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Recyclage: la Cour des Comptes réclame des consignes claires et une modernisation du tri


Paris, France | AFP | mercredi 10/02/2016 -Le recyclage des déchets en France a progressé mais pour atteindre les objectifs "ambitieux" du gouvernement, il va falloir clarifier les consignes, moderniser les centres de tri et rendre plus transparents les coûts supportés par les collectivités, estime la Cour des Comptes.

Au total, la gestion des déchets en France "a mobilisé en 2013 plus de 10 milliards d'euros", ce qui en fait un "enjeu majeur des politiques publiques", note mercredi la Cour dans son rapport annuel.

Les "sages" ont passé en revue 14 des 24 éco-organismes existants, acteurs centraux du recyclage créés au cours des vingt dernières années comme Eco-systèmes, ERP France, Récylum, Eco-emballages, Cyclamed, Ecofolio, Eco TLC... En 2013, ces 14 structures ont eu à gérer 1,2 milliard d'euros, correspondant aux contributions versées par les industriels pour organiser la collecte et le recyclage de leurs produits.

Au total, 18 filières sont concernées: emballages ménagers, papier, piles, textiles, appareils électriques et électroniques, ampoules, médicaments, etc.

Leur situation financière est "saine", juge la Cour, malgré des charges de personnels "parfois élevées" chez Screlec (piles), Recylum (lampes) et Ecologic (équipements électriques).

Mais côté performances, les éco-organismes, mais aussi les fabricants, les collectivités et l'Etat, vont devoir évoluer pour atteindre les objectifs "ambitieux" fixés par les pouvoirs publics.

Pour les emballages ménagers et les déchets électriques et électroniques (petit et grand électroménager, ordinateurs, télévisions...) ou le textile, ces objectifs semblent hors d'atteinte, selon la Cour.

Pour les emballages, la filière la plus importante en volume, les quantités collectées et triées sont par exemple passées de 14 kg par personne et par an en 1992 à 50 kg en 2013 . Mais l'objectif de 75% de recyclage en 2016 apparaît "irréalisable", la Cour relevant toutefois qu'il avait été fixé "sans étude préalable approfondie".

Autres freins: la collecte hors circuit officiel (récupération "sauvage" d'objets mis au rebut) qui atteint 65% pour les équipements électriques ou électroniques et 63% pour les textiles. Ou encore le mélange du papier avec les emballages.

- Confusion dans les logos -

Les progrès marquant le pas, de nombreuses pistes d'amélioration, souvent déjà connues, sont suggérées par les "sages": "transparence des données et des coûts", rôle accru de l'Etat pour favoriser un recyclage à dimension industrielle et meilleure "information du consommateur".

Car sur le terrain, les usagers ne s'y retrouvent pas toujours. Les modes de collecte varient d'une ville à l'autre (porte à porte ou apport volontaire, papiers mélangés aux emballages ou pas, différents plastiques acceptés ou pas) et les couleurs des bacs ne sont pas harmonisées pour les mêmes catégories de déchets.

Autre source de confusion, les multiples logos apposés sur les produits dont le fameux Point Vert d'Eco-emballages qui ne signifie pas que le produit est recyclable mais que la fabricant s'est acquitté de sa contribution... Ou le Triman, un logo indiquant que le produit se recycle, mais moins répandu et moins connu.

Les erreurs de tri ont un coût estimé à 40 millions d'euros annuels pour la seule filière des emballages, relève la Cour, qui voudrait voir les industriels "apposer une consigne claire et harmonisée sur tous les objets et les emballages".

Autre piste: améliorer la transparence des coûts de collecte et de tri, très variables entre les collectivités et à l'origine de fréquents bras de fer entre Eco-emballages et certains élus. Eco-emballages délègue aux collectivités la collecte et le tri en échange d'une compensation.

Pour le papier, la Cour souligne qu'il est quatre fois moins coûteux de faire un tri à la source, c'est-à-dire non mélangé avec d'autres matières (bouteilles, canettes, etc.).

Enfin, elle estime les centres de tri trop nombreux et pas assez performants: il y en a 253 en France (un pour 250.000 habitants) mais seulement 80 en Allemagne (un pour un million d'habitants) dont les résultats sont pourtant beaucoup plus probants.

Des centres de tri plus grands, mais aussi plus modernes, sont donc nécessaires pour baisser les coûts, que ce soit pour les plastiques, le papier ou le textile.

Rédigé par () le Mercredi 10 Février 2016 à 05:38 | Lu 518 fois