Réforme des retraites : le texte est retiré


PAPEETE, le 9 mars 2018. Edouard Fritch a finalement accepté la demande de l'intersyndicale de retirer le texte prévoyant la réforme des retraites. Ce sont les représentants qui entérineront cette décision officiellement en séance. Les syndicats sont "satisfaits" de cette décision. Pour le président du Pays, la réforme de la retraite demeure "aujourd’hui indispensable".

Après une journée intense à l'assemblée jeudi et des rencontres qui ont duré tard dans la nuit, l'intersyndicale a rencontré vendredi matin Edouard Fritch, son gouvernement et les élus de la majorité. Après une heure et demie de discussions, le président du Pays a décidé de retirer de l’ordre du jour de la session extraordinaire le texte portant réforme des retraites. "En transmettant ce texte à l’Assemblée de la Polynésie, le président a voulu aller jusqu’au bout du débat démocratique. Il note qu’en commission, lors de l’étude du texte, l’opposition n’a pas contribué à ce débat, ni manifesté de contre-propositions", a précisé la présidence dans un communiqué. "Visiblement, l’intersyndicale refuse de faire face aux réalités et refuse la réforme de la retraite alors qu’elle est aujourd’hui indispensable."

Cette annonce a satisfait les syndicats qui ont aussitôt levé le mouvement de grève. Les représentants des syndicats sont allés dans la foulée à Tarahoi pour rencontrer Marcel Tuihani, président de l'assemblée, pour "s'excuser par rapport à ce qu'il s'est passé et prendre nos responsabilités" a commenté Atonia Teriinohorai, secrétaire général du syndicat O oe to oe Rima.

Le courrier d'Edouard Fritch entre les mains, Marcel Tuihani accueille les syndicats. "On pourra reprendre les travaux à l'assemblée dans la sérénité. Je poserai la question aux représentants de l'assemblée quant au retrait de l'ordre du jour de la séance du texte. Il appartiendra aux représentants de la majorité en particulier de confirmer la demande du président de la Polynésie ", a-t-il indiqué. "Cela voudra dire que le texte demeure à l'assemblée mais ne sera pas examiné lors de cette séance actuelle".

Un huissier pour "constater les dégats"
Marcel Tuihani a également fait venir un huissier vendredi matin pour faire "constater les dégâts : la balustrade arrachée, la porte cassée. Les devis seront réalisés la semaine prochaine. L'intersyndicale sera saisie de tout ce qu'il s'est passé. Ils devront réparer ce qui a été fait."

Dans le courrier adressé à Marcel Tuihani, il est écrit : " "je vous informe que 'j'ai décidé de surseoir à l'examen du projet de loi du Pays portant diverses dispositions relatives à l'assurance vieillesse et autre mesures d'ordre social, dans le cadre de la session extraordinaire en cours ". Cela signifie que si les représentants à l'assemblée confirment en ce début de semaine ne pas vouloir étudier le texte, ce qui devrait être le cas puisque les élus de la majorité ont participé à la rencontre vendredi matin, le texte ne sera pas examiné mais il n'aura pas pour autant quitté les tiroirs de l'assemblée.

"Dans ces conditions, et pour que la population et l’économie n’aient pas à subir les conséquences de blocages, le président a donc fait le choix de retirer ce texte de l’ordre du jour. Il appartient aux élus de voir s’il faut reprendre les discussions sur la base du texte qui leur avait été transmis par le gouvernement", a souligné la présidence dans son communiqué. "Le président souhaite prendre date du refus de l’intersyndicale dont on aura sans doute à mesurer ultérieurement les conséquences. Le gouvernement aura été jusqu’au bout de sa mission."
La réforme paramétrique portée par le gouvernement avait pour but de mettre un coup de frein dès 2019 à l' hémorragie du système de retraites par répartition qui s’illustre par un déficit cumulé de 36,5 milliards Fcfp entre 2009 et 2018 et qui enregistrera selon les prévision actuarielles 27,6 milliards Fcfp de déficits supplémentaires d’ici 2023, pour la seule caisse de retraites de la tranche A.

A noter que le préavis de grève générale déposé par l'intersyndicale comportait au total huit points de revendications. Parmi elles figuraient la volonté de "revoir la tarification des médicaments, la revalorisation du pouvoir d'achat, la lutte contre la vie chère, la modification de la liste des PPN, la réforme fiscale, la mise en place de mesures concrètes de protection de l'emploi local et de l'océanisation des cadres"…






le Vendredi 9 Mars 2018 à 08:59 | Lu 10217 fois