René Bidal : "La délinquance est stabilisée voire en baisse"


PAPEETE, le 11/10/2017 - Le haut-commissaire de la République, René Bidal a visité les stands mis en place dans les jardins de la mairie de Papeete, dans le cadre des journées sur la sécurité. L'occasion également pour le haut-commissaire de faire un bilan sur le taux de délinquance en Polynésie, depuis le mois de janvier. Interview.

Que représentent pour vous ces journées sur la sécurité ?
"C'est d'abord une occasion annuelle importante et unique dans le calendrier, et de permettre aux Polynésiens d'aller à la rencontre des métiers des gens qui les protègent (police et gendarmerie) ou qui les secourent (pompiers). C'est pour moi ensuite l'occasion de dire publiquement combien le travail des gendarmes, des policiers, des pompiers, des douaniers obtient des résultats magnifiques s'agissant notamment de la protection des personnes et des biens."

Selon les chiffres que vous nous avez fournis le nombre des délits est en baisse au fenua ?
"Ces chiffres, que j'ai voulu d'ailleurs comparer sur les six ans pour les neuf premiers mois de l'année, vous montrent que la délinquance, grâce à l'action des services, est stable ou en baisse. Même les violences qui sont pour moi une préoccupation, se situent sur les six dernières années en Polynésie française, entre 1850 et 1880 faits constatés. Ce n'est pas pour autant que je dis qu'il n'y a pas de problèmes. Mais je dis qu'il faut éviter les fantasmes et agglomérer des sentiments qui sont parfois peu étayés par les chiffres. En revanche, je voudrai insister sur le travail d'investigation que mènent les policiers et les gendarmes, ce qui est particulièrement remarquable en matière de lutte contre les stupéfiants. Parce qu'il est vrai que si le cannabis est généralisé depuis plusieurs années sur ce territoire, les méthamphétamines, autrement dit l'ice a tendance aujourd'hui à vouloir se généraliser. Et je rappelle que les infractions qui sont relevées en matière de stupéfiants ne résultent pas d'une plainte. Ce sont les seules infractions qui sont relevées uniquement par l'action des services, c'est-à-dire les investigations et l'engagement des services (gendarmes, policiers et douaniers). Et qui grâce à ce travail d'enquête, sous la direction du procureur de la République, ils arrivent à résoudre des sujets et des problèmes qui sont très liés à la déviance sociale qu'implique ce trafic de stupéfiants, parce que derrière, ces personnes qui sont directement concernées par le trafic seront interpellées. Il y a aussi les dérives sociales que ce trafic génère, et notamment l'ice qui a des effets et une addiction importante. La nature Polynésienne est plutôt respectueuse de l'autorité, des lois, de son prochain et je ne souhaite pas que ces drogues provoquent des dérives culturelles et sociales dans la société Polynésienne. C'est la raison pour laquelle avec le maire de Papeete nous allons essayer de décliner dans les communes les plus urbaines des conseils locaux de prévention de la délinquance. Et celui de Papeete devrait être rapidement installé. Pour moi, c'est très important parce que cette problématique du stupéfiant ne s'arrête pas à l'aspect judiciaire, c'est une problématique qui touche l'engagement des associations. Mais elle touche aussi l'éducation parentale, et là il faut que les parents prennent leurs responsabilités par rapport à ces comportements addictifs et qu'ils essayent de corriger les choses. Le reste, on va s'en occuper sérieusement, avec d'abord un meilleur décloisonnement des services car les informations doivent être partagées entre les services répressifs. Nous allons renforcer ce travail de collaboration interservices parce que c'est grâce à cela que les opérations s'améliorent. Ensuite, le procureur de la République qui est le responsable de l'action judiciaire et moi le responsable de l'action publique, nous sommes tous deux très engagés pour aller au plus profond de ce trafic. C'est la culture Polynésienne qui est menacée au-delà de l'aspect pénal et judiciaire."

Vous parliez de l'éducation parentale, mais qu'est-ce que l’État peut faire de plus par rapport à la consommation de drogue ou aux violences ?
"L’État est d'abord complètement investi, les services de police, de gendarmerie et de douane sont placés sous ma responsabilité, c'est moi le responsable de la sécurité. Après il y a la partie parentale, je crois que les parents ne sont dupes de rien. Donc, il faut faire quelque chose. Vous avez la chance par rapport à d'autres territoires de la République, d'avoir des familles qui sont non seulement soudées mais ensemble, et qui sont souvent dans la même résidence. Donc, la vigilance est exercée et il faut que les parents prennent leurs responsabilités. Ils ont un devoir de surveillance et d'éducation vis-à-vis des mineurs, et il y a un délit par rapport à l'abandon moral. Les maires sont aussi très impliqués et il y a aussi des associations qui peuvent aider les parents dans cette démarche. D'où l'importance pour moi d'associer les tāvana dans l'approche préventive de l'ensemble des délits. Mais je voulais préciser que la délinquance en Polynésie est stabilisée voire en baisse. Donc, il faut éviter de tirer les comportements hâtifs sur des seules impressions. Je suis là pour dire que la délinquance est un sujet sérieux, on ne la commente pas sur des impressions, mais sur des chiffres et sur un engagement des services."

Télécharger le communiqué du Haut Commissaire:

2017-10-11 - CP Rencontres de la sécurité et délinquance en PF.pdf  (408.77 Ko)


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Rédigé par Propos recueillis par Corinne Tehetia le Mercredi 11 Octobre 2017 à 16:47 | Lu 1259 fois