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Rencontre des lauréats de ’ōrero des écoles primaires le 6 juin


PAPEETE, le 23 mai 2014. (COMMUNIQUE) La rencontre des lauréats de ’ōrero des écoles du 1er degré aura lieu au centre culturel Manuiti à Paea le vendredi 06 juin 2014 à 18 heures. Pour cet évènement, 25 orateurs âgés de 9 à 12 ans, venant des Marquises, des Tuamotu, des Gambier, des Australes, des Iles sous le vent, de Tahiti et Moorea, mais aussi de Hawaii déclameront leur île, leur archipel, leur héros, dans leur langue polynésienne d’origine.

Cette 6ème édition aura l’honneur d’accueillir un élève de Hawaii qui se joindra aux orateurs de nos archipels. En effet, afin d'impulser une dynamique régionale, le Ministre de l’Education de la Polynésie française a proposé en Conseil des Ministres d’associer à cet évènement des élèves des pays des sommets du triangle polynésien (Nouvelle-Zélande, Hawaii et Iles de Pâques) et des collectivités territoriales françaises du Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna).

L'ouverture de la rencontre 'Ōrero au Pacifique

Cette ouverture au Pacifique est avant tout motivée par la volonté de tisser des liens avec ces pays et collectivités territoriales et s’appuie sur des éléments linguistiques et culturels. En effet, les langues polynésiennes en usage en Polynésie Française désignées par le terme générique reo ma'ohi appartiennent au sous-groupe polynésien (ex. maori de Nouvelle-Zélande, hawaïen, pascuan, etc....) et plus généralement à la famille austronésienne. Ces langues sont très proches sur le plan morphosyntaxique, même s’il existe parfois des différences lexicales sensibles. En parler une, c’est avoir des compétences qui prédisposent à la compréhension de toutes les autres.

Au-delà des échanges linguistiques et culturels, ces déplacements seraient aussi l'occasion pour les élèves extérieurs de découvrir les institutions, l’histoire, la géographie de la Polynésie française et de nouer des liens d’amitié. En outre, l’arrivée de Hawaii et d’autres pays pour les futures éditions serait l’occasion de partager des pratiques pédagogiques mises en oeuvre quant à l’enseignement de l’art oratoire dans d’autres pays du Pacifique.

Rencontre des lauréats de ’ōrero des écoles primaires le 6 juin
Le ’Ōrero, un enseignement qui met en avant les langues polynésiennes et du Pacifique

Comme pour les éditions précédentes, cette rencontre territoriale vient saluer une année de travail en permettant à chaque orateur représentant son district, son île, son archipel de se produire sur scène, en déclamant talentueusement avec courage et conviction dans sa langue polynésienne d’origine. Notons que cette manifestation n’est pas un concours mais constitue une belle opportunité pour apprécier la richesse et la diversité linguistique/culturelle, contribuant ainsi à la préservation et à la vivification de toutes les langues polynésiennes et du Pacifique.

Le ’Ōrero, partie intégrante des Programmes de l’école primaire en Polynésie française

Les lauréats qui se produiront sur scène sont les heureux élus de nombreux concours effectués au niveau de leur classe, école, commune, île et circonscription. Si ces manifestations concernent uniquement les classes du cycle 3 (CE2-CM1-CM2) et des CJA (Centres des jeunes adolescents), l’apprentissage du ’ōrero est étendu aux autres cycles. En effet, impulsé depuis 2008 dans les écoles primaire, le ’ōrero fait désormais partie intégrante des nouveaux Programmes depuis juin 2012, encourageant ainsi la pratique de l’art oratoire dès l’entrée à l’école maternelle. L’enjeu est de leur faire découvrir cet art dans sa diversité et sa richesse afin qu’il devienne source de plaisir puis progressivement objet d’apprentissage. Très tôt, nos élèves sont ainsi familiarisés à cette tradition orale transmise autrefois sous forme de discours servant de support à une grande diversité de genres littéraires.

A l’issue de l’école primaire, nos élèves voient alors leur culture littéraire enrichie. En effet, le rôle de l’école n’est-il pas de permettre aux citoyens de demain de s’enrichir culturellement afin de mieux se connaître et de s’ouvrir sur le monde ?


