Thomas SAMSON / AFP
Rosny-sur-Seine, France | AFP | mardi 10/09/2024 - Comment participer au gouvernement Barnier sans connaître la politique qu'il entend mener ? Les parlementaires Renaissance ont tenté de répondre à cette question mardi, soulignant leur "droit d'exigence" et évoquant la possibilité de quitter en bloc le gouvernement si des lignes rouges étaient franchies.
M. Barnier, qui a de nouveau enchaîné les consultations pour composer son gouvernement mardi à Matignon, recevant notamment Marc Fesneau (MoDem), Stéphane Séjourné (Renaissance) et Hervé Marseille (UDI), est attendu en fin de journée à Rosny-sur-Seine (Yvelines), pour une première rencontre avec les députés EPR (Ensemble pour la République) et leurs collègues sénateurs, qui tiennent leur séminaire de rentrée.
Premier groupe sur lequel devra s'appuyer Michel Barnier pour gouverner, EPR fait face à une situation inédite depuis sept ans, avec un gouvernement dirigé par une personnalité "qui n'est pas issue de la famille" macroniste, résume un conseiller parlementaire. Situation de "cohabitation/coalition" qui les a amenés à s'interroger sur les modalités d'une participation au gouvernement comme d'une censure. Une discussion cruciale alors que se profile l'examen d'un budget périlleux, objet d'une déjeuner mercredi à Matignon entre M. Barnier et les ministres Bruno Le Maire et Thomas Cazenave.
"Notre premier devoir" est "de tout faire pour que ça marche", a déclaré dans son propos introductif le président du groupe et ancien Premier ministre Gabriel Attal. Mais "à côté des devoirs, nous avons aussi des droits. Nous avons un droit d'exigence. Pas une majorité ne peut s'écrire sans nous. Pas un vote ne peut se gagner sans nous", a-t-il rappelé.
Au cours de la réunion, le ministre démissionnaire de l'Intérieur Gérald Darmanin a suggéré que les éventuels ministres du camp présidentiel puissent quitter en bloc le gouvernement si des "lignes rouges" étaient franchies.
Une idée qu'il avait évoquée auparavant avec Gabriel Attal et sur laquelle "on est tous d'accord", a assuré le ministre démissionnaire Roland Lescure auprès de la presse. Faute de pouvoir mettre par écrit les termes d'une coalition, il faut "au moins se mettre d'accord sur un processus" pour pouvoir manifester un désaccord, a expliqué M. Lescure.
"On ne sait pas exactement quelle sera la politique de Michel Barnier. Il faut jouer le jeu, mais il faut se dire qu’on doit garder notre libre arbitre", a de son côté souligné M. Darmanin auprès de la presse. L'ancienne Première ministre Élisabeth Borne a elle évoqué une "participation sans soutien", selon la ministre démissionnaire Olivia Grégoire.
- L'Aide médicale d’Etat, "sujet irritant" -
Manière sans doute de rassurer les plus réticents des députés macronistes à soutenir un gouvernement dirigé par LR, placé "sous surveillance" du Rassemblement national.
Alors que Renaissance est tiraillé entre ses différentes tendances depuis la nomination de Michel Barnier, Gabriel Attal a insisté, selon son entourage, sur "l'unité" du groupe, sur la question européenne, sur la place de l'économie dans la société, le refus d'augmenter les impôts ou encore la laïcité.
Mais des désaccords pointent. Alors que le député Charles Rodwell a évoqué dans le journal Le Figaro une "insécurité culturelle" des Français notamment liée à l'immigration, son collègue Ludovic Mendes y voit "une théorie d'extrême droite".
Ce dernier n'a pas caché son malaise devant la presse mardi. "Je ne sais pas si je suis dans la majorité ou l'opposition", s'est-il interrogé, jugeant que Michel Barnier donnait pour l'instant "plus de gages à droite et à l'extrême droite" et recensant "une vingtaine" de collègues députés à partager son questionnement.
D'autant que LR pourrait être tenté de remettre dans l'atmosphère ses revendications sur l'immigration, qui avaient déjà fait vaciller l'unité du camp macroniste l'an dernier, lors de l'examen du projet de loi immigration.
- "Compromission" -
Autre motif de frictions au sein de l'ex-majorité, la composition du gouvernement. "Moi tu me mets (Bruno) Retailleau ou (Laurent) Wauquiez au gouvernement, je ne le soutiens pas. Ils ont défendu des valeurs qui ne sont pas les miennes. Ce n'est pas du dépassement, c'est de la compromission avec eux", met en garde un cadre de Renaissance.
M. Attal aimerait voir M. Barnier recourir à "des personnes issues de la droite républicaine, du bloc central, et de la gauche républicaine" pour former son gouvernement.
Et selon M. Fesneau, la volonté de M. Barnier est bien d'"élargir" sa coalition gouvernementale vers la gauche. Mais les candidats ne se bousculent pas pour l'instant.
