Rencontre entre le Gouvernement et les chefs d’entreprises


"C’est un exercice de survie économique", c’est en ces termes que le Vice-président Nuihau Laurey a planté le décor de la réforme fiscale devant les patrons venus à la rencontre du Président et du Gouvernement ce lundi après-midi. Ils étaient environ 80 à avoir répondu à l’invitation du Gouvernement.

Le Vice-président Nuihau Laurey a d’emblée rappelé que le Gouvernement n’était en place que depuis 6 semaines et qu’il s’était attelé à l’urgence, que de nombreuses décisions ont déjà été prises, à commencer par la réforme fiscale et le collectif budgétaire, mais aussi le relèvement des allocations familiales et du minimum vieillesse, ainsi que la mise en place du dispositif d’aide aux familles, pour ne citer que celles-ci, indiquant que les contrats d’aide à l’emploi étaient en préparation.

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Des chiffres qui font peur

Il a rappelé les chiffres qui font peur et qui fixent la photographie de l’héritage auquel est confronté le Gouvernement : 90 milliards de dettes dont 13 exigibles à la fin de l’année, auxquels s’ajoute un déficit de trésorerie de 14 milliards dont 7 milliards de dettes fournisseurs (communes, fonds de régulation des hydrocarbures, caisse de soutien au coprah, PPN) et 4 milliards dus aux communes. Le Pays ne peut donc pas attendre, il faut agir vite. Il a rappelé que "cette réforme à un sens, car il faut enrayer la spirale infernale dans laquelle il s’engage", puisque, pour la première fois il ne pourra plus payer sa dette, avec toutes les conséquences qu’une telle situation entrainera sur sa solvabilité et sur la notation internationale de la Polynésie française qui souffre déjà d’une image très dégradée. "Ce n’est jamais agréable de mettre en oeuvre une réforme fiscale", a t-il ajouté, en rappelant que l’objectif essentiel de cette réforme est de financer l’investissement et la relance, mais aussi de répondre à la détresse sociale de la population et de lutter contre la pauvreté.

Une fracture sociale réelle et dangereuse


Il a souligné devant les chefs d’entreprises que cette réforme n’était pas constituée que de hausses, mais aussi de baisses significatives. "C’est un exercice de survie économique qui implique tout le monde". Cette réforme "est une sortie de crise", a-t-il ajouté. Le vice-président a aussi rappelé que "le Gouvernement est ouvert aux propositions tant qu’elles ne consistent pas à soustraire les uns et les autres à l’effort collectif", précisant qu'il n’est pas envisageable de déshabiller la réforme au nom d’intérêts catégoriels. "C’est tous ensemble, sinon il ne faut pas la faire", a-t-il insisté, rappelant que le fruit de cette réforme doit à la fois permettre d’assainir les finances publiques et constituer un acte fort et urgent de solidarité vers les plus démunis.

Un retour à la croissance possible dès l’an prochain


Tirant la sonnette d’alarme, fort des nombreuses rencontres sur le terrain, il a rappelé que "la fracture sociale est réelle, et elle est dangereuse pour la cohésion sociale" ; "il faut la combler", a-t-il insisté, soulignant que "si nous arrivons à passer ensemble cette réforme, le retour à la croissance pourrait être au rendez-vous dès l’an prochain".

Les montants générés par ces mesures ne vont pas aller se perdre dans le budget général, ni financer du fonctionnement, rappelant que deux fonds ont été créés qui donnent de la visibilité à l’usage qui va être fait de ces recettes : le fonds d’investissement et de garantie de la dette (FIGD), et le fonds pour l’emploi et la lutte contre la pauvreté (FELCP), soulignant aussi que cet argent va être injecté dans l’économie et qu’il va donc permettre de relancer les investissements et la consommation des ménages.

Des réactions mesurées et responsables

Le Vice-président a encore souligné que les réactions qui ont suivies l’annonce des mesures fiscales et budgétaires étaient selon lui "mesurées". Si les inquiétudes exprimées étaient "légitimes", les organisations patronales avaient fait preuve de "mesure et de responsabilité", citant en particulier le MEDEF et la CGPME. Il a reconnu que ces mesures étaient "difficiles", cependant "nécessaires", et qu’il était "confiant dans les résultats", qu’elles allaient produire.

Il a aussi souligné que ce travail de la Polynésie française sur elle-même était indispensable pour pouvoir aller solliciter la solidarité nationale à Paris, ce qu’il fera lors de son prochain voyage avec le Président Gaston Flosse. Il a bon espoir que cette réforme soit "de nature à redonner confiance à l’Etat" et à permettre de relancer le partenariat et la solidarité dont la Polynésie française a besoin pour s’en sortir.
Un échange s’en est suivi qui a permis, dans une atmosphère constructive, de répondre aux questions et aux attentes des chefs d’entreprises présents.

Créer des emplois et projeter la Polynésie dans l’avenir

Pour sa part, le Président Gaston Flosse prenant le relais du Vice-président, a projeté l’assemblée présente dans l’avenir en exposant les grands projets du Gouvernement qui vont faciliter la relance et la commande publique. Il est revenu sur le grand projet touristique "Mahana Beach" sur le site d’Outumaoro qui est entré dans sa phase concrète avec le relogement des familles et la destruction des squats libérés.

Il a aussi exposé pour la première fois le grand projet urbain "Ainapare" qui va prendre place au coeur de la ville au niveau du parc Bougainville et de l’OPT le long de l’avenue Pouvana’a a Oopa. Ce vaste projet immobilier va changer le visage de la capitale et dégagera des espaces réservés à l’administration, aux commerces et aux restaurants, mais aussi à Air Tahiti Nui, au Gie Perles de Tahiti ou encore au Gie Tahiti Tourisme.

Tahiti, escale obligée entre la Chine et l’Amérique du sud

Ces deux grands projets entrent dans le cadre du partenariat public/privé et constituent un élément essentiel du développement touristique. Ils prennent tout leur sens dans le sillage de la récente mission en Chine du Conseiller spécial du Président, Michel Paoletti, qui a confirmé le fort intérêt de Pékin pour ouvrir une liaison Pacifique transversale entre la Chine et l’Amérique du sud, entre Shanghai et Sao Paulo qui passerait par Tahiti.

Cette liaison permettrait aux millions de passagers reliant chaque année l’Asie à l’Amérique du sud de gagner un temps considérable. Ce flux important de touristes et d’hommes d’affaires, dont les avions devront faire escale en Polynésie française, pourrait constituer un puissant moyen de développer notre tourisme ; il justifie des investissements touristiques structurants de qualité. Tous ces projets représentent un fort potentiel de développement et constituent donc une source majeure de création d’emplois sur le moyen et le long terme. C’est là leur objectif premier : relancer la croissance et redynamiser durablement le tourisme qui reste la colonne vertébrale de notre développement économique. Ce faisant ces projets feront de la Polynésie une escale incontournable au coeur du grand Pacifique. Ils lui donnent une réelle dimension océanienne au moment où les regards du monde entier se tournent de plus en plus vers le Pacifique.

Rédigé par Communiqué de la Présidence le Mardi 9 Juillet 2013 à 05:57 | Lu 1760 fois