Retombées radioactives de Fukushima dans le Pacifique : une équipe espagnole veut en savoir plus


WELLINGTON, mercredi 13 avril 2011 (Flash d'Océanie) – Une équipe de scientifiques espagnols, qui poursuit actuellement un tour du monde à bord d’un navire océanographique, dans le cadre d’une étude sur les effets des changements climatiques sur les écosystèmes sous-marins, a indiqué son intention de réorienter ses recherches sur un éventuel impact des incidents de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima sur la région Pacifique, rapporte mercredi la télévision nationale privée TV3.
Les membres de cette expédition de sept mois baptisée « Malaspina », après avoir fait leur dernière escale à Sydney, se trouvent en milieu de semaine dans le port d’Auckland.
« Nous allons maintenant ajouter un élément à nos recherches, qui n’était de toute évidence pas prévu au départ (…) en raison du rejet de volume significatifs de radio-isotopes », a indiqué le professeur Carlos Duarte, chef de l’expédition.
Ces recherches (à bord du navire Hesperides de la marine espagnole) devraient se concentrer sur la partie centrale de la région Pacifique.
Mardi, les autorités japonaise et leurs autorités de régulation nucléaire ont décidé de relever le niveau de gravité des incidents de la centrale de Fukushima d’un niveau cinq à un niveau sept (le plus élevé), le même niveau qui avait été appliqué après l’accident de la centrale russe de Tchernobyl, en 1986.
Le niveau sept concerne des accidents nucléaires estimés « majeurs » ou comportant un large spectre au niveau des conséquences de la situation engendré par le séisme de magnitude 9 survenu le 11 mars 2011, qui a entraîné un énorme tsunami et fait plus de dix huit mille victimes ou disparus.
En début de semaine, lundi 11 avril 2011, une organisation non gouvernementale océanienne, la Pacific Conference of Churches (PCC), tout en exprimant ses condoléances au peuple japonais, soulignait sa « grave préoccupation au sujet des fuites de radiations émanant des réacteurs endommagés à Fukushima ».
« Le PCC condamne comme inacceptable la décision du gouvernement japonais de pomper l’eau de mer pour refroidir les réacteurs pour ensuite rejeter cette eau dans notre Océan Pacifique. Cette eau de mer irradiée pose une menace durable aux écosystèmes du Pacifique et aux communautés insulaires qui dépendent de l’environnement marin pour survivre et posséder un sentiment d’identité », poursuit l’association dans un communiqué.
Le PCC, qui fut aussi en pointe, au cours des dix dernières années, dans l’opposition au transport de déchets nucléaires à travers le Pacifique, réitère par ailleurs sa condamnation de l’usage de centrale nucléaires et « demande à la communauté internationale de plaider en faveur de l’adoption d’énergies propres et renouvelables ».
Greenpeace et son antenne dédiée au Pacifique réagissait elle aussi ces derniers jours en dénonçant « une crise qui est encore largement hors de contrôle ».
« Il est donc encore trop tôt pour savoir quel impact le rejet de ces substances dangereuses aura sur les communautés océaniennes, sur leurs stocks de poisson, en particulier dans le Pacifique Nord-ouest et Nord-est », a estimé Josephine Prasad, porte-parole de Greenpeace Pacific, tout en rappelant que la première campagne lancée par cette ONG, en 1971, se plaçait en opposition au nucléaire et que cette campagne s’est poursuivie dans les années 1980 contre les essais français en Polynésie.
Début avril 2011, John Hampton, spécialiste en gestion des ressources halieutiques au Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique (CPS, basé à Nouméa), n’envisageait pas de danger immédiat du fait de la situation nucléaire japonaise sur les stocks de poisson (et en particulier de thon) dans les mers du Pacifique.
Il basait alors se raisonnement à la fois sur les schémas migratoire de thonidés et le facteur « dilution » dans les énormes masses d’eau de cet Océan.

pad

Rédigé par PaD le Mardi 12 Avril 2011 à 22:27 | Lu 1845 fois