Remaniement: beaucoup d'attente, beaucoup de questions


JULIEN DE ROSA / AFP
Paris, France | AFP | vendredi 05/01/2024 - "Ca va aller vite", assure un ministre, poids lourd du gouvernement, qui s'attend à un remaniement avec "beaucoup de sortants". 

En attendant, les rumeurs mettent les nerfs à rude épreuve : Elisabeth Borne sera-t-elle ou non confortée à Matignon ? Qui pourrait entrer au gouvernement et en sortir après la fronde de l'aile gauche sur l'immigration ? Et à quel horizon ?

Souriants, beaucoup d'entre eux étaient présents aux Invalides vendredi matin pour rendre hommage à l'"architecte de l'Europe unie" Jacques Delors.

Elisabeth Borne continue comme si de rien n'était. Elle était auprès de jeunes de quartiers prioritaires, à Créteil, jeudi soir, et prévoit deux déplacements la semaine prochaine.

- Quels prétendants pour Matignon ?
Le nom du discret ministre de la Défense Sébastien Lecornu, un proche d'Emmanuel Macron venu de la droite, circule beaucoup. Moyennant peut-être un "ticket" avec son ami d'enfance Gérald Darmanin, qui souhaiterait le Quai d'Orsay.

Sont aussi cités deux macronistes de la première heure: Richard Ferrand, 61 ans, ancien président de l'Assemblée nationale, et Julien Denormandie, 43 ans, un fidèle du chef de l'Etat, déjà trois fois ministre.

L'objectif est de trouver un Premier ministre "capable de réunir la majorité", fracturée par la loi sur l'immigration, et "capable de trouver des alliances" dans le contexte de la majorité relative à l'Assemblée, résume un cacique.

A moins que Bruno Le Maire, ministre de l'Economie depuis six ans, qui plaide comme Emmanuel Macron pour davantage de réformes, soit nommé rue de Varenne. Mais "quels seront alors ses rapports avec le président", qui s'en méfie ? se demande le même élu.

- Quels entrants ou sortants possibles ?
Au premier rang des ministres donnés sortants figure Agnès Firmin Le Bodo. Elle remplace à la Santé, par intérim, Aurélien Rousseau, qui a démissionné en raison de ses désaccords sur la loi immigration. Mais elle est visée par une enquête pour avoir reçu des cadeaux du laboratoire Urgo. 

Ce portefeuille, prioritaire pour l'exécutif, a été évoqué lors du déjeuner hebdomadaire entre Elisabeth Borne et Emmanuel Macron mercredi.

Reste à savoir à quelle sauce seront mangés les autres ministres qui avaient exprimé leur malaise après le vote du texte, sans quitter le gouvernement, comme Clément Beaune (Transports), Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur) ou Patrice Vergriete (Logement) .

Clément Beaune, qui a assuré dans Le Parisien avoir "encore des combats à mener" et être prêt à "servir", est "hors jeu", avance une source ministérielle.

Le sort de Rima Abdul Malak (Culture), que le président avait contredit publiquement sur Gérard Depardieu, est-il lui aussi scellé ?

L'avenir de Catherine Colonna (Affaires étrangères), que Sébastien Lecornu avait semblé presque remplacer sur le plan diplomatique au Proche-Orient est aussi incertain. 

Quant à Olivier Dussopt (Travail), qui attend le 17 janvier le jugement dans son procès pour favoritisme, il pourrait être remplacé par Richard Ferrand au Travail.

Pour les entrants, le nom de Stéphane Séjourné, eurodéputé et président du parti Renaissance, revient pour le Quai d'Orsay.

Celui de la députée Maud Bregeon, une proche de Gérald Darmanin, est aussi avancé. Elle avait été écartée à la dernière minute du poste de porte-parole du précédent gouvernement.

- Quels contours ?
L’idée circule d’"un mouvement très fort", selon un conseiller. 

Et, à chaque remaniement, revient l'idée d'un gouvernement resserré, avec par exemple un grand ministère de l'Education nationale qui comprendrait l'Enseignement supérieur. L'hypothèse inquiète les secrétaires d'Etat, qui craignent d'être absorbés par de grands ministères.

- Quel calendrier ? 
Le président peut-il faire durer les choses ? "On va encore passer un Conseil des ministres (de rentrée, le 10 janvier, ndlr) avec Elisabeth", avance un parlementaire de la majorité.

A moins qu'il ne nomme un nouveau chef de gouvernement dès vendredi, après la galette des rois de l'Elysée, comme l'avancent plusieurs sources ministérielles.

Les cabinets sont dans l'expectative, tout comme les alliés du camp présidentiel. Le patron du MoDem François Bayrou reçoit plusieurs ministres. Celui d'Horizons Edouard Philippe, qui n'a pas été consulté, s'est dit prêt au scénario où rien ne bouge.

le Vendredi 5 Janvier 2024 à 05:11 | Lu 659 fois