Paris, France | AFP | lundi 21/09/2020 - Les députés ont entamé lundi après-midi dans l'hémicycle l'examen du projet de loi sur la recherche, que le gouvernement présente comme un "investissement inédit", mais que les syndicats rejettent, dans une rentrée universitaire polluée par le Covid-19.
Le texte examiné en première lecture à l'Assemblée est "d'abord et avant tout une loi de moyens, avec 25 milliards supplémentaires" sur dix ans, c'est "le plus grand mouvement d'investissements en faveur de la science depuis la fin des années 50", a insisté la ministre Frédérique Vidal, en ouverture des débats.
"Il s'agit de commencer un nouveau chapitre" et de "restaurer notre souveraineté scientifique", a-t-elle lancé, après avoir dressé un tableau très sombre de la situation actuelle: "nous pouvons parler d'une décennie perdue", "notre recherche étouffe" et "notre communauté scientifique se sent parfois abandonnée".
Maintes fois reporté, fruit de longs mois de discussions et d'auditions, le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) avait été mis sur les rails par l'ancien Premier ministre Edouard Philippe en février 2019.
Pour "réarmer" la recherche, le gouvernement propose de réinjecter 25 milliards d'euros par étape, en montant en charge: 400 millions en 2021, 800 millions en 2022, 1,2 milliard en 2023... Avec l'objectif, en 2030, d'un budget annuel de 20 milliards d'euros par an, soit 5 milliards de plus qu'actuellement.
Cela doit permettre au budget de la seule recherche publique d'atteindre 1% du PIB (3% avec la recherche privée), niveau auquel le pays s'était engagé il y a 20 ans. Une part importante vise à revaloriser les carrières des chercheurs pour les rendre plus attractives. Et plus de 5.000 emplois de chercheurs seront créés.
Mais pour les opposants au texte, c'est une "réforme en trompe l'oeil", puisque le gouvernement fait peser l'essentiel de l'effort sur les quinquennats suivants et ne peut "garantir" que 400 millions de plus l'an prochain, soit un effort supplémentaire moindre que celui consenti dans le budget 2020 (+500 M EUR).
Dans l'hémicycle, des groupes de gauche comptent d'ailleurs réclamer des dépenses beaucoup plus importantes dès les premières années, pour "provoquer un choc d'investissement", selon un amendement communiste.
Au sein de la majorité aussi, certaines voix plaident pour réduire à sept ans la programmation budgétaire, de 2021 à 2027, afin de "réaliser un effort plus important en 2021 et 2022".
Au-delà du budget, c'est la philosophie même du texte qui est décriée et sa mesure phare visant à distribuer les nouveaux financements principalement par appels à projets, en renflouant l'Agence nationale de la recherche (ANR) à hauteur d'un milliard d'euros.
"Très inquiète"
Pour les syndicats, cela se fera au détriment des financements pérennes, dits "de base". Et cela pousserait vers une recherche "compétitive et sélective", en nuisant à la liberté académique.
Mardi, devant le Palais Bourbon, environ 200 personnes se sont rassemblées derrière une pancarte "Stop LPPR Précarité - Facs Labos en Lutte" et des drapeaux CGT/NPA/SNESUP/PRCF.
"Je suis très inquiète pour le financement de la recherche et l'avenir des jeunes chercheurs", expliquait à l'AFP Alix Boulouis, 37 ans, enseignante et chercheuse en biologie à la Sorbonne. "Avec la LPPR on s'oriente vers des missions de projet de 3 à 5 ans. Or la qualité de la recherche n'est pas compatible avec une limite de temps", argumentait-elle.
Point majeur de crispation: la mise en place de voies de recrutements parallèles. Le texte prévoit des nouveaux "parcours de titularisation" à l'américaine ("tenure tracks"), pour accéder à une titularisation au bout de six ans maximum, ainsi que des "CDI de mission scientifique", censés remplacer les CDD à répétition, mais prenant fin avec le projet de recherche auquel ils sont associés.
Les opposants au texte craignent un système à "deux vitesses" et une "remise en cause des statuts", pour plus de "précarité".
Selon la rapporteure générale LREM Danièle Hérin, il s'agit toutefois "d'accélérer les carrières pour les jeunes docteurs" et "retenir les talents tentés par l'étranger", a-t-elle insisté à la tribune.
