Réforme fiscale : les centrales syndicales interrogent le gouvernement


PAPEETE, mercredi 10 juillet 2013. Les cinq centrales syndicales de Polynésie française étaient conviées ce mercredi après-midi à la présidence du Pays pour une rencontre avec l’ensemble du gouvernement de Gaston Flosse. Au menu des discussions : la réforme fiscale et le projet de collectif budgétaire, les deux gros dossiers qui doivent être adoptés samedi par les élus territoriaux de l’assemblée de Polynésie française, juste avant que le président et le vice-président ne s’envolent pour Paris pour négocier le pacte de relance avec l’Etat.

Les syndicats n’avaient pas été consultés en amont sur les dispositifs de cette réforme fiscale qui repose pour une grosse partie sur une augmentation de la CST (contribution de solidarité territoriale) pesant sur les salariés (plus de 2 milliards de Fcfp de recettes supplémentaires attendues). Aussi les questions que les responsables syndicaux avaient à poser au gouvernement étaient nombreuses. La réunion prévue à l’origine pour durer une heure ce mercredi après-midi a finalement mobilisé le double de temps. Le vice-président Nuihau Laurey a rappelé que le gouvernement n’avait pas pris ces mesures d’augmentation des taxes de «gaieté de cœur» mais qu’il s’agissait de d’une «réforme solidaire». Evoquant la CST il a indiqué que quelqu’un qui gagne 250 000 Fcfp par mois verra sa CST augmenter de 500 Fcfp, et quelqu’un qui gagne 400 000 Fcfp par mois verra la sienne augmenter de 3250 Fcfp. «C’est une hausse importante» a reconnu Nuihau Laurey, «mais acceptable» a t-il estimé. Quant à la TVA sur les services, elle représente une augmentation de 200 Fcfp sur une prestation facturée 5000 Fcfp, la jugeant, là aussi, «supportable».

Le secrétaire général de O oe to oe rima, Ronald Terorotua interrogé à l’issue de cette rencontre s’est inquiété d’une possible baisse du pouvoir d’achat des ménages, «lorsque la CST augmente il y a nécessairement une perte du pouvoir d’achat » déclarait-il tout en rappelant que les salaires dans la fonction publique avaient été gelés depuis quelques années. Il reconnaissait toutefois que son syndicat n’avait pas encore fait une analyse complète de l’impact des hausses prévues de la CST sur les diverses tranches salariales. Ce qu’il prévoit toutefois de faire d’ici la fin de la semaine.

De son côté, Cyril Le Gayic de la CSIP a fait part au gouvernement de ses critiques. «Moi j’ai l’impression que le gouvernement est allé d’abord chercher des niches de nouvelles recettes fiscales au lieu de trouver à réduire les dépenses. Dans le collectif budgétaire présenté on voit davantage l’augmentation de la levée des impôts plutôt que des mesures de relance économique et des dispositifs de création d’emplois». A propos des nouveaux modes de calcul de la CST, il estime que l’augmentation de la taxe aurait pu être plus lourde que les deux points prévus notamment pour les salaires compris entre 700 000 et 1 million Fcfp/mois afin de peser nettement moins sur les salaires compris entre 150 000 et 350 000 Fcfp. Pour ces salaires compris entre le Smig et le salaire moyen, la taxe passe de 3 à 3,5%.

Et il précise sa pensée concernant les salariés qui vont se voir appliquer cette revalorisation d’un demi point de la CST. «Depuis 2008, l’augmentation du Smig a permis d’atteindre quasiment le seuil des 150 000 Fcfp bruts mensuels. Aussi aujourd’hui ces salariés qui touchent à peine ce seuil-là vont être impactés par la hausse de la CST. Il y a environ 13 000 salariés, quasiment des smicards qui seront directement impactés».


Pour lire le communiqué de presse de la présidence sur cette rencontre avec les syndicats, cliquer ici



Les nouveaux barèmes de la CST sur les salaires prévus dans la réforme fiscale.

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 10 Juillet 2013 à 20:25 | Lu 1842 fois