Réforme de la PSG : il faut agir maintenant !


Depuis plus de 10 ans, partenaires sociaux et responsables politiques tirent la sonnette d’alarme sur le financement de la PSG et appellent à une réforme en profondeur.

En 2011, les partenaires sociaux ont unanimement présenté au gouvernement de l’époque, un projet innovant de réforme de l’assurance maladie. Il repose sur la mise en place d’un régime unique financé par un impôt de type CSG, qui viendrait remplacer les cotisations sur les salaires et la CST. En élargissant l’assiette des prélèvements, cette mesure permettrait de récupérer de la marge de manœuvre pour la nécessaire réforme du régime de retraite qui, avec ses 4 milliards de déficit annuel, aura brulé les réserves financières d’ici deux ans.

D’autres mesures étaient préconisées par les partenaires sociaux telles que la mise en place d’un médecin référent, un meilleur contrôle de la pertinence des dépenses et l’expérimentation d’un mode de paiement à la capitation en lieu et place du paiement à l’acte, comme cela existe en Grande-Bretagne ou en Norvège.

On sait aussi qu’il existe de nombreuses fraudes qui se traduisent par des contributions plus importantes imposées aux cotisants qui ne trichent pas ou des prélèvements supplémentaires pesant sur les salariés ou les employeurs, ce qui porte finalement atteinte au pouvoir d’achat des Polynésiens. Une injustice sociale inacceptable contre laquelle il convient d’agir.

Ces propositions s’inscrivent pleinement dans la politique portée par le président de la République et sont porteuses de nouveaux espoirs pour une pérennisation de la PSG. La Polynésie française, de par sa taille qui lui permet d’agir plus rapidement, pourrait être un pilote dans les politiques de protection sociale au niveau national.

Dans un discours à l’Assemblée de la Polynésie française, le président Fritch avait fait de la réforme de la PSG une de ses priorités, annonçant un train de textes avant la fin de l’année 2017. Or, qu’avons-nous constaté? Juste un projet de texte sur le médecin traitant qui a été unanimement rejeté au CESC. Pour expliquer un tel immobilisme, le besoin de pédagogie avancé par le ministre de la santé nous paraît un argument un peu léger alors qu’il a urgence.

Bien sûr il y a des divergences de vues sur certains aspects de cette réforme, mais il y a au moins un point sur lequel tous les partenaires sociaux sont d’accord, c’est qu’il faut agir vite car d’ici deux ans notre caisse de protection sociale risque ne plus être en mesure de payer les retraites.

Repousser le débat à 2018 ainsi que l’a proposé cette semaine le ministre de la Santé constituerait une erreur stratégique grave. L’année prochaine doivent avoir lieu les élections territoriales, et ce débat sur la protection sociale risque d’être pollué par des enjeux politiciens, de sorte qu’il sera difficile de faire participer les partenaires sociaux ou les représentants de l’Etat tenus à un devoir de réserve.

A moins qu’en repoussant ce débat en année électorale, la majorité ne cherche à en faire un thème de campagne. Cela serait maladroit, parce que cette nécessaire réforme de la CPS demande des mesures courageuses, voire impopulaires, qu’il est difficile de faire accepter en période électorale. Attendre 2018 pour lancer le débat c’est se condamner à une réformette démagogique, ou à attendre 2019… lorsqu’il sera trop tard.
Autrement dit, si on ne met pas en place une vraie réforme en 2017, elle attendra 2019… et les caisses seront vides!

Heimana GARBET
Président de La République en Marche Polynésie

Rédigé par Communiqué le Vendredi 25 Aout 2017 à 08:57 | Lu 1641 fois