Les langues et culture polynésiennes, une priorité

L’introduction de l’art oratoire à l’école répond à des finalités d’ordre patrimonial, à savoir la valorisation et la transmission intergénérationnelle du patrimoine linguistique et culturel polynésien. Enseigner l’art oratoire c’est offrir l’occasion aux enfants de se réapproprier un élément incontournable de la culture polynésienne garantissant ainsi la vivification et la préservation de nos langues.
Véritable projet de société, cette forme d’oralité issue des traditions polynésiennes, contribue à la réussite scolaire, objectif premier de l’Education. Elle permet de renforcer l’intérêt pour les langues, les capacités liées à l’éloquence, à la mémorisation et l’accès au valeurs culturelles. Par ailleurs, par le biais de la déclamation en public, l’élève gagne en assurance, l’estime de soi est développée, la peur de s’exprimer s’estompe, l’aisance domine. Ainsi les compétences langagières conformes au programme sont développées en prenant appui sur les langues polynésiennes : mémoriser, écouter, s’exprimer oralement, prendre la parole devant un public, lire, écrire.... Par conséquent, cet enseignement contribue à la prévention de l’illettrisme développant des compétences langagières dans un contexte plurilingue.

Aussi, est-il utile de rappeler que l’enseignement du ’ōrero à l’école n’a pas pour ambition de former des élites. Il ne se limite pas non plus à l’évènementiel, ni à la récitation de longs discours. Il contribue essentiellement à la construction d’un socle essentiel à la mise en place d’apprentissages fondamentaux pour la réussite de tous les élèves. De ce fait, il occupe une place légitime dans l’enseignement des langues et culture polynésiennes.


Rencontre des lauréats de ’ōrero des écoles primaires le 6 juin
Distinction européenne

Rappelons-le, cette démarche innovante en matière d’apprentissage et d’enseignement des langues a valu à la Polynésie française l’obtention du label européen des langues en 2010. Une année plus tard, l’Agence Europe Education Formation France A2E2F) lui a attribué le label des labels dans la catégorie « Enseignement scolaire ». Cette reconnaissance rend hommage aux efforts déployés par les équipes pédagogiques soutenues par l’adhésion de la société entière à la promotion des langues et culture polynésiennes.

Epreuves de sélection

Tout au long de l’année, des concours ’ōrero sont menés dans nos classes puis, progressivement, dans nos écoles et nos circonscriptions pédagogiques.

-Concours ’ōrero-écoles : ils concernent les élèves, qui après la déclamation dans leur classe, sont élus comme messagers par leurs camarades. Ces porte-paroles se mesurent ensuite aux autres élèves de différentes classes d’une même école.

-Concours ’ōrero-circonscription : ce sont les élèves lauréats des différentes écoles d’une même circonscription pédagogique qui sont sélectionnés pas un jury composé de personnels de l’Education, de personnes ressources en LCP.

-Rencontre territoriale : elle concerne tous les lauréats de chaque circonscription. Il ne s’agit plus d’un concours mais bien d’une rencontre car la volonté forte n’est pas de mettre en concurrence les différentes traditions oratoires, ni les différentes langues polynésiennes.

Des concours intermédiaires sont parfois observés comme le concours île Tahiti qui réunit les lauréats des circonscriptions en présence sur Tahiti ou le concours par secteurs d’îles.

Rencontre des lauréats de ’ōrero des écoles primaires le 6 juin
Le ’ōrero, une connaissance de son patrimoine littéraire polynésien

Pour mémoire, le terme 'ōrero désigne deux réalités : le discours et celui qui le porte. C’est l'art de manier les mots de manière à capter l’attention et à convaincre une assistance. C’est une pratique ancestrale mettant en exergue la parole, l'éloquence, la rhétorique.
Le thème retenu est décliné dans les différentes langues polynésiennes, en français et en anglais :

« 'A 'ōrero i tō 'āi’a »
« 'A tapatapa mai nō tō 'oe henua »
« Ka tīporoporo to atoga »
« Ka kōrero ki tō kāiga »
« 'A 'ōrero mai i te parau o tō 'oe 'enua »
« Parle-moi de ta terre »
« Tell me about your homeland »

Cette année, quatre genres littéraires sont proposés comme texte support pour la déclamation des élèves :

Fa'ateni : Type de discours utilisé afin de louer, de glorifier, de mettre sur des hauteurs une terre, un personnage, un héros civilisateur, un fait, une action.

