliard School de New York, en classe de chant à la Guildhall School de Londres, en classe de chant au Conservatoire National de Supérieur de Paris, entre autres.
Ses références musicales sont diverses : Ella Fitzgerald, Henriette Winkler, Montserrat Caballé, Esther Tefana, Emma Mariteragi, Luciano Pavarotti, Kiri Te Kanawa, Jessy Norman, Christmas Songs, Himene Ru'au, Comédie Musicale, Sunday School, Gospel Songs et Himene de la Belle Époque...
Au fil du temps, il n’a jamais cessé d’apprendre. Il s’est spécialisé dans le remplacement au pied levé de rôles de ténor du répertoire italien, français et allemand. Entre deux prestations et muni d'un diplôme d'état de musique en technique vocale classique et des musiques actuelles, il assure des cours d’interprétation et de techniques vocales au sein de plusieurs écoles artistiques professionnelles.
Formé aux pathologies et à la rééducation des cordes vocales, à la technique Alexander, formateur agrée en Estill Voice Training System, il a développé une expertise de la voix chantée et parlée qui lui permet d'animer des stages de perfectionnement pour les professionnels du spectacle et amateurs éclairés. En tant que consultant artistique il est sollicité pour auditionner, recruter et promouvoir des artistes dans différents genres musicaux.
Attiré depuis toujours par la musicothérapie, il est intégré dans des groupes de recherches et de réflexions autour de l'autisme, de la dyspraxie, de l'ataxie et du syndrome d'Asperger, avec qui il développe des outils thérapeutiques musicaux puisés dans le répertoire des chansons tahitiennes de la belle époque.
Première émotion lyrique
Il se rappelle avoir vécu sa première émotion lyrique avec Emmanuelle Vidal, une amie de la famille qui a longtemps été professeure de chant lyrique au Conservatoire artistique de la Polynésie française. “C’était dans une église, les louvres ont failli exploser, Emmanuelle jubilait, exultant, je suis restée figé.” Aussi, quand souhaitant se retirer, elle l’a invité à prendre sa suite, “comment dire non ?”, demande Peterson Cowan qui d’abord a pris la requête pour un canular ! “Cela a chamboulé ma vie !”
Peterson Cowan doit encore assurer quelques concerts. Il s’est engagé dans des tournées. Il assure des représentations dans des monuments historiques, à savoir les châteaux de la Loire. Il sera au fenua fin août. Il a déjà de nombreux projets, “je veux par exemple monter La Flûte enchantée en tahitien”. Il a été séduit par l’expérience Te Tura Ma’ohi, premier opéra chanté en tahitien en mars 2021. Il annonce : “je veux être exemplaire, dans le sens où je veux montrer que si moi j’ai réussi, d’autres peuvent le faire, que les Polynésiens peuvent le faire, je suis la preuve que c’est possible et c’est ma fierté”. Il rappelle au passage qu’à l’issue de tous ses concerts, il interprète toujours une chanson en tahitien, car il a la Polynésie dans le cœur. “Je suis ténor tahitien !”
Il veut mettre à profit son expérience de la scène, des rôles, du milieu pour encourager ses futurs élèves à “aller voir ailleurs”. Il ouvrira son carnet d’adresse, mettra à profit ses amitiés pour “offrir des opportunités”. Il veut “apporter de la curiosité car c’est bien là le principal”.
Il aimerait aussi donner une visibilité à la Polynésie en particulier. “J’ai prévu de faire venir des chefs de théâtre pour qu’ils viennent écouter nos chanteurs !” Il faut savoir que 20% des opéra dans le Pacifique Sud sont français, “car c’est à la mode”, mais les artistes interprètes sont Coréens, Américains… “Je ne viens pas avec ma science, mais avec l’envie de partager !” Il est impatient de voir, d’écouter, de sentir et percevoir la possibilité de mener à bien ses projets. “À Paris, on m’a souvent surnommé l’accoucheur de voix.”
En 1998, Peterson Cowan, ténor tahitien, est à Paris. Il vient de terminer des études de musicologie. Luciano Pavarotti aussi est là, de passage dans le cadre d’une série de concerts intitulés Les Trois ténors. Il sillonne la planète avec Plácido Domingo et José Carreras. “J’ai joué les groupies”, avoue le chanteur polynésien. “Je l’ai suivi partout où il allait pour essayer de le rencontrer et l’interroger. Je suis têtu.” Et cela a payé.
