Remède de cheval pour la presse écrite australienne, secouée par l'internet


SYDNEY, 20 juin 2012 (AFP) - Touchée de plein fouet par la baisse de son lectorat papier et le départ de ses annonceurs, la presse australienne tente elle aussi de relever le défi de l'internet: les deux grands groupes du pays, dont celui de Murdoch, veulent intégrer papier et numérique, et suppriment des emplois.

News Limited, la branche australienne du groupe de Rupert Murdoch, a annoncé mercredi un plan de restructuration visant notamment à mieux intégrer ses activités numériques.

Le groupe, qui contrôle 70% de la presse écrite australienne, va rassembler ses activités de la côte est sur cinq sites, contre 19 actuellement, avec pour stratégie "une branche par ville".

"C'est la seule manière de faire avancer le groupe et de répondre judicieusement et convenablement au changement rapide dans le paysage des médias, en terme d'opération et d'usage", a déclaré le directeur général du groupe, Kim Williams.

Le dirigeant a jugé bon de réitérer l'engagement dans la presse écrite de News Ltd, qui publie un des grands quotidiens du pays, The Australian. "Nous croyons dans la presse papier et nous y restons engagés", a-t-il déclaré.

Le plan de restructuration se traduira par des suppressions d'emplois, dont le nombre n'a pas été précisé. La presse évoque le chiffre d'un millier, dont 4 à 500 sur les 3.000 journalistes du groupe.

Lundi, l'autre grand acteur des médias en Australie, le groupe Fairfax, avait provoqué une onde de choc en annonçant la supression de 1.900 emplois.

Les versions papier des Sydney Morning Herald et The Age (Melbourne) vont abandonner le grand format pour une taille plus réduite, à partir de mars 2013. Deux imprimeries seront fermées.

Début 2013, la consultation des sites internet des deux publications sera payante, sous la forme d'un abonnement (The Australian, publié par Rupert Murdoch, a mis fin à la gratuité de son site à l'automne 2011).

Le directeur général du groupe, Greg Hywood, a qualifié ces décisions d'"historiques" pour le Sydney Morning Herald et The Age, fondés respectivement en 1831 et 1854.

"Personne ne doit douter du fait que nous travaillons dans une période très difficile", déclarait-il lundi. "Les comportements des lecteurs ont changé et ne redeviendront pas comme avant. En conséquence, nous agissons de manière décisive pour changer fondamentalement notre façon de faire".


Là encore, il s'agit de renforcer ses activités dans le numérique, alors que les recettes publicitaires papier n'en finissent pas de plonger et les lecteurs au numéro de déserter.

Fairfax a vu son bénéfice net de juillet à décembre 2011 plonger de 44% et le cours de l'action dégringoler de 85% ces cinq dernières années. La direction subit les coups de butoir de la femme la plus riche d'Australie (et du monde), Gina Rinehart, héritière d'un empire minier, qui accroit peu à peu sa participation dans le capital.

Pour Michael Smith, ancien rédacteur en chef de The Age (groupe Fairfax), "cela signifie que l'âge d'or des journaux est terminé. Reste à savoir si l'âge d'or du journalisme peut se poursuivre".

Et "personne ne sait encore si rendre payante la consulation des sites, qui fonctionne pour les publications spécialisées, fonctionnera aussi pour les journaux généralistes", note David McKnight, professeur à l'université de Nouvelle-Galles du Sud.

News Ltd, du groupe Murdoch, a également annoncé mercredi une offre de rachat sur une société de télévision à péage, Consolidated Media Holdings (CMH), détenue par le milliardaire australien James Packer, pour quelque 1,97 milliard de dollars australiens (1,58 milliard d'euros).

Cette offre est soumise à plusieurs conditions --dont le feu vert des autorités de la concurrence-- mais a été accueillie positivement par James Packer.

Il s'agit de la plus grosse opération du groupe Murdoch dans la télévision payante depuis l'échec de sa tentative de rachat du bouquet satellitaire BSkyB provoqué par le scandale du News of the World, un ex-tabloïde de Murdoch accusé d'avoir fait écouter quelque 800 personnes pour obtenir des scoops.

News Ltd possède une participation dans la chaîne australienne Sky News, disponible sur le câble et le satellite.

Par Martin PARRY

Rédigé par AFP le Mercredi 20 Juin 2012 à 06:26 | Lu 325 fois