Paris, France | AFP | mardi 02/12/2024 - Inoxtag, Léna Situations... Plusieurs créateurs de contenu, parmi les plus suivis, ont récemment appelé leur audience à s'éloigner des écrans. Un "paradoxe" pour ces influenceurs qui vivent de l'attention qu'ils génèrent sur les réseaux sociaux, mais dont la parole a un poids non négligeable auprès des plus jeunes, pointent certains experts.
"Je suis accro à mes écrans, et je sais que toi aussi", lance Léna Mahfouf dans une vidéo publiée mi-novembre sur YouTube (plus de 2 millions de vues en deux semaines). L'influenceuse aux 11 millions d'abonnés y raconte son "mois sans écran" et invite à "reprendre le contrôle sur cette addiction".
"Les influenceurs essayent d'avoir des messages qu'ils considèrent comme positifs et ce côté déconnexion est vu comme quelque chose de vertueux", estime Adam Bensoussan, qui décrypte les tendances liées aux créateurs de contenu sur sa chaîne YouTube.
"C'est assez nouveau", ajoute-t-il, car non seulement "ils appellent à la déconnexion, mais ils mettent aussi en scène leur propre déconnexion", à l'instar de la vidéo de Léna Situations.
Cette prise de parole fait écho aux récents débats autour de la nocivité des réseaux sociaux chez les plus jeunes et le temps d'exposition aux écrans, qui ne cesse d'augmenter.
Selon une étude publiée en avril par le Centre national du livre, les jeunes âgés de 7 à 19 ans passent en moyenne 3h11 par jour sur les écrans, et jusqu'à plus de cinq heures pour les garçons de 16 à 19 ans.
Un rapport remis en début d'année à Emmanuel Macron par une "commission écrans" alertait sur "l'hyperconnexion subie" des plus jeunes, tandis que l'Australie vient de passer une loi inédite pour interdire les réseaux sociaux aux moins de 16 ans.
- Identification -
Pour Adam Bensoussan, "les YouTubeurs se sentent plus légitimes à s'exprimer sur les dangers des réseaux sociaux parce que c'est leur domaine, plutôt que se positionner sur la politique ou l'écologie".
Selon Thomas Rohmer, directeur de l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique (Open), cette "prise de recul" s'explique également par leur utilisation "encore plus excessive de (ces) outils, puisque c'est leur travail".
Une surexposition qui s'est traduite par la décision de plusieurs personnalités d'internet de faire une pause, mettant en avant une certaine lassitude et un risque de burn-out lié à leur exposition.
"Toutes les initiatives qui peuvent permettre de faire un pas de côté (...) sont bonnes à prendre", affirme Thomas Rohmer.
D'autant que, comme le souligne Michaël Stora, psychanalyste expert des pratiques numériques, ce genre d'appel "a pas mal d'influence parce que chaque ado peut se reconnaître là-dedans".
"L'avantage de ces influenceurs, c'est qu'ils parlent la même langue que ces jeunes", abonde Jocelyn Lachance, anthropologue de l’adolescence.
Un constat partagé par Thomas Rohmer: "leurs messages ont beaucoup plus d'efficacité auprès des jeunes que toutes les campagnes (de prévention)".
- "Hypocrite" -
Pour autant, "il y a un paradoxe dans cette manière de créer de la prévention par les influenceurs dont la survie n'existe que parce qu'ils sont vus", juge Michaël Stora.
C'est un reproche qui a notamment été adressé à Inoxtag, dont le documentaire "Kaizen", sorti mi-septembre et retraçant son ascension de l'Everest, se concluait par un appel à s'éloigner des écrans, jugé hypocrite par ses détracteurs.
"C'est dur de changer tout d'un coup", confiait-il à l'AFP deux mois après la sortie de son film, qui avoisine les 40 millions de vues sur YouTube. Depuis, il dit s'autoriser davantage de "pauses".
"Je ne vous dis pas que je vais complètement quitter les écrans parce que ce serait complètement hypocrite", reconnait de son côté Léna Mahfouf dans sa vidéo, mais elle affirme désormais mettre en place "quelques règles" pour limiter son exposition, comme ne plus dormir près de son téléphone.
Mais pour Adam Bensoussan, il ne faut pas s'attendre à ce que ce mouvement prenne de l'ampleur: "les retours n'ont pas été très bons" pour ceux qui s'y sont risqués, observe-t-il.