Dans un hôtel de la capitale, Peterson Cowan est parvenu à ses fins. Le dialogue s’installe : “C’est donc vous qui cherchez à me voir !”, demande la star. Le novice, une fois les salutations échangées : “Est-ce que je suis fait pour ce métier ? ”. Luciano Pavarotti : “Allez-y, chantez !”. Il était neuf heures du matin et au bout de deux heures : “Pavarotti a sorti son téléphone pour me permettre de participer à des concours internationaux et m’a livré quelques conseils”. Il a dit à Peterson Cowan de ne jamais se précipiter, de rencontrer les personnes expérimentées, celles qui avaient l’habitude de la scène. Car, si la théorie au conservatoire ou en école de musique est indispensable, elle n’est pas suffisante. “Il faut savoir comment gérer un rôle, cerner la progression de ce rôle, faire avec la fatigue, considérer les réactions du corps et seuls ceux qui ont interprétés plusieurs fois un même rôle sur scène avec un orchestre savent cela.” Qu’ils soient bons, ou non. Luciano Pavarotti a insisté sur cette démarche, ignorant les qualités d’interprétations pour cela. Depuis, Peterson Cowan a suivi les conseils du maître. Les 22 rôles qu’il a lui-même endossés ont été travaillés des mois durant avec l’aide de ceux qui savaient.
Né à Tahiti, bachelier à 15 ans, il a suivi de brillantes études en informatique, droit international, management et développement. Il a étudié aux États-Unis, à UCLA. “Pour mes parents, au pire, on devenait médecin”, dit-il en plaisantant. Mais ce parcours ne lui plaisait pas. “On était dans les années 1985, 1986, ces secteurs étaient porteurs, c’est la raison pour laquelle je m’y suis engagé.” Un chemin que son père jugeait “convenable”. Pour payer ses études Peterson Cowan a fait un peu de correction d’articles de presse pour l’agence Reuters. Il a commencé à travailler une fois ses études terminées chez Apple en tant que chef de projet. “On passait à l’époque de la tablette à l’Iphone”, se rappelle-t-il.
Le chant comme thérapie
Il a dû quitter l’entreprise pour effectuer son service militaire. “J’ai pris une disponibilité. Je suis rentré à Tahiti avant de partir pour la métropole, je voulais être avec des contingents polynésiens.” Il fait ses classes à Toulouse en France. “Je m’y suis senti bien”, raconte celui qui aurait pu continuer dans l’armée. En juillet 1994, Peterson Cowan a défilé sur les Champs-Elysées. Ses parents qui effectuaient un tour du monde étaient là pour l’admirer. Pendant une semaine il a pu profiter d’eux. Puis la mort est passée, sans s’annoncer. “Mon père est mort à Paris d’une rupture d’anévrisme peu de temps après. Ma mère, quelques mois plus tard dans un accident en Nouvelle-Calédonie.”
Bouleversé, Peterson Cowan a dû se reconstruire. Il n’a pas repris sa carrière là où il l’avait laissée chez Apple. Il a démarré le chant. Il avait 25 ans. Il lui fallait quelque chose de différent. La musique l’a choisi, elle a été une “réponse de l’univers à tout un questionnement”, “une idée qui est passée et à laquelle je me suis attaché”. La perte de ses parents l’a poussé à se repositionner, à s’interroger sur ses priorités, sur les choix qu’il avait effectué jusqu’alors. “Tout ce que j’avais fait était-ce de mon fait ou de celui de mes parents ?”.
Il n’avait encore jamais pris de cours de chant ou de pratique d’un instrument. Il connaissait la musique via l’église qu’il fréquentait en famille, plus jeune. “Mais, j’aime le travail, et je crois que je suis brillant dans le travail, j’aime apprendre, c’est fondamental pour moi.” Quand il découvre quelque chose, il va jusqu’au bout. Les nombreuses rencontres qu’il a faite à partir de là on rempli des espaces de vie.