Fa'atara : Bien que proche du fa’ateni, dans la mesure où ce type de discours est utilisé afin de louer, de glorifier, de mettre sur des hauteurs une terre, un personnage, un héros civilisateur, un fait, une action ; le fa’atara y rajoute un très fort sentiment d’orgueil et de défi.

Paripari fenua : Type de discours relatant les lieux, les sites, les héros ainsi que les hauts faits d’un district ou d’un peuple. Ainsi, au travers d’un paripari fenua, l’orateur s’attachera à montrer en les nommant tous les lieux fondateurs et prestigieux de son district.

’Ā’ai : Le « ' Ā'ai » ou légende est un récit ayant trait à la nature, à l’histoire d’une terre, au héros ou au dieu . La légende, au caractère vraisemblable, relate des évènements qui ont eu lieu ou qui aurait pu avoir lieu. Elle contient des éléments fictifs et repose dans certains cas sur des faits historiques qui ont été transformés par des croyances. Littéralement, «' Ā'ai » se traduit par « nourris-toi ! ». En effet, au travers de la légende l'individu « se nourrit » de savoirs de base, nécessaires à la construction de son identité et à son intégration dans la société dans laquelle il vit. Elle lui enseigne ses origines, lui reconnaît et lui affirme ses statuts, elle lui dicte des règles et des lois qu'il doit suivre à la lettre pour s'approprier le monde.

Evidemment, durant la déclamation de nos orateurs, il ne serait pas étonnant de retrouver d’autres genres littéraires en présence dans nos écoles: tōtī - comptines amusantes ou piri, qui se rapprochent de la devinette ou de la charade ; ou encore les pata’uta’u, discours scandés, rythmés, utilisés pour compter, énumérer ou lister un procédé, une technique, un savoir-faire. Nos élèves se livreront aussi à la poésie en récitant des pehepehe.


Diversité des langues

Pour information, la Polynésie française compte 5 principales langues réparties sur cinq archipels. Ces langues sont désignées par le terme générique reo ma ’ohi. Dans certains archipels, on distingue plusieurs variantes linguistiques réparties selon les aires culturelles.

Les langues concernées sont:

-Reo tahiti pour l’archipel de la Société ;
-Eo enaena (nord) ou eo enata (sud) pour l’archipel des Marquises ;
-Reo mangareva pour l’archipel des Gambier ;
-Reo tuha’a pae pour l’archipel des Australes où on recense cinq aires de langues réparties sur les cinq îles : le Tupua’i, le Rurutu, le Ra’ivave, le Rimatara, le Rapa.
-Reo pa’umotu pour l’archipel des Tuamotu où on recense sept aires linguistiques regroupant les atolls : le Mihiroa, le Vahitu, le Napuka, le Tapuhoe, le Parata, le Fagatau, le Maragai.

Dispositif-antennes

Polynésie 1ère et TNTV contribuent à la valorisation du patrimoine culturel polynésien.

En TV :
- Diffusion de la soirée de rencontre des lauréats sur les deux chaînes de télévisions.
- Réalisation de programmes courts et diffusion de ces programmes sur Polynésie 1ère et sur TNTV
- Invitation des orateurs sur les plateaux télévisés

En radio :
- Diffusion des prestations des lauréats sur les ondes radio de Pol 1ère.

Pour plus d’informations :
Noēlle FAAHU-VAKI : 46.27.17 – 72.64.42
[email protected]

Entrée : 300 XPF – Tarif unique
Billets en vente au pôle LCP – DEP

Samantha BONET-TIRAO : 46.27.18 – 22.00.59

Rencontre des lauréats de ’ōrero des écoles primaires le 6 juin

Rédigé par Cellule LCP – DEP le Vendredi 23 Mai 2014 à 09:01 | Lu 574 fois