Dans sa vidéo, Léna Mahfouf affirme avoir perdu 10.000 abonnés sur Instagram lors de sa pause numérique.
"Je suis accro à mes écrans, et je sais que toi aussi", lance Léna Mahfouf dans une vidéo publiée mi-novembre sur YouTube (plus de 2 millions de vues en deux semaines). L'influenceuse aux 11 millions d'abonnés y raconte son "mois sans écran" et invite à "reprendre le contrôle sur cette addiction".
"Les influenceurs essayent d'avoir des messages qu'ils considèrent comme positifs et ce côté déconnexion est vu comme quelque chose de vertueux", estime Adam Bensoussan, qui décrypte les tendances liées aux créateurs de contenu sur sa chaîne YouTube.
"C'est assez nouveau", ajoute-t-il, car non seulement "ils appellent à la déconnexion, mais ils mettent aussi en scène leur propre déconnexion", à l'instar de la vidéo de Léna Situations.
Cette prise de parole fait écho aux récents débats autour de la nocivité des réseaux sociaux chez les plus jeunes et le temps d'exposition aux écrans, qui ne cesse d'augmenter.
Selon une étude publiée en avril par le Centre national du livre, les jeunes âgés de 7 à 19 ans passent en moyenne 3h11 par jour sur les écrans, et jusqu'à plus de cinq heures pour les garçons de 16 à 19 ans.
Un rapport remis en début d'année à Emmanuel Macron par une "commission écrans" alertait sur "l'hyperconnexion subie" des plus jeunes, tandis que l'Australie vient de passer une loi inédite pour interdire les réseaux sociaux aux moins de 16 ans.
- Identification -
Pour Adam Bensoussan, "les YouTubeurs se sentent plus légitimes à s'exprimer sur les dangers des réseaux sociaux parce que c'est leur domaine, plutôt que se positionner sur la politique ou l'écologie".
Selon Thomas Rohmer, directeur de l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique (Open), cette "prise de recul" s'explique également par leur utilisation "encore plus excessive de (ces) outils, puisque c'est leur travail".
Une surexposition qui s'est traduite par la décision de plusieurs personnalités d'internet de faire une pause, mettant en avant une certaine lassitude et un risque de burn-out lié à leur exposition.
"Toutes les initiatives qui peuvent permettre de faire un pas de côté (...) sont bonnes à prendre", affirme Thomas Rohmer.
D'autant que, comme le souligne Michaël Stora, psychanalyste expert des pratiques numériques, ce genre d'appel "a pas mal d'influence parce que chaque ado peut se reconnaître là-dedans".
"L'avantage de ces influenceurs, c'est qu'ils parlent la même langue que ces jeunes", abonde Jocelyn Lachance, anthropologue de l’adolescence.
Un constat partagé par Thomas Rohmer: "leurs messages ont beaucoup plus d'efficacité auprès des jeunes que toutes les campagnes (de prévention)".
- "Hypocrite" -
Pour autant, "il y a un paradoxe dans cette manière de créer de la prévention par les influenceurs dont la survie n'existe que parce qu'ils sont vus", juge Michaël Stora.
C'est un reproche qui a notamment été adressé à Inoxtag, dont le documentaire "Kaizen", sorti mi-septembre et retraçant son ascension de l'Everest, se concluait par un appel à s'éloigner des écrans, jugé hypocrite par ses détracteurs.
"C'est dur de changer tout d'un coup", confiait-il à l'AFP deux mois après la sortie de son film, qui avoisine les 40 millions de vues sur YouTube. Depuis, il dit s'autoriser davantage de "pauses".
"Je ne vous dis pas que je vais complètement quitter les écrans parce que ce serait complètement hypocrite", reconnait de son côté Léna Mahfouf dans sa vidéo, mais elle affirme désormais mettre en place "quelques règles" pour limiter son exposition, comme ne plus dormir près de son téléphone.
Mais pour Adam Bensoussan, il ne faut pas s'attendre à ce que ce mouvement prenne de l'ampleur: "les retours n'ont pas été très bons" pour ceux qui s'y sont risqués, observe-t-il.
Dans sa vidéo, Léna Mahfouf affirme avoir perdu 10.000 abonnés sur Instagram lors de sa pause numérique.