Lima, Pérou | AFP | jeudi 23/10/2014 - L'histoire de Juliane Koepcke, unique rescapée d'un accident d'avion en Amazonie péruvienne en 1971, a fait le tour du monde mais aujourd'hui la biologiste allemande veut faire de sa miraculeuse odyssée un plaidoyer pour la forêt tropicale qui "l'a gardée en vie".
Alors que se tiendra en décembre à Lima une Conférence de l'ONU sur le climat, la scientifique tire la sonnette d'alarme, assurant qu'il "est irresponsable de fixer des échéances, c'est maintenant qu'il faut agir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre".
Le récit de son accident et de sa miraculeuse survie à 17 ans, après onze jours d'errance dans l'impénétrable forêt, déjà paru en allemand et en français, vient d'être publié en espagnol au Pérou sous le titre "Tombée du ciel, comment la forêt amazonienne m'a rendue à la vie".
"La jungle n'a jamais été pour moi un enfer vert, mais l'endroit qui m'a gardée en vie" dit cette femme souriante et posée, cheveux blonds courts et fines lunettes, dans un entretien à l'AFP.
"Je défend la forêt tropicale parce elle m'a sauvé la vie il y a 43 ans. Si j'étais tombée dans un désert, un glacier ou dans la mer, je n'aurai pas pu survivre, mais dans la jungle, il y a de l'ombre, de l'eau et ce milieu m'était familier depuis ma petite enfance. Malgré le choc, c'était comme un cocon", raconte-t-elle.
Fille d'un biologiste et d'une ornithologue allemands venus s'installer au Pérou dans les années 50 pour y poursuivre leurs recherches scientifiques, Juliane est née à Lima.
Elle passe de longues périodes avec ses parents dans la forêt amazonienne où ils ont installé la station biologique de Panguana dans la région de Pucallpa (est). Elle y travaille lors de ses fréquents voyages au Pérou depuis Munich.
Dans l'avion se rendant de Lima à Pucallpa qui explose en plein ciel le 24 décembre 1971, voyagent 92 personnes. Tous les passagers et membres d'équipage meurent, sauf Juliane, qui était à bord avec sa mère. Quand elle reprend conscience, elle sait qu'attendre les secours en plein coeur de la forêt tropicale lui serait fatal.
Blessée, ses lunettes cassées, mais gardant un sang-froid étonnant, elle se met en route, se rappelant ce que son père lui avait dit un jour : "si tu te perds dans la jungle, il faut trouver un cours d'eau et le suivre".
- 'Cosmos vert' -
Avec pour seules provisions un paquet de bonbons trouvé dans les restes de l'avion, elle marchera plusieurs jours, buvant l'eau boueuse des rivières.
Elle sera retrouvée par des bûcherons dans une cabane au bord de l'eau, épuisée, blessée et dévastée par la mort de sa mère, mais vivante.
La biologiste, qui vit désormais en Allemagne, insiste sur la nécessité "d'expliquer l'importance de la forêt amazonienne en train de disparaître". "C'est une mission que je me suis donnée", dit-elle, reconnaissant "n'avoir jamais pensé s'engager de cette manière".
De longues années s'écouleront avant qu'elle ne revienne sur les lieux de l'accident avec le réalisateur Werner Herzog, qui fera le récit de son histoire dans "Les ailes de l'espoir", un documentaire réalisé en 2000 pour la télévision allemande.
Ce retour, dit-elle, et le livre qu'elle attendra 40 ans pour décrire sa miraculeuse survie lui ont servi de thérapie et déterminent son engagement envers l'Amazonie.
"J'ai beaucoup de respect pour ce cosmos vert, vital", dit-elle. "La forêt tropicale nous aide à réguler le climat de la planète : on dit souvent que l'Amazonie est un poumon vert et c'est vrai. Ce que beaucoup de gens ne comprennent pas c'est que couper les arbres, brûler la forêt, les mines illégales, la construction de routes menacent son existence".
"Lorsqu'on coupe ou brûle la forêt, il ne reste plus rien. Il faudrait 500 ans pour qu'elle revive, quand la forêt tropicale disparait, rien ne repousse", relève-t-elle.
A Panguana, devenue réserve naturelle de milliers d'hectares, l'impact du réchauffement climatique est déja perceptible. "Le niveau des rivières a baissé, des espèces disparaissent, la température a augmenté de quatre à cinq degrés et la végétation se desséche".