Depuis janvier, syndicats et collectifs du monde universitaire ont multiplié les actions et envoyé plusieurs milliers de personnes dans la rue début mars. Mais le confinement a porté un gros coup d'arrêt à cette mobilisation.
Le texte examiné en première lecture à l'Assemblée est "d'abord et avant tout une loi de moyens, avec 25 milliards supplémentaires" sur dix ans, c'est "le plus grand mouvement d'investissements en faveur de la science depuis la fin des années 50", a insisté la ministre Frédérique Vidal, en ouverture des débats.
"Il s'agit de commencer un nouveau chapitre" et de "restaurer notre souveraineté scientifique", a-t-elle lancé, après avoir dressé un tableau très sombre de la situation actuelle: "nous pouvons parler d'une décennie perdue", "notre recherche étouffe" et "notre communauté scientifique se sent parfois abandonnée".
Maintes fois reporté, fruit de longs mois de discussions et d'auditions, le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) avait été mis sur les rails par l'ancien Premier ministre Edouard Philippe en février 2019.
Pour "réarmer" la recherche, le gouvernement propose de réinjecter 25 milliards d'euros par étape, en montant en charge: 400 millions en 2021, 800 millions en 2022, 1,2 milliard en 2023... Avec l'objectif, en 2030, d'un budget annuel de 20 milliards d'euros par an, soit 5 milliards de plus qu'actuellement.
Cela doit permettre au budget de la seule recherche publique d'atteindre 1% du PIB (3% avec la recherche privée), niveau auquel le pays s'était engagé il y a 20 ans. Une part importante vise à revaloriser les carrières des chercheurs pour les rendre plus attractives. Et plus de 5.000 emplois de chercheurs seront créés.
Mais pour les opposants au texte, c'est une "réforme en trompe l'oeil", puisque le gouvernement fait peser l'essentiel de l'effort sur les quinquennats suivants et ne peut "garantir" que 400 millions de plus l'an prochain, soit un effort supplémentaire moindre que celui consenti dans le budget 2020 (+500 M EUR).
Dans l'hémicycle, des groupes de gauche comptent d'ailleurs réclamer des dépenses beaucoup plus importantes dès les premières années, pour "provoquer un choc d'investissement", selon un amendement communiste.
Au sein de la majorité aussi, certaines voix plaident pour réduire à sept ans la programmation budgétaire, de 2021 à 2027, afin de "réaliser un effort plus important en 2021 et 2022".
Au-delà du budget, c'est la philosophie même du texte qui est décriée et sa mesure phare visant à distribuer les nouveaux financements principalement par appels à projets, en renflouant l'Agence nationale de la recherche (ANR) à hauteur d'un milliard d'euros.
"Très inquiète"
Pour les syndicats, cela se fera au détriment des financements pérennes, dits "de base". Et cela pousserait vers une recherche "compétitive et sélective", en nuisant à la liberté académique.
Mardi, devant le Palais Bourbon, environ 200 personnes se sont rassemblées derrière une pancarte "Stop LPPR Précarité - Facs Labos en Lutte" et des drapeaux CGT/NPA/SNESUP/PRCF.
"Je suis très inquiète pour le financement de la recherche et l'avenir des jeunes chercheurs", expliquait à l'AFP Alix Boulouis, 37 ans, enseignante et chercheuse en biologie à la Sorbonne. "Avec la LPPR on s'oriente vers des missions de projet de 3 à 5 ans. Or la qualité de la recherche n'est pas compatible avec une limite de temps", argumentait-elle.
Point majeur de crispation: la mise en place de voies de recrutements parallèles. Le texte prévoit des nouveaux "parcours de titularisation" à l'américaine ("tenure tracks"), pour accéder à une titularisation au bout de six ans maximum, ainsi que des "CDI de mission scientifique", censés remplacer les CDD à répétition, mais prenant fin avec le projet de recherche auquel ils sont associés.
Les opposants au texte craignent un système à "deux vitesses" et une "remise en cause des statuts", pour plus de "précarité".
Selon la rapporteure générale LREM Danièle Hérin, il s'agit toutefois "d'accélérer les carrières pour les jeunes docteurs" et "retenir les talents tentés par l'étranger", a-t-elle insisté à la tribune.
Depuis janvier, syndicats et collectifs du monde universitaire ont multiplié les actions et envoyé plusieurs milliers de personnes dans la rue début mars. Mais le confinement a porté un gros coup d'arrêt à cette mobilisation.