Refus des géants des mers, la théorie et la pratique


Tahiti, le 7 novembre 2022 – Un an après l'annonce par le gouvernement du “refus” d'accueillir les navires de croisière de plus de 3 500 passagers au 1er janvier 2022, la présence récente de “géants des mers” en escale au fenua a suscité certaines interrogations. Le président a répondu à une question de l'élu Tavini James Heaux sur le sujet pour assurer garder le “cap” de ces annonces, non sans consentir à certaines dérogations.
 
Interpellé le 7 octobre dernier par une question écrite du représentant Tavini, James Heaux, sur la stratégie du Pays à l'égard des navires de plus de 3 500 passagers, le président du Pays en charge du Tourisme, Édouard Fritch, a précisé la semaine dernière le “cap” de son gouvernement en la matière. L'élu de l'opposition et journaliste s'étonnait en effet de voir le port de Papeete et les îles polynésiennes accueillir des “géants des mers” de capacités supérieures à 3 500 passagers, un an seulement après l'annonce de leur “refus” comme étant “inadaptés à la destination” à compter du 1er janvier 2022. À l'époque, la communication du gouvernement auprès des professionnels du tourisme avait été largement relayée dans la presse spécialisée nationale et internationale. Un an plus tard, le Majestic Princess (4 250 passagers), l'Ovation of the Seas et le Quantum of the Seas (4 180 passagers chacun) ont pourtant bien accosté à Papeete. Tous trois faisant partie, de surcroît, des dix plus gros paquebots au monde.
 
En “transition”
 
Pourtant, dans sa réponse, Édouard Fritch commence par confirmer la “proposition” de son gouvernement de “refuser les escales des navires de très grandes capacités (+ de 3 500 pax)” dans le cadre de la stratégie touristique du Pays. Il explique que le programme d'escales défini pour 2022 prévoyait 90% de navires de moins de 600 passagers, 8% de navires allant jusqu'à 2 500 passagers, 1% de navires allant de 2 500 à 3 500 passagers et 0,4% de navires de plus de 3 500 passagers. Mais pour ces derniers navires, la position est pour le moins alambiquée. S'il affirme que "la question de leur refus s'est posée", Édouard Fritch indique que leurs escales "a minima technique" sont nécessaires pour la continuité de leurs voyages transPacifiques. À la fois, le président concède qu'il a “consulté le Tahiti Cruise Club et les principaux élus et professionnels des îles de Tahiti, Moorea et Raiatea” qui ont “tous émis des avis favorables quant à la poursuite de leurs escales”. Mais à la fois, Édouard Fritch précise que ces navires “n'étaient pas remplis au maximum de leurs capacités, et que même les plus imposants n'ont finalement pas dépassé les 3 500 passagers embarqués”.
 
Faut-il en déduire que ce ne sont pas les navires mais les passagers qui posaient problème ? Non plus visiblement. Le président du Pays précise que ce refus des géants des mers est aujourd'hui davantage un “cap” fixé par le Pays, qu'une véritable interdiction. “L'ensemble des compagnies sont désormais informées”, poursuit Édouard Fritch, expliquant que “de manière progressive mais résolue dans le temps, les itinéraires de ces navires vont donc tous devoir intégrer ces différents impératifs”. Deux autres arguments sont avancés par le président en charge du Tourisme, ces navires “ont utilisé du diesel marin” moins polluant que le “fuel lourd”, et les îles qui ont accueilli ces navires ont profité de “fortes retombées économiques” dans une “ambiance chaleureuse”. Un an après, les géants des mers ne semblent donc plus aussi “inadaptés à la destination”.
 

 


Rédigé par Antoine Samoyeau le Mardi 8 Novembre 2022 à 20:09 | Lu 2504 fois