"L'Amazonie doit rester patrimoine de l'humanité et refuge essentiel de toutes les créatures vivantes qui l'habitent", plaide-t-elle.
Alors que se tiendra en décembre à Lima une Conférence de l'ONU sur le climat, la scientifique tire la sonnette d'alarme, assurant qu'il "est irresponsable de fixer des échéances, c'est maintenant qu'il faut agir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre".
Le récit de son accident et de sa miraculeuse survie à 17 ans, après onze jours d'errance dans l'impénétrable forêt, déjà paru en allemand et en français, vient d'être publié en espagnol au Pérou sous le titre "Tombée du ciel, comment la forêt amazonienne m'a rendue à la vie".
"La jungle n'a jamais été pour moi un enfer vert, mais l'endroit qui m'a gardée en vie" dit cette femme souriante et posée, cheveux blonds courts et fines lunettes, dans un entretien à l'AFP.
"Je défend la forêt tropicale parce elle m'a sauvé la vie il y a 43 ans. Si j'étais tombée dans un désert, un glacier ou dans la mer, je n'aurai pas pu survivre, mais dans la jungle, il y a de l'ombre, de l'eau et ce milieu m'était familier depuis ma petite enfance. Malgré le choc, c'était comme un cocon", raconte-t-elle.
Fille d'un biologiste et d'une ornithologue allemands venus s'installer au Pérou dans les années 50 pour y poursuivre leurs recherches scientifiques, Juliane est née à Lima.
Elle passe de longues périodes avec ses parents dans la forêt amazonienne où ils ont installé la station biologique de Panguana dans la région de Pucallpa (est). Elle y travaille lors de ses fréquents voyages au Pérou depuis Munich.
Dans l'avion se rendant de Lima à Pucallpa qui explose en plein ciel le 24 décembre 1971, voyagent 92 personnes. Tous les passagers et membres d'équipage meurent, sauf Juliane, qui était à bord avec sa mère. Quand elle reprend conscience, elle sait qu'attendre les secours en plein coeur de la forêt tropicale lui serait fatal.
Blessée, ses lunettes cassées, mais gardant un sang-froid étonnant, elle se met en route, se rappelant ce que son père lui avait dit un jour : "si tu te perds dans la jungle, il faut trouver un cours d'eau et le suivre".
- 'Cosmos vert' -
Avec pour seules provisions un paquet de bonbons trouvé dans les restes de l'avion, elle marchera plusieurs jours, buvant l'eau boueuse des rivières.
Elle sera retrouvée par des bûcherons dans une cabane au bord de l'eau, épuisée, blessée et dévastée par la mort de sa mère, mais vivante.
La biologiste, qui vit désormais en Allemagne, insiste sur la nécessité "d'expliquer l'importance de la forêt amazonienne en train de disparaître". "C'est une mission que je me suis donnée", dit-elle, reconnaissant "n'avoir jamais pensé s'engager de cette manière".
De longues années s'écouleront avant qu'elle ne revienne sur les lieux de l'accident avec le réalisateur Werner Herzog, qui fera le récit de son histoire dans "Les ailes de l'espoir", un documentaire réalisé en 2000 pour la télévision allemande.
Ce retour, dit-elle, et le livre qu'elle attendra 40 ans pour décrire sa miraculeuse survie lui ont servi de thérapie et déterminent son engagement envers l'Amazonie.
"J'ai beaucoup de respect pour ce cosmos vert, vital", dit-elle. "La forêt tropicale nous aide à réguler le climat de la planète : on dit souvent que l'Amazonie est un poumon vert et c'est vrai. Ce que beaucoup de gens ne comprennent pas c'est que couper les arbres, brûler la forêt, les mines illégales, la construction de routes menacent son existence".
"Lorsqu'on coupe ou brûle la forêt, il ne reste plus rien. Il faudrait 500 ans pour qu'elle revive, quand la forêt tropicale disparait, rien ne repousse", relève-t-elle.
A Panguana, devenue réserve naturelle de milliers d'hectares, l'impact du réchauffement climatique est déja perceptible. "Le niveau des rivières a baissé, des espèces disparaissent, la température a augmenté de quatre à cinq degrés et la végétation se desséche".
"L'Amazonie doit rester patrimoine de l'humanité et refuge essentiel de toutes les créatures vivantes qui l'habitent", plaide-t-elle.