Il a entamé un cursus de musicologie à La Sorbonne, en classe de chant au Conservatoire Francis Poulenc du XVIème arrondissement de Paris, en classe de chant à l'École Normale de Musique Alfred Cortot de Paris, à la “musical and classic song department” de La Juilliard School de New York, en classe de chant à la Guildhall School de Londres, en classe de chant au Conservatoire National de Supérieur de Paris, entre autres.
Ses références musicales sont diverses : Ella Fitzgerald, Henriette Winkler, Montserrat Caballé, Esther Tefana, Emma Mariteragi, Luciano Pavarotti, Kiri Te Kanawa, Jessy Norman, Christmas Songs, Himene Ru'au, Comédie Musicale, Sunday School, Gospel Songs et Himene de la Belle Époque...
Au fil du temps, il n’a jamais cessé d’apprendre. Il s’est spécialisé dans le remplacement au pied levé de rôles de ténor du répertoire italien, français et allemand. Entre deux prestations et muni d'un diplôme d'état de musique en technique vocale classique et des musiques actuelles, il assure des cours d’interprétation et de techniques vocales au sein de plusieurs écoles artistiques professionnelles.
Formé aux pathologies et à la rééducation des cordes vocales, à la technique Alexander, formateur agrée en Estill Voice Training System, il a développé une expertise de la voix chantée et parlée qui lui permet d'animer des stages de perfectionnement pour les professionnels du spectacle et amateurs éclairés. En tant que consultant artistique il est sollicité pour auditionner, recruter et promouvoir des artistes dans différents genres musicaux.
Attiré depuis toujours par la musicothérapie, il est intégré dans des groupes de recherches et de réflexions autour de l'autisme, de la dyspraxie, de l'ataxie et du syndrome d'Asperger, avec qui il développe des outils thérapeutiques musicaux puisés dans le répertoire des chansons tahitiennes de la belle époque.
Première émotion lyrique
Il se rappelle avoir vécu sa première émotion lyrique avec Emmanuelle Vidal, une amie de la famille qui a longtemps été professeure de chant lyrique au Conservatoire artistique de la Polynésie française. “C’était dans une église, les louvres ont failli exploser, Emmanuelle jubilait, exultant, je suis restée figé.” Aussi, quand souhaitant se retirer, elle l’a invité à prendre sa suite, “comment dire non ?”, demande Peterson Cowan qui d’abord a pris la requête pour un canular ! “Cela a chamboulé ma vie !”
Peterson Cowan doit encore assurer quelques concerts. Il s’est engagé dans des tournées. Il assure des représentations dans des monuments historiques, à savoir les châteaux de la Loire. Il sera au fenua fin août. Il a déjà de nombreux projets, “je veux par exemple monter La Flûte enchantée en tahitien”. Il a été séduit par l’expérience Te Tura Ma’ohi, premier opéra chanté en tahitien en mars 2021. Il annonce : “je veux être exemplaire, dans le sens où je veux montrer que si moi j’ai réussi, d’autres peuvent le faire, que les Polynésiens peuvent le faire, je suis la preuve que c’est possible et c’est ma fierté”. Il rappelle au passage qu’à l’issue de tous ses concerts, il interprète toujours une chanson en tahitien, car il a la Polynésie dans le cœur. “Je suis ténor tahitien !”
Il veut mettre à profit son expérience de la scène, des rôles, du milieu pour encourager ses futurs élèves à “aller voir ailleurs”. Il ouvrira son carnet d’adresse, mettra à profit ses amitiés pour “offrir des opportunités”. Il veut “apporter de la curiosité car c’est bien là le principal”.
Il aimerait aussi donner une visibilité à la Polynésie en particulier. “J’ai prévu de faire venir des chefs de théâtre pour qu’ils viennent écouter nos chanteurs !” Il faut savoir que 20% des opéra dans le Pacifique Sud sont français, “car c’est à la mode”, mais les artistes interprètes sont Coréens, Américains… “Je ne viens pas avec ma science, mais avec l’envie de partager !” Il est impatient de voir, d’écouter, de sentir et percevoir la possibilité de mener à bien ses projets. “À Paris, on m’a souvent surnommé l’accoucheur de voix.”