Le Premier ministre doit rencontrer mercredi à Reims les 33 députés du groupe Horizons, le parti d'Edouard Philippe, et les 36 du MoDem, le parti de François Bayrou, à Cély-en-Bière (Seine-et-Marne). Il pourrait ensuite se rendre aux journées parlementaires de sa famille politique en fin de semaine à Aix-les-Bains.
M. Barnier, qui a de nouveau enchaîné les consultations pour composer son gouvernement mardi à Matignon, recevant notamment Marc Fesneau (MoDem), Stéphane Séjourné (Renaissance) et Hervé Marseille (UDI), est attendu en fin de journée à Rosny-sur-Seine (Yvelines), pour une première rencontre avec les députés EPR (Ensemble pour la République) et leurs collègues sénateurs, qui tiennent leur séminaire de rentrée.
Premier groupe sur lequel devra s'appuyer Michel Barnier pour gouverner, EPR fait face à une situation inédite depuis sept ans, avec un gouvernement dirigé par une personnalité "qui n'est pas issue de la famille" macroniste, résume un conseiller parlementaire. Situation de "cohabitation/coalition" qui les a amenés à s'interroger sur les modalités d'une participation au gouvernement comme d'une censure. Une discussion cruciale alors que se profile l'examen d'un budget périlleux, objet d'une déjeuner mercredi à Matignon entre M. Barnier et les ministres Bruno Le Maire et Thomas Cazenave.
"Notre premier devoir" est "de tout faire pour que ça marche", a déclaré dans son propos introductif le président du groupe et ancien Premier ministre Gabriel Attal. Mais "à côté des devoirs, nous avons aussi des droits. Nous avons un droit d'exigence. Pas une majorité ne peut s'écrire sans nous. Pas un vote ne peut se gagner sans nous", a-t-il rappelé.
Au cours de la réunion, le ministre démissionnaire de l'Intérieur Gérald Darmanin a suggéré que les éventuels ministres du camp présidentiel puissent quitter en bloc le gouvernement si des "lignes rouges" étaient franchies.
Une idée qu'il avait évoquée auparavant avec Gabriel Attal et sur laquelle "on est tous d'accord", a assuré le ministre démissionnaire Roland Lescure auprès de la presse. Faute de pouvoir mettre par écrit les termes d'une coalition, il faut "au moins se mettre d'accord sur un processus" pour pouvoir manifester un désaccord, a expliqué M. Lescure.
"On ne sait pas exactement quelle sera la politique de Michel Barnier. Il faut jouer le jeu, mais il faut se dire qu’on doit garder notre libre arbitre", a de son côté souligné M. Darmanin auprès de la presse. L'ancienne Première ministre Élisabeth Borne a elle évoqué une "participation sans soutien", selon la ministre démissionnaire Olivia Grégoire.
- L'Aide médicale d’Etat, "sujet irritant" -
Manière sans doute de rassurer les plus réticents des députés macronistes à soutenir un gouvernement dirigé par LR, placé "sous surveillance" du Rassemblement national.
Alors que Renaissance est tiraillé entre ses différentes tendances depuis la nomination de Michel Barnier, Gabriel Attal a insisté, selon son entourage, sur "l'unité" du groupe, sur la question européenne, sur la place de l'économie dans la société, le refus d'augmenter les impôts ou encore la laïcité.
Mais des désaccords pointent. Alors que le député Charles Rodwell a évoqué dans le journal Le Figaro une "insécurité culturelle" des Français notamment liée à l'immigration, son collègue Ludovic Mendes y voit "une théorie d'extrême droite".
Ce dernier n'a pas caché son malaise devant la presse mardi. "Je ne sais pas si je suis dans la majorité ou l'opposition", s'est-il interrogé, jugeant que Michel Barnier donnait pour l'instant "plus de gages à droite et à l'extrême droite" et recensant "une vingtaine" de collègues députés à partager son questionnement.
D'autant que LR pourrait être tenté de remettre dans l'atmosphère ses revendications sur l'immigration, qui avaient déjà fait vaciller l'unité du camp macroniste l'an dernier, lors de l'examen du projet de loi immigration.
- "Compromission" -
Autre motif de frictions au sein de l'ex-majorité, la composition du gouvernement. "Moi tu me mets (Bruno) Retailleau ou (Laurent) Wauquiez au gouvernement, je ne le soutiens pas. Ils ont défendu des valeurs qui ne sont pas les miennes. Ce n'est pas du dépassement, c'est de la compromission avec eux", met en garde un cadre de Renaissance.
M. Attal aimerait voir M. Barnier recourir à "des personnes issues de la droite républicaine, du bloc central, et de la gauche républicaine" pour former son gouvernement.
Et selon M. Fesneau, la volonté de M. Barnier est bien d'"élargir" sa coalition gouvernementale vers la gauche. Mais les candidats ne se bousculent pas pour l'instant.
Le Premier ministre doit rencontrer mercredi à Reims les 33 députés du groupe Horizons, le parti d'Edouard Philippe, et les 36 du MoDem, le parti de François Bayrou, à Cély-en-Bière (Seine-et-Marne). Il pourrait ensuite se rendre aux journées parlementaires de sa famille politique en fin de semaine à Aix-les-Bains.