Rencontre avec Frédéric Ohlen et son monde flottant


Tahiti, le 15 novembre 2022 - Le Salon du livre 2022 accueille un auteur, mais aussi un éditeur et fondateur de l’Association des éditeurs et diffuseurs de la Nouvelle-Calédonie, Frédéric Ohlen. Il retrace dans son second roman Le monde flottant, le voyage de Nathalie Lemel, une Bretonne et figure de la Commune de Paris, déportée en Nouvelle-Calédonie. Une “biographie à rebours questionnant les limites, le courage et la pureté de l’engagement”.
 
Figure de la littérature et de la vie culturelle calédonienne, Frédéric Olhen est un auteur brillant, investi depuis des décennies dans la promotion du livre et de la lecture. Éditeur dès 1998, il publie, notamment, de jeunes écrivains kanaks. Il sera aussi fondateur et président de l’Association des éditeurs et diffuseurs de la Nouvelle-Calédonie assumant ces responsabilités en effectuant un parcours d’écrivain reconnu. Frédéric Ohlen a exploré le genre poétique, celui des nouvelles et du théâtre. Paru aux éditions Au vent des îles en 2022, Le monde flottant est son second roman. Il nous emmène sur les pas de Nathalie Lemel, Bretonne et figure de la Commune de Paris, qui fut déportée ensuite en Nouvelle-Calédonie. Un voyage passionnant : “Écrire, c’est plonger, tout oublier de soi au profit de son sujet, et s’y injecter paradoxalement tout entier.”
 
Quel est donc ce “monde flottant” dont vous parlez ?
Le Monde flottant, c’est – en soi – le paradigme absolu, la métaphore d’une époque apparemment lointaine, celle de la Commune de Paris, et de la nôtre, celle du Covid-19 où, il n’y a pas si longtemps, on mourait ici et là de ne plus pouvoir respirer au large. Pour les uns, cela consiste à tenter de passer outre l’arbitraire absolu du Second Empire, avec Napoléon III, et pour nous autres, pauvres hommes d’aujourd’hui, à rester englués dans un temps odieux, une époque de plomb où nous sommes contraints par les pouvoirs publics à ne plus bouger, à ne plus nous déplacer, ni même penser en nous mêlant, comme il se doit, intimement à nos contemporains pour des raisons prétendument sanitaires. Bref, une période de destructions massives (cachées ou avouées) où tout est remis en cause, du plus grave jusqu’au plus léger, de l’éphémère jusqu’au plus profond.”
 
Quelles sont vos attentes vis-à-vis de ce Salon du livre 2022 ?
“J'attends justement de ce salon une vraie respiration. Difficile de vivre, par temps de Covid, en apnée – même quand on explore les grands fonds.”
 
Quels sont vos liens avec les lecteurs de Tahiti ?
“Vous savez, moi, je ne suis au mieux qu'un passant. Les liens profonds se situent plutôt, et de longue date, avec les auteures. Je pense notamment à Flora Devatine et à Chantal Spitz.”
 
Quelle est votre perception de la situation de la littérature à Tahiti ?
“J'en ai une impression contrastée. D'un côté, des éditeurs qui connaissent bien leur métier, des écrivains de talent. De l'autre, un public (féminin surtout) intéressé, certes, mais qui n'a pas forcément les moyens. Le déclic final ne serait-il pas dans la fondation d'un réseau de bibliothèques et d'animateurs dédié pour aller plus loin ?”
 


Rédigé par Salon du livre le Lundi 14 Novembre 2022 à 16:42 | Lu 396 fois