Réforme de la PSG : A Ti’a i mua lance un appel urgent aux "camarades syndicaux"


Jean-Pierre Tefaafana, Heifara Parker et Dimitri Pitoeff, mercredi au siège de la confédération syndicale A Ti'a i mua
PAPEETE, 6 mai 2015 - La confédération syndicale A Ti’a i Mua alarme sur l’urgence de la réforme du système polynésien de la Protection sociale généralisée et dénonce la politique de la chaise vide des principales centrales syndicales aux réunions de réflexion depuis février.

La réflexion préalable à la réforme de système polynésien de la Protection sociale généralisée (PSG) serait-elle plombée par les intérêts particuliers de certains leaders syndicaux ? Le cahier des charges annoncé par le gouvernement en début d’année prévoit de terminer les travaux préparatoires pour la fin du premier semestre 2015, avant de procéder aux arbitrages politiques dès juillet. Le patronat, les syndicats d’employés sont conviés à des réunions tripartites depuis février. Mais les centrales CSIP, CSTP-FO et O Oe To Oe Rima boycottent ces discussions, accuse A Ti’a i mua.

La confédération syndicale dont est originaire Yves Laugrost a provoqué l’organisation d’une conférence de presse mercredi matin pour dénoncer cette politique de la chaise vide, rappeler l’urgence de ce dossier et la nécessité, au regard de son importance, d'une mise en veille des questions partisanes. "Beaucoup de questions se posent lorsque l’on observe tous les mouvements de grève qui se déclenchent depuis deux mois", déclare prudemment Heifara Parker, le secrétaire général de la confédération syndical A Ti’a i mua. On nous accuse d’être un syndicat favorable au patronat et à côté on soupçonne Galenon-ma et cyril Legayic-ma d’être instrumentalisés. Chacun mène sa propre géguerre. (…) Mais je le répète, depuis 2000 nous n’avons pas changé notre ligne de conduite par rapport à la PSG. Lorsqu’on sait qu’en 2016 –demain– la caisse de retraite connaîtra de graves difficultés de trésorerie et qu’en 2021 il n’y aura plus rien en caisse, il faut faire quelque chose !

"Nos confrères ne veulent pas s’associer à cette réflexion, alors qu’ils sont tous membres du conseil d’administration de la CPS et qu’ils connaissent parfaitement la situation", ajoute-t-il.

"On est déjà dans le mur"

Tout le monde s’entend depuis les accords de 2011 sur la nécessité d’une réforme de la PSG. La caisse de retraite est déficitaire depuis 2009. En 2014, pour la seule tranche A, la CPS a honoré 29,7 milliards Fcfp de pensions en faveur de 29400 retraités tandis qu'elle collectait 25 milliards Fcfp de cotisations. Depuis 2009, la tranche A accumule un déficit qui se monte aujourd’hui à près de 24 milliards Fcfp. Le déficit prévisionnel de 2015 est évalué à 5 milliards Fcfp. Plus assez de cotisants, toujours plus de pensionnés, une espérance de vie qui croît chaque année et un système par répartition que l’on tarde à réformer donnent les ingrédients d’une catastrophe prévisible.

S’ajoute à ce sombre tableau un système de solidarité mal maîtrisé et une caisse d’assurance maladie en déficit chronique.

Les données du problème de la PSG sont connues. Le syndicat d’appartenance d’Yves Laugrost, le président du CA de la CPS, en appelle aujourd’hui au sens du collectif. "Les salariés comprennent très bien que les enjeux sont importants", explique Dimitri Pitoeff, administrateur de la CPS et membre du comité directeur d’A Ti’a i mua. "Ils savent qu’il faut s’y attaquer avant de demander un 13e mois, ou telle ou telle prime ; qu’il faut que l’intérêt de tous passe avant l’intérêt particulier et qu’il faut arrêter de développer des petits conflits par-ci par-là", ajoute-t-il en adressant un message à peine voilé aux leaders syndicaux qui boycottent aujourd’hui la réflexion sur la réforme de la PSG. Ces mêmes leaders que l’on retrouve sur le front des mouvements sociaux qui agitent la Polynésie depuis début mars : conflit à la CPS, grève à l’huilerie, grève des radiologues de l’hôpital, menace de grève dans la société Gaz de Tahiti.

"Nous voulons que s’installe les conditions d’un esprit de construction par rapport à la réforme de la PSG", souhaite Heifara Parker. "Jusqu’à présent aucun gouvernement n’a rien fait pour s’attaquer à ce problème. Le gouvernement Fritch s’y attaque. Nous ne pouvons que regretter que nos camarades syndicaux ne participent pas à ces réunions tripartites. Ce seront les premiers à critiquer les mesures mises en place. Mais il ne faut pas oublier que l’on est déjà dans le mur avec la PSG, bientôt on atteindra le coffrage. Il faut qu’on soit unis pour mettre en place des réformes difficiles mais nécessaires".

Dimitri Pitoeff questionne, en assumant l'existence de solutions dont la mise en œuvre demandera à Tahiti un sérieux courage politique : "Comment se fait-il que nos voisins calédoniens aient un système de couverture sociale équilibré, aujourd'hui ?"

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 6 Mai 2015 à 14:09 | Lu